Smiling Johnny

elan0re

Une petite histoire délibérément inspirée de la célèbre creepypasta Jeff the Killer. Le dessin est fait par moi. Le narrateur s'appelle Jack, il est âgé d'une trentaine d'années.

Extrait d'un journal sur le net :


Le tueur au sourire court toujours..

Samedi soir, dans le petit village de Beaumont, dans le Gers, un nouveau corps a été découvert par un groupe d'amis qui sortaient d'une soirée.

"Nous étions en train de rentrer, et dans une ruelle sombre, j'ai cru voir quelque chose. On avait un peu trop bu, et mes amis ont pensé que je m'imaginais des trucs. Je suis quand même allé voir, et.. c'est là que je l'ai vu, ce corps.." Nous raconte la personne qui a découvert le cadavre, encore sous le choc.

En effet, il y a de quoi faire des cauchemars. Comme les précédentes victimes, le jeune homme qui a été découvert est mort d'un coup de poignard, les yeux et la bouche cousus, et un visage démoniaque avec un grand sourire a été gravé sur son torse.

Serait-ce l'oeuvre de Satan en personne ?


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Je connais John depuis toujours. Nous étions amis depuis la petite classe, jusqu'au lycée. Nous nous étions disputé à cause d'une fille, je sais, c'est idiot. Mais nous l'aimions, tous les deux. Ce qu'elle était jolie, Anna, avec ses cheveux blonds comme les blés, et ses yeux bleus comme le ciel. Elle l'a choisi. Ça m'a anéanti, et j'ai déménagé. Ça fait 5 ans. Et je n'ai plus donné ni reçu de nouvelles.


Jusqu'à ce jour, où j'ai reçu un appel. C'était Anna, j'ignorais comment elle avait eu mon numéro. Elle me demandait de la rejoindre à Beaumont, village de notre enfance. Le plus vite possible, qu'elle disait. Alors je n'ai pas hésité un instant, et je suis parti.


Anna m'a donné rendez-vous dans un petit café de Beaumont que nous fréquentions souvent, rien n'a changé. Les tables et les chaises de bois vert, le vieux baby foot aux joueurs décolorés, et même le gérant du café avec sa barbe, bien qu'un peu plus blanche qu'avant. Elle est arrivée un peu en retard, elle s'est excusée. Elle était vraiment désolée. Sa voix tremblait, elle avait l'air épuisée, et tellement triste. Elle n'a pas tourné autour du pot, elle est immédiatement rentrée dans le vif du sujet. John, avec qui elle s'était mariée il y a 2 ans, était atteint d'une tumeur au cerveau. Il allait se faire opérer, dans quelques heures à peine. Elle avait peur, peur qu'il meurt sur la table d'opération. Ils n'avaient que peu d'amis, et elle avait besoin de soutien, c'est pour ça qu'elle m'avait appelé, moi l'ami d'il y a 5 ans. J'étais touché qu'elle ait pensé à moi. Mais aussi profondément désolé pour John, pour sa maladie.


Cela faisait maintenant trois jours que John était sorti de l'hôpital. L'opération s'était plutôt bien déroulée, il était vivant et ils avaient pu retirer sa tumeur. Mais ils avaient touché le nerf facial. Le côté droit de son visage était paralysé. Il avait beau dire que ce n'était pas grave, Anna et moi savions que ça l'embêtait, qu'il était triste, mais il ne voulait pas l'avouer.


Un soir, John a pleuré. Nous étions à table, et il s'est mis à pleurer, tout d'un coup. Anna et moi lui avons demandé ce qu'il avait, et il nous a répondu entre deux sanglots qu'il ne supportait plus d'être comme ça. Voyant que nous ne comprenions pas, il a souri, un demi-sourire puisque ses muscles ne répondaient plus du côté droit. "Vous voyez, je ne peux même plus sourire." nous a-t-il dit avant de se lever et de sortir, claquant la porte derrière lui. Anna et moi nous sommes regardés, sceptiques, et avons décidé de ne pas le suivre. Il voulait sans doute rester seul un moment.


Le lendemain, il n'était pas rentré. Le sur-lendemain non plus. Nous étions inquiets, nous l'avons cherché dans tout le village, sans succès.


Il est rentré au bout d'une semaine, il s'est excusé. Il nous a dit qu'il avait besoin de réfléchir, mais que maintenant il allait mieux, que tout allait redevenir comme avant. Anna avait l'air si heureuse, je n'ai pas osé lui dire que j'avais trouvé John bizarre. J'avais la certitude que quelque chose avait changé en lui, son regard me faisait froid dans le dos, sans raison.


