Soirée à Prague
dread
Recalés. Sapés comme des ploucs et pas lavés, rien d’étonnant, et de mon côté j’ai l’habitude et m’en moque. JL était plutôt dépité. Il s’est avéré que nous avions simplement mal compris, et à la 2e tentative, sommes entrés, sales et inélégants, dans le biggest club of central Europe. Cinq étages, un ice-bar, des écrans tactiles, de la réalité augmentée et des videurs avec des mignonnes petites croix gammées tatouées entre le pouce et l’index. Je pressens que la soirée va me coûter cher en bières, malgré le prix ridiculement bas de la pinte. La curiosité de JL s’emballe. Nous visitons tous les niveaux et leurs différentes thématiques, Oldies – Dance – HipHop – RadioHits, pour constater qu’à tous les étages les Sexy Bitch ont leurs Bikinis on top. Parfait. Première pinte/cigarette (oui, on peut fumer à l’intérieur) et JL, jus de poire en main, observe le dancefloor avidement, tandis que j’adopte un regard plus anthropologique.
Une voix à l’accent familier agresse mon tympan.
- Do you speakeu french ?
- Ouais mec.
Un toulousain raide. Bon.
Il est à Prague avec 12 de ses potes, une putain d’équipe de rugby à XIII.
Merveilleux.
Se frottant le nez d’un doigt horizontal, il me demande si je n’ai pas vu la machine. Réponse négative de ma part et il continue en gueulant qu’ils viennent juste d’arriver, est-ce qu’il y a moyen de piner ou bien ?
Illustration, les bras le long du corps, poings serrés, coups de reins successifs. Champion de mime.
Je reprends une pinte, puis focalise mon attention sur la sculpture du surfer d’argent crucifié dominant la salle et dont les yeux rouges dardent des lasers…
JL discute avec le toulousain qui fume une de mes clopes ; nous le suivons à l’étage inférieur où se trouvent ses collègueus. Nous sommes présentés et me voilà immédiatement contraint de répéter à tous ces rugbymen que non, j’ai pas de coke, et non, j’sais pas où en trouver.
3e pinte/cigarette.
Une jeune fille me regarde, fait sa biche, s’approche, quand soudainement le toulousain, à l’affût depuis quelques minutes, se précipite sur elle et entreprend de lui baver des roucoulades dans le cou, m’épargnant ainsi une potentielle discussion en trois langues qui m’aurait bien plus soûlé que les bières à 1€30.
Mal à l’aise à la vue des ces compatriotes trentenaires à petites têtes et gros bras draguant avec insistance des tchèques à peine pubères, je décide de monter et descendre les escaliers du club, ma pivo presque vide à la main. La cage d’escalier n’est éclairée qu’à la lumière noire, et je peux voir le réseau veineux de mes converse. Le temps commence à passer plus vite, quand, à la fin de ma troisième session de 5 étages – ayant entre deux niveaux pris le temps de reboire une pinte – je m’arrête, un peu hagard mais définitivement amical, au bar du dernier niveau.
Everybody is shuffling, difficilement car le sol est collant de bière.
5e pinte. Cigarette. Le pied d’un Allemand s’accroche à une marche et sa main va se planter allègrement dans un morceau de verre brisé qui l’attendait sur le palier. Il me semble alors judicieux de commander un Ricard, en offrande aux dieux cruels et blagueurs des boîtes de nuit.
On me le sert. 10cl au fond d’un tumbler. J’explique que ça se drink with water. On m’en fournit. JL a disparu depuis longtemps ; je pars, me sentant jovial et méditerranéen, à sa recherche.
Dans la salle RNB je retrouve, dansant suggestivement autour d’une fille pas intéressée, le toulousain. Pacifique et chauvin maintenant que l’alcool fait effet, je lui offre une goulée de Ricard dont je suis remercié en étant attrapé virilement par les oreilles et embrassé sur la bouche.
Ça c’est fait, et je ne pourrais donc pas dire que les boîtes de Prague sont différentes des autres. Toujours un connard pour vouloir me rouler une pelle. Passons.
Un étage plus bas, j’aperçois JL dansant le Madison sur un parterre de carrés lumineux. Il me crie qu’il y a trop de mecs et que les filles sont trop jeunes ; il n’a pas l’habitude. Nous partons.
Sur le chemin de l’hôtel, le Chapeau Rouge, bar rock où la veille j’ai pris une bière et lui une Pina Colada sans rhum. Sympa mais un peu désert. Il veut aller voir si l’ambiance y est meilleure ce soir. 2e Ricard pour moi et Pina Colada sans rhum pour JL qui a trouvé ça très bon.
Au 2e sous-sol, set live de Dubstep. JL déconcerté, essaye de réaliser que c’est vraiment de la musique pendant que je rentre en transe, renverse la moitié de mon verre en criant pwouin pouin pouin pouinnnnnn, plié en deux, suant, et laissant la clope dans ma main droite se consumer toute seule.
Je me lasse quelques minutes plus tard et rejoint JL déjà dehors. Direction l’hôtel, toujours sous la pluie et sur les pavés qui me paraissent bien plus glissants et sournois que 4 heures heures plus tôt. Nous ralentissons devant un autre bar, le M°, dans lequel Dr DRE chante qu’il est toujours lui-même ; l’audience y est très différente qu’au Chapeau Rouge. JL entre pour aller faire quelques pas de HipHop sur la piste bondée. J’attends dehors.
Un type africain s’approche, me tend une carte que je ne prends pas.
- Come on boy, show room !
- No thanks.
- What, you don’t like women ?
- Yes I do.
- Come ooooon, good dance show, happy ending.
- Thanks, but no. I hate those.
aie
· Il y a environ 12 ans ·Helene Bartholin