Six feet under the world

eden-paragallo

Sybille était enterrée six pieds sous terre sans aucun souvenir de comment elle s'y était retrouvée. Une substance graineuse et désagréable tombait sur son visage poussiéreux et fatigué.
Elle ignorait depuis combien de temps elle était engouffrée dans cette boîte en bois mais elle commençait à ressentir un certain malaise dû à l'étroitesse de sa cage. L'oxygène allait bientôt manquer.
" Combien de temps vais- je encore tenir?" se demanda -t-elle avec une once d'espoir en son for intérieur.

Elle pouvait sentir le goût du sang sur ses lèvres. Cette saveur, à la fois amère et sucrée, presque indescriptible, coulait sur sa langue asséchée.
Sa tête résonnait comme le tic- tac d'une pendule tellement les battements de son cœur étaient intenses.
Son corps l'abandonnait peu à peu. Il ne fallait plus compter que sur sa force surnaturelle à présent. En grattant la planche du dessus avec ses griffes, elle aurait probablement une chance de s'en sortir vivante. Mais cette chance était infime, peut-être même inexistante.
La jeune femme ne faisait place à sa véritable nature que lorsqu'elle y était contrainte.
" Mais je n'ai plus vraiment le choix." se dit- elle.
" C'est la métamorphose ou la mort."
C'est alors que la bête en elle sortit ses griffes et se mît à gratter, à gratter, encore et encore.
Un creux se forma entre deux lattes de la planche pourrie. Il s'agrandissait de plus en plus, laissant ainsi glisser la terre qui recouvrait la boîte à cadavre.
Le fauve était déterminé à sortir de ce guêpier, quoiqu'il lui en coûte. Il raclait avec plus de frénésie. Ses yeux s'enflammèrent peu à peu. Le grognement dans sa gorge ne demandait qu'à s'en échapper.
Sybille s'arrêta un instant, songeuse. Si elle avait suffisamment de force pour gratter sa prison souterraine ...
" Pourquoi ne pas ...?"

Un poing aux griffes acérées traversa le couvercle de son sarcophage bon marché. Toute la terre s'infiltra à l'intérieur et sur le corps de la jeune fille qui se libérait tant bien que mal vers la surface.
Son corps transpirant et poussiéreux était enfin libre.
Elle resta un moment assise sur le sol boueux un moment, le temps pour elle de reprendre ses esprits et ses repères.

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