SNOW

Aurelie Blondel

Partie 7

"C'est la grosse merde !! Me voilà avec deux super amants."

Je repris le chemin jusque chez moi, avec ce goût d'inachevé.
Il se tenait là, dans ma cour. Il m'avait devancé. 
Je passais devant lui et aperçus ses yeux rougis de larmes.
Il avait pleuré mais cela ne m'attendris pas outre mesure. 
Je rentrais chez moi, l'ignorant et fermais doucement la porte derrière moi. J'avais conscience de le laisser là dehors, malgré mon envie de lui toujours trop présente.  Mais cette fois, c'est moi qui décidais. 
Je me couchais directement et mes nerfs avec. Je craquais enfin, pleurant à chaudes larmes toute cette merde sentimentale. 
Je réalisais que je n'avais jamais été aimé, que je n'avais jamais eu le sentiment d'être aimée toute entière.
Je ne devais probablement pas être de celles qui inspirent tendresse et douceur. J'enviais ces femmes là. Je m'imaginais à quel point il devait être bon d'être l'une de ces femmes que l'on chérit plus que tout. J'avais espéré ça toute ma vie finalement.

Les tambourinements effrénés contre ma porte me sortirent de mes pensées moroses. Je le savais qu'il ne s'avouerait pas vaincu comme cela. Il n'était pas le genre d'homme à se laisser refouler sans obtenir satisfaction. 
Je me levais, lasse, prête à lui donner ce qu'il attendait et ce que je désirais aussi. 
Sauf que c'était mon régulier qui se tenait face à moi. Je scrutais la cour et ses pourtours... Pas de Snow en vue. Tant mieux.
Tant pis...
Il semblait furieux. Aurait-il vu ce qu'il s'était passé quelques temps plus tôt ? Cette perspective me laissa de marbre. Je m'en fichais. Je n'espérais pas qu'il soit là. Triste constat.

Je le laissais entrer. Il avait des choses à me dire. Je n'étais plus à ça près ce soir là. 
Il s'apprêtait à me parler quand il posa son beau regard sur mon visage et s'adoucit aussitôt. 
Il voyait mon désarroi et ne s'en fichait pas, LUI. Il me respectait. Incroyablement beau et gentil...
Il m'expliqua tout en me caressant les mains qu'il ne supportait plus d'être relégué au simple statut d'amant ou de plan cul régulier. Il en voulait plus. Il voulait une vraie relation.

Si je n'avais pas été aussi lasse, j'aurai pu partir en fou rire. 
Ironie du sort... Le soir même où je libérais toute ma tristesse et mes stupides illusions, que mon vœu fleur bleue se réalisait. Mais ce n'était pas le génie de ma lampe magique qui l'avait exhaussé de toute évidence. 
Alors je lui souris tendrement, feignant un bonheur triste d'avoir attendu cet instant si longtemps, le pris par la main et le conduisis jusqu'à ma chambre.
Nous passions une nuit torride. Je lui faisais l'amour à n'en plus pouvoir, consumée du désir que j'avais pour Snow. 
Heureusement que lire dans les pensées n'existe pas, me disais-je. 
Je savais que je me comportais de la même façon que j'avais subi et qui m'avait tant fait souffrir jusque là.  Mais je continuais à prendre ce plaisir à le rendre fou, jouant de ma bouche, de ma langue partout sur lui, le chevauchant, lui susurrant des mots salaces au creux de l'oreille, l'excitant un peu plus à chaque gémissement et baiser passionné. Je prenais tout mon temps et usais toute ma salive à lui offrir la plus longue fellation de toute sa vie. Il jouit très bruyamment cette nuit là. 
Il se sentait flatté d'être dans mon lit, un sourire béat aux lèvres, à mille lieux de savoir que dans ma tête, c'était Snow que je baisais, son corps que j'imaginais, ses mains, ses fesses, son sexe, sa bouche et même sa voix. Il me suffisait de fermer les yeux et revivre notre semaine à l'hôtel. 
Il me confia que s'il avait su que venir dans mon lit m'excitait et me déchaînait autant, il aurait bravé mon interdit bien plus tôt.

Je ne savais pas combien de temps j'arriverais à donner le change avant qu'il ne s'aperçoive de la supercherie de mes sentiments et de ma fougue qu'il découvrait seulement mais qui ne lui était pas destiné. Je ne savais pas combien de temps je tiendrai dans ma lâcheté à le laisser y croire. 
Mais il m'aimait. Je me sentais aimée. Et cela ne m'apportait rien de ce que j'avais fantasmé si fort. 
Il m'aimait et je ressentais simplement énormément d'affection pour lui.
Avant, j'étais celle qui aimait mais qu'on appréciait. La roue avait tourné.

Alors je finissais par me dire que cette histoire pourrait bien fonctionner après tout. La vénalité des sentiments... Avec  un soupçon de culpabilité. Il me suffisait juste de fermer les yeux sur cet homme si beau et visualiser Snow... Que je comptais d'ailleurs bien revoir. 

Je le chauffais une dernière fois pour apaiser juste encore un peu ce feu de neige qui me consumait tant, égoïstement, faisant fi de sa fatigue, puis je m'endormis dans ses bras. 


Aurélie.

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