SFBSURDE
mr-scarecrow
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Le vrombissement d'un moteur attira le regard de l'homme derrière le comptoir avant que la vitrine ne vole en éclat. La voiture déboula dans la boulangerie et écrasa la mère qui attendait sa baguette pas trop cuite. L'officiant au magasin, pas ce cher Clément, mort la veille de la syphilis dans l'arrière boutique, s'évanouit quand il se trouva aspergé des entrailles de l'ex-cliente/mère de famille. Ce ne fut pas le cas de la ribambelle de gamines dans leur costume d'écolière qui entrèrent pour commander à son corps inanimé une dizaine de pains au chocolat. Heureusement que par là passait le pasteur qui devant la scène se signa avant que d'inviter les jeunes enfants à le suivre pour qu'il les éloigne de ce lieu de malheur. Lesquelles gamines avaient dû voir bien pire avec l'ouverture, via internet, sur les pires insanités que le monde recelait en son sein. Il savait avoir fait une bonne action quoi qu'il en fut. Et avoir empêcher à l'une de ses enfants de voir ce que le monde adulte pouvait offrir d'horreur était une misson pour lui, pour tout homme, qu'il fut de Dieu ou d'autre chef de secteur théologique. Cet holog' d'accident en présence d'enfants était tout de même sacrément dérangeant, plus que ne l'était pour lui là soudaine nécessité de porter une soutane. Il s'était précipité et avait tout juste eu le temps de désactiver le narra-droide avant qu'il n'ai eu le temps de trop parler. Les restes de la machine gisait sur le trottoir. Il laissa traîner son regard , qui se teinta d'un air blasé. Il appela une nouvelle fois le central pour qu'on vienne ramasser la machine. Quelques instants plus tard il entendit le hurlement des sirènes d'une brigade au loin. Sa mission accompli il repris le chemin de la boulangerie, ainsi que le cour de ses pensées... Même pour une mission d'intérêt publique à la poursuite des holoJunk dans un quartier populaire cela était dérangeant dans le sens qu'il était arrêté tout les 2 mètres par un laissé pour compte ou autre citoyen se demandant pourquoi la vie était si dure et leur chef si cruel. Comme si, lui, avait les réponses à ses questions. La vie était dure, basta. Il accompagna la dizaine d'écolières piaillantes, limite excitées par ce qu'elles avaient vu dans la boulangerie et les laissa à un divisionnaire qui faisait sa ronde dans le quartier, lui laissa un message pour le poste et fit marche arrière, remontant la rue jusqu'au lieu du crime.
Baissant la tête pour éviter l'arcade défoncée de la boulangerie, le pasteur glissa la main dans sa soutane, faisant se soulever le sourcil droit de l'officier jeunot déjà arrivé sur place. Comprenant qu'il avait du être assez près pour avoir entendu l'accident et accourir sur place, sa présence ne pouvait être dû à la rapidité des services policiers du central, il lui adressa un simple signe de tête et retira la main de la veste de son imper', nouvellement apparu et le désignant comme inspecteur en chef du secteur. Jeunot rengaina son sourcil et afficha un self-control tout scolaire. Le renvoyant d'un nouveau signe de tête, le sourire en coin, l'inspecteur sortit une loupe de nulle part et la pointa sur le comptoir, pressant le manche il activa la recherche scanner, mettant à jour des holo-traces, preuve de l'activité légèrement irradiée, résidu de présence d'hologs dans la pièce. A partir de là il allait pouvoir redessiner la scène et l'envoyer au bureau des théories, tandis qu'il suivrait lui même une trace plus physique, en tentant d'analyser les composants irradiés pour identifier la signature des comiques cinéastes et leur taper sur les doigts. Le prisme afficha un nom « Nasty Network », une signature connu des service du Central. Des hacker et des holo-Junk rétro-démocrate. Une sorte de partie rebelle de la population, même parmi les sphères « Nouvelle Bohème » de la ville. Il remit la loupe à sa ceinture et sortit de la boutique. Jetant un œil à l'enseigne il se dit que comme à l'habitude le proprio en serait quitte pour un nettoyage d'ondes avant que de pouvoir à nouveau exercer sa fonction. Ça parlerait quelque temps dans le quartier, comme à chaque fois qu'il se passait quelque chose d'un peu différent du quotidien, comme si ça les excitait... Sentant un sourire poindre il pensa se laisser aller, mais une tension à la base du front lui fit dresser la tête. On l'observait. Une paire d'yeux vert flottait en face de lui. Il trouva ça étrange et magnifique. Une bouche était apparue soudainement un peu plus bas. Elle souriait. Ou semblait sourire. Il contemplait un visage réel. Se rendant compte de l'impression qu'il devait donner il se secoua littéralement les puces. Quittant quelques instants l'apparition qui lui faisait perdre la tête. Une femme se tenait face à lui. L'air la fit tressaillir, elle fut déchirée en segments, momentanément transparente, et il vit au travers d'elle. Puis elle s'éloigna et s'effaça dans un mur, sous une enseigne « Compagne Virtuelle » - Ne passez plus jamais vos soirées seul. LA FEMME DE VOS RÊVES ! CHEZ VOUS !
La femme réapparut, un fondu lumineux sur la surface de brique lui servant de décor. Il ne la reconnaissait pas mais il n'eut pas de problèmes à penser qu'elle était en effet, une femme de rêve. Mais pas des siens. Il se détourna de l'annonce et enfonçant les mains dans ses poches il repartit. Évitant de peu les écolières, qui manquèrent le renverser au coin, frôlant sa soutane, lançant un « excusez nous mon père » avant que de disparaître dans un rire espiègle, suivies de près par l'officier. Le Pasteur sourit et disparut à son tour.
"Une paire d'yeux verts flottait en face de lui...une bouche était apparue soudainement un peu plus bas "
· Il y a presque 6 ans ·"elle fut divisée en segments, momentanément transparente..."
J'aime beaucoup, quel talent !!
Un texte original !
Louve
Ton texte me fait penser à une petite fiction policière que j'ai écrit, il y a assez longtemps : "La rivière" en 4 épisodes. Si tu veux la lire ! Mais naturellement ça n'a rien à voir avec la tienne, si talentueuse. Petite histoire que j'ai aimé, malgré tout, relire.
· Il y a presque 6 ans ·Louve
Tu me fais un plaisir immense. Dur de rester humble devant ces compliments. Je lirai "La rivière" avec plaisir.
· Il y a presque 6 ans ·Pour ce qui est de ma fiction, elle est né d'un désir d'écrire sans trop revenir dessus, en lachant la bride à mon imagination. Les possibilités pour la suite sont innombrable^^. J'aime ce genre d'univers fou, au bord de la breche un peu comme l'univers de "L'incal" de Moebius et Jodorowsky.
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