SNOW

Du feu sous la glace...

Mais dès le lendemain, ce fut la douche froide. 
Il n'était plus là, il était parti. Comme ça, sans préavis, sans préambule. Évaporé. 

Je passais la journée d'une humeur massacrante. Les jours qui suivirent étaient aussi maussades que mon humeur. Il n'était plus là... et je me sentais vide. Sa voix chaude et grave me manquait, pour le peu que je l'avais entendue. J'aimais son accent même si je ne comprenais qu'un mot sur deux.
Cette réflexion me fit sourire intérieurement. Monsieur pas plus de deux mots et moi qui n'en comprenait qu'un sur deux.
Je devais me résoudre à l'admettre. Il me manquait alors que je ne le connaissais pas, qu'on ne se parlait pas et qu'il m'exaspérait. Mais son dernier regard me hantait.

La semaine s'écoulait comme ça, entre le travail et mes pensées toujours centrées sur lui. Au point d'en négliger ma messagerie.
Terrible erreur !!! Car depuis tout ce temps m'attendait un mail de sa part. Il contenait son adresse de messagerie instantanée avec un message aussi énigmatique que lui : " Dans la Belle et la Bête, la vraie histoire, la rose finit par faner tu sais... Libre à toi de t'en servir" Snow.

Mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine. Il avait prit l'initiative de me laisser de quoi correspondre avec lui. 
Ce que je fis aussitôt.
- Ici la Belle. La bête est-elle là ?
- Elle l'est.
- Pourquoi t'es parti aussi précipitamment ?
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
Pff sale con
...
- Raisons familiales
- Rien de grave j'espère. T'es plus prolixe par écrans interposés dis donc ^^
Puis plus de réponse. Avais-je envoyé le message spontané de trop ?

Finalement nous avions pris l'habitude de nous écrire. D'abord quelques fois la semaine puis tous les jours.
Je découvrais une personne sensible et dévouée, honnête et timide.
Lui me trouvait très drôle et pas pimbêche comme il l'avait faussement supposé. 

Je passais mes journées et même mes soirées à guetter le bip de ma messagerie pour être avec lui virtuellement. Et je regrettais n'avoir pas saisi cette chance avant quand il était là physiquement. J'en étais amoureuse. Il était mon évidence. Ce phénomène qui ne s'explique pas. Et je ne parvenais toujours pas à oublier son regard enflammé. Je devais trouver le courage de lui en parler.
Alors fidèle à moi-même j'y allais franco.
- Tu penses revenir ? Il y a quelque chose que nous n'avons pas terminé...
- J'en ai aucune idée pour le moment. Qu'est-ce que nous n'avons pas fini ?
- Nous... Arrête de faire semblant. Tu le voyais que je te dévorais des yeux et que j'avais envie de toi.
- Quoi ?!!!! Nous ? mdr
- Tu as très bien lu et je pense que toi aussi.
- Arrête ça s'il te plaît !!!!!!!
- Ok !
Je claquais brutalement l'écran de mon pc sur le clavier. J'étais furieuse après lui et encore plus après moi.
Je désactivais mes notifications de messagerie, bien décidée à ne plus lui écrire ou même être tentée de le faire. 
Ce ne fut pas difficile puisqu'il ne m'écrivit plus non plus. On était entré dans la guerre des nerfs. Lequel de nous deux craquerait le premier ?
Je ne pouvais m'empêcher de vérifier ma messagerie tous les jours au cas où. 
La bête était redevenue Snow, aussi glacé que la neige.

Le temps passait et je parvenais petit à petit à laisser de la place autour de moi, à moins m'enfermer et à l'oublier.

L'été arriva très vite. Un été chaud. Plus chaud qu'habituellement dans ma région. 
J'avais la chance de n'avoir aucun voisin, aussi je prenais la liberté de mettre des tenues légères, m'aidant à supporter cette chaleur suffocante, toujours un maillot sur moi, prête pour une baignade.

Un samedi, la sonnette de ma maison retentit. Je n'attendais aucune visite, je n'étais pas en tenue décente pour répondre, aussi fis-je semblant d'être absente.
Ma messagerie que j'avais depuis réactivé émit un bip. Je la consultais et lu avec stupeur : 
- Ici la bête. Je viens de me farcir 1500 bornes alors ouvre moi ta putain de porte !

C'était lui. Il était venu et chez moi de surcroît.

J'ouvris la porte et je ne sus plus quoi dire. Complètement muette.