Sink or swim

clouds6

Tes mots sont maladroits, froids, lointains. Je les lis puis les oublie. Presque aussitôt. Mais tes mots me manquent. Je profite de ce jour pour en parler. Mais je sais que je le regretterai. C'est tellement facile de jouer les durs, de te rabaisser, de me moquer. C'est même trop facile. Cela me renforce dans mon idée, lorsque je me persuade que tu es plus faible que moi. Finalement c'est pas le cas. Toi, tu as pris tes couilles à deux mains, et t'es partie. Même si tu as fuis, tu as fais ce que tu souhaitais. Sans te soucier des conséquences. Et ça, ce n'est pas donné à tout le monde. Maintenant, les gens ont trop peur. Dans le monde d'aujourd'hui, c'est ainsi que cela se passe. On rêvasse à des choses plus ou moins irréalisables, en s'ancrant dans l'esprit que, quels que soient nos rêves et nos envies, ils ne verront jamais le jour. C'est facile de dire que tu es faible. De me servir de ton départ pour me montrer plus forte, plus caractérielle. Une fois de plus, ce n'est qu'une triste illusion. Aujourd'hui, je reviens des années en arrière. Flash back. Tu es présente. Rayonnante. Tu te tiens debout, et tu me souris. J'ai du mal à me représenter les détails au début. Tout est flou. Puis les images se figent, et je perçois enfin tes mains. Si fines, si douces. Je perçois tes yeux marrons. Tes cheveux. Ton corps si maigre, si fragile. Je te vois toi. Mais je suis incapable de sourire. Tout simplement car je sais que tu n'es plus qu'un fantôme du passé, qui me hante, qui me hante... Parfois j'aimerais inverser les rôles. Ressentir ce que ton minuscule cœur peut contenir. De l'amertume ? De la lassitude ? De la solitude ? Sans nul doute. Je voudrais entrer dans ton cerveau. Te posséder. T'observer de fond en comble. De l'intérieur. De cette façon, je comprendrais sûrement. Je préfère me bercer d'images fantasques, plutôt que réalistes. La vérité est que si tu étais devant moi, je n'ai aucune idée de comment je réagirais. La vérité, c'est que je suis tiraillée entre deux forces incroyablement contradictoires. Une larme coule. Seulement une. Une larme en la mémoire de celle que tu as été. Cette personne qui manque à ma vie. Mais la femme que tu es devenue m'est belle et bien étrangère. Je ne sais pas qui tu es. Je croyais le savoir, mais comme chacun le sait, rien n'est jamais vraiment acquis. Pourtant je le croyais vraiment. Désormais tu n'es plus qu'une inconnue. La réalité est toujours aussi violente. Ta silhouette s'éloigne et s'efface au loin. J'ai beau tendre les mains, tu t'évapore, petite fumée légère, dansant avec le vent. Je ne te reverrai plus. J'ai souffert de ton choix, tu souffrira du mien. Je crois que même si je le voulais, au final, je ne pourrais revenir vers toi. Ton départ était définitif. Dans certains cas, peut-être que la situation évolue et finit par être meilleure. Mais ici tout est anormal, différent. Je n'ai jamais été rancunière. Toujours la petite fille trop gentille, qui se laisse marcher dessus. Trop introvertie, trop réservée, trop quelque chose. Mais tu es celle en qui j'avais le plus confiance. Celle sur qui j'avais tout misée. Et le monde s'est renversé. Il a changé du tout au tout. La gamine de onze ans, folle et insouciante, commence à comprendre que pour avancer, c'est seulement avec un bon gun dans une main, et une machette dans l'autre. C'est peut-être une bonne chose finalement. Après tous les stades par lesquels je suis passée, j'arrive au terme du voyage. J'ai appris sur moi-même, et surtout sur les autres. T'es l'exemple parfait qui prouve que personne ne mérite notre confiance. Personne. Surtout pas quelqu'un qui nous est proche. Chaque personne susceptible de nous faire tomber est un ennemi numéro un. La vie est une map d'un gros game bien gore. Où le mot d'ordre est "marche ou crève". Et tu sais quoi ? J'ai choisi de marcher.

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