Siempre serás tú

  J'ai pensé à toi, aujourd'hui. Comme hier et avant-hier, comme il y a trois mois, comme dans trois ans. J'ai eu la malchance de tomber sur ton profil facebook. Tiens donc, toi qui détestait ça. Ta gueule d'ange sur un réseau social. A la vue de toutes.

  Tu veux savoir ce que ça m'a fait, quand on est venu me dire "Eh, tu sais quoi? Juju, il s'est mis à facebook" ? J'ai cru rêver. Je me suis dit que c'était impossible. Et je me suis trompée. T'apparais, avec ta putain de blondeur, tes putains de cheveux dont j'étais trop accro. Ta gueule d'ange toujours aussi belle, ta planche de surf à la main.

   Rappelle-toi, qui est-ce qui t'as dit, un jour "On dirait trop que tu sors tout droit des mannequins Hollister, le genre de mec qui surfe en Australie, qui voyage en Californie. Le genre de mec qui fait tomber les filles" ? C'est moi. Et si tu n'as pas fait tomber les filles, tu m'as fait chavirer, moi.

  Quatre pages écrites noir sur blanc qui t'étaient destinées. Dis-moi, tu les as gardées celles-là, ou t'as tout simplement décidé que non, en fait, tu ne peux pas tenir ta promesse de garder ça toute ta vie, caché, au fond d'un tiroir? T'es toujours le type bien et parfait que j'ai vu en toi, ou t'es devenu comme la plupart des autres, un connard?

  Alors j'étais sur mon ordinateur, l'électrochoc m'a touché de plein fouet. En plein dans le cœur. Tu sais, je suis la fille qui a décidé de te destiner un sujet de Bac blanc, où j'ai répondu à la question "Qui est ton héros?", par toi? La fille qui t'a défendu quand, parce que tu portais des chaussures roses, tout le monde pensait que tu étais gay? Pauvre petit monde immature, dira-t-on!

  Je suis la fille qui a participé à un bal de carnaval juste pour te voir, tu t'en souviens? La fille qui avait enfilé sa plus belle robe de carnaval, son masque, la fille qui a mis des talons, qui a frisé ses cheveux, et qui a fait tout ça juste pour passer trois petites secondes avec toi, dans une interminable soirée? Je me souviens encore, ton frère était là. "Wow", c'est tout ce qu'il a trouvé à dire. Toi t'as fait semblant de rien, un "bonjour", un "bonne soirée, amuse-toi bien" et un putain de sourire à me faire attraper des sueurs. Tu te souviens de la façon dont je t'ai dit au revoir? Un regard. Les yeux dans les yeux. Ça suffisait.  Sauf que j'ai regretté parce que j'en voulais plus. Je voulais un contact, beaucoup plus physique. Et en trente secondes de temps, t'avais disparu.

  Tu te souviens la fois où je t'ai demandé pour qu'on puisse avoir un moment, rien qu'à deux, et que tu t'es habillé tellement bien que je me suis dit que t'en avais pas rien à faire de moi? Que j'ai regretté d'avoir enfilé des baskets? Tu te souviens de ces cinquante minutes de pur bonheur? Et de la fin surtout? De Lucas qui te dit "Mais qu'est-ce que t'attends, vas-y, rattrape-la, je sais que tu en meurs d'envie", et de toi qui reste passif?

  Je me souviens de tous ces jeudis, où je rentrais chez moi, prise d'une rage incontrôlable, parce que je ne t'avais pas vu, parce que tu n'avais pas pu mettre un rayon de soleil sur ma journée, parce que cette fille te collait un peu trop à mon goût. Je me souviens de ces fois, où on arrivait fâché le matin, qu'on se regardait pour savoir qui irait dire bonjour à l'autre en premier. Et où juste ton sourire et tes yeux bleus couleur cyan me donnaient envie de te sauter dans les bras, et de te dire que je ne pouvais plus me passer de toi.

  Moi je me souviens de tout, dans les moindres détails. Je me souviens de ton dernier message, "Promets-moi d'être heureuse." Tu veux savoir? J'aurais été vraiment heureuse de t'avoir encore dans ma vie, même en tant qu'ami. Parce que tu valais tout. Parce que tu étais, et tu es toujours, j'en suis sûre, quelqu'un d'exceptionnel. Le genre de personne que l'on rencontre une fois dans une vie.

  J'ai toujours cru que la vie nous remettrait sur le même chemin. La balle est désormais dans ton camp. Cliquer sur ajouter. Et tout recommencer.