Sérieux comme un pape

lazyjack

"Printemps des poètes" (Sujet : les gens qui ne rient jamais ne sont pas sérieux Alphonse Allais) (les tercets sont de 19 pieds (7/6/6) riment deux par deux en rimes intérieures

Alphonse était facétieux, galopin de comptoir, taquineur de première…

Il aimait par-dessus tout distiller sa malice, épater la galerie

Par des croustillances crues, fulgurances en saillies, pour des rires aux larmes.


Il aimait les délicieux frémissements de mâchoires, les souffles en prière

Pour redécouvrir le goût doux amer de réglisse, des subtiles moqueries,

Des ironies bienvenues déshabillant l'ennui qui tous, nous désarme…


Les désopilances légères achevaient ça et là, les doux récalcitrants

Qui se laissaient déjà faire, les blagues étaient exquises, les mots étaient légers,

Il tenait son auditoire, affamé de risées, de belles turlupinades…


Quand un pisse-vinaigre sévère tricota des fla-flas pour faire taire l'épatant,

Il sortit sa toute dernière et superbe sottise, laissant un naufragé

Balbutier une pauvre histoire, tissu de billevesées, ragoût de chiffonnades…


Les fâcheux, rabat-joie, n'ont pas l'humour limpide des conteurs de comptoir,

Ils ne goûtent guère la gaieté des travers quotidiens, reflets de nous-mêmes,

Tendre est la caricature, précieux est le trait plein, pas de demi-mesure,


Il va tellement de soi que l'on se débride sur notre triste foutoir

En suçant l'hilarité soufflée par l'ange gardien qui fait un « café-crème »

Envoie à la revoyure les mauvais plaisantins sans espoir de conclure…


Nous sommes tous de part et d'autre,

Les beaux miroirs d'Alphonse nous déstabilisent,

Si j'étais sérieux comme un pape, je me ferais du souci….

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