Sois Sage

olecolec

Poème en hommage à Fragonard de sa muse

Tour à tour, violette ou jasmin. Vieux rose ou jeune souvenir. Déjà. Si cela t'amuse, muselière, je contournerai tes caresses comme les feuilles de lierre qui préfèrent l'ombre à la lumière de tes caresses. Cesse de me prendre pour ta princesse, mais fais sur mon corps toute la lumière qui vient de mes intérieurs accords. J'ose le tutoiement pour oublier mes larmoiements quand tu n'es pas en moi, surmoi ou sur moi sournois et courtois de tes visites entre deux fresques érotiques. Ma chienne blanche t'attend gentiment assise sur son séant. Ton dard m'a subitement trouvé, moustique introduit sur mon plancher de mon bois clair et tendre. Tu me parles d'Eros mais c'est pour mieux me caresser et me brûler jusqu'aux os. Je ne sens plus mon corps quand tu me laisses, lasse et trouble, mélasse sucrée de tes multicouches de baisers sur ma couche. Vole au vent, puits d'amour. Tu n'es pas libre ? Tu n'es pas fougueux ? Je suis ivre de ton Italie. Lis-moi encore. Lie délaissée sur ton lit, recouverte d'étoffes qui m'étouffent. Pourtant c'est toujours debout que tu me possèdes le mieux comme si tu me peignais sauvagement par derrière avec les soies porcines qui se mêlent à mes cimes de plaisir. Quand tu prends racine, je sens le blanc de tes nuages se mêler à ma présence rayonnante striée de mes sourires coquins. Les plus belles fontaines coulent mieux dans tes mains. Non, ne reviens plus. Je te hais. Je n'ai rien dit. J'ai souri pour la grâce apportée par tes gestes. Je n'aime plus ses haies où tu me possèdes toute entière par la meilleure taille de ton corps robuste. Les dents de tes cisailles découpent ma croupe à ton souhait. Je te possède. Adore, adore, le blond de mes cheveux sauvages comme les blés d'été chauds. Adore émois, Mon Jean-Honoré, je ne suis que ta princesse honorée, brûlante à jamais de désir, humide comme ma gorge enveloppée de tes cépages italiens à remplir de mystères. Je te déteste. Jamais je ne te mentirai, non jamais plus tu n'auras de mes nouvelles. Si tu préfères embellir le monde avec tes couleurs, je serais le serpent qui viendrait caresser le haut de tes bosquets peints. Exquis venin. Verte de rage, je serai pistache d'une crème veloutée. Ta croquante vitrée. Ton vert galant. Tes traits de vérité reposent encore en moi quand tu n'es pas là. Lentes caresses. Je ne suis pas dupe, mais les creux de la pression sur la feuille, la toile, te rappellent mes rainures intimes. Remplie-moi comme une gourde à ailettes. Mes portes se sont ouvertes et le jardin s'est couvert de mille fleurs. Ma ligne de fuite te rappelle à tous tes paysages. Libellule des marées émouvants. Mes cheveux restent dans tes nuages soyeux, tu me l'as murmuré, puis crié. Ta neige et la poudre blanche qui m'éloigne de la flamboyance de tes couleurs. Mon Saint-Honoré, je suis attachée à ta bouche. Je suis ta tourte en colonnades. N'as-tu plus faim ? Simple oubli ? Et si nous nous approchons de la fin... Tu ne voulais pas, mais j'ai caressé votre souvenir de mes mots...

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