C'est à ce moment que les meurtres ont commencé. Au début, c'était juste des coups de poignards, des meurtres banals si on peut dire ça. Mais un soir, le cadavre a été retrouvé la bouche et les yeux cousus. Et sur son ventre, un visage gravé au couteau. Un visage qui souriait. Tous les habitants du village étaient effrayés, les plus anciens parlaient d'une malédiction, voire même du diable. Pourquoi je n'ai rien dit ? Je savais, au fond de moi je savais que c'était John. Peut être que c'était à cause d'Anna, je n'avais pas voulu la perdre. Aucun doute, si je lui avait dit, elle ne m'aurait pas cru, elle m'aurait chassé, j'aurais retrouvé ma vie ordinaire, seul dans mon petit appartement parisien. Je ne voulais pas.


Mais j'aurais dû. Parce que finalement, je l'ai perdue quand même. C'était un soir, à table. Nous mangions tous les trois, en silence. Un silence pesant. Au bout d'un moment, John a regardé Anna dans les yeux, et il a simplement dit : "Ce soir, je sourirai, pour toujours." Il s'est ensuite levé, et est allé jusqu'à la salle de bain. J'ai lancé un coup d'œil à Anna, j'avais peur, et elle aussi. Au bout d'un instant, John a hurlé. Nous sommes entrés dans la salle de bain, Anna a failli s'évanouir. John, qui s'était mis à rire, d'un rire sombre et incontrôlable, tenait dans sa main un couteau ensanglanté. Un couteau qui lui avait servi à s'entailler la commissure des lèvres pour tracer sur son visage un sourire terrifiant (d'après mes recherches, ça s'appelle le sourire de l'ange). John a regardé Anna, une lueur folle dans le regard, et lui a demandé : "Aimes-tu mon nouveau sourire ?" Voyant qu'il délirait, celle-ci lui a assuré que oui, puis elle m'a discrètement demandé d'appeler la police. Je suis allé à la cuisine, j'ai composé le numéro, et Anna a hurlé. J'ai lâché le téléphone. La dernière chose que j'ai entendu a été une voix démoniaque, celle de John, méconnaissable. "Tu as menti ! Tu as menti à Johnny." qu'il disait. Je suis parti. J'ai honte, mais je suis parti. J'ai pris ma voiture, et je suis rentré chez moi, dans mon petit appartement parisien, seul. J'ai retrouvé ma vie ordinaire, et j'ai enfoui tout ça au plus profond de moi.


Ça s'est passé il y a un an. Et aujourd'hui, je suis tombé par hasard sur ce journal, sur internet. Je m'en suis voulu d'avoir gardé tout ça pour moi. C'est pour ça qu'aujourd'hui, je vous préviens, vous tous qui me lisez. Si un soir quelqu'un vous demande si vous aimez son sourire, surtout ne lui répondez pas. Fuyez. Fuyez sans regarder derrière vous et peut-être que Smiling Johnny vous épargnera.



J'ai bien dit, peut-être..

  • J'aime beaucoup ce texte, la fin fait vraiment "histoire vécue"!
    Bravo, ton texte est superbement terrifiant.

    · Il y a presque 10 ans ·
     fa4b4505d65e21f847b1c2b8097e24b0da43df96d1a52c2083 pimgpsh fullsize distr

    oriana

    • Merci ! C'est l'effet que je voulais donner, je suis contente que ça ait marché.

      · Il y a presque 10 ans ·
      Hjbbbbbbbbbbbbbb

      elan0re

  • C'est génial ! J'ai littéralement adoré ! Super !
    L'ambiance est très réussie, j'ai sursauté quand ma mère est rentrée ! ^^ ah, si je pouvais écrire comme ça, moi aussi...

    · Il y a presque 10 ans ·
    Tumblr n8o58mrakn1s2i1yqo3 250

    maelle

    • Merci ! Ca me fait vraiment plaisir, merci c'est trop gentil ♥

      · Il y a presque 10 ans ·
      Hjbbbbbbbbbbbbbb

      elan0re

    • De rien !

      · Il y a presque 10 ans ·
      Tumblr n8o58mrakn1s2i1yqo3 250

      maelle

  • Magnifique. Absolument brillant ! Bravo pour cette nouvelle réussie, j'aime beaucoup ta plume :)

    · Il y a presque 10 ans ·
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    hortensiane

    • Merci beaucoup ! C'est trop gentil, ça me touche, vraiment. ^^

      · Il y a presque 10 ans ·
      Hjbbbbbbbbbbbbbb

      elan0re

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