Sombre

atsuna-revane



Fatiguée, épuisée, j'ai l'impression de ramper. De porter le poids de tellement de choses qui ne me concernent pas, d'être mêlée à des histoires dont je ne veux même pas. Juste épuisée par la pression de la société. Et si ce n'était que la société. Il y a ces profiteurs qui grappillent ce qu'ils peuvent auprès des bonnes poires. Il y a ces amis qu'on pensait connaître et qui en fin de compte nous tournent le dos à la moindre occasion, sans le moindre scrupule, profitant même pour nous enfoncer, nous accuser de torts inventés. Il y a ces gens qu'on aime, et qu'on blesse, et qu'on déçoit. Il y a ce regard de l'autre qui nous obsède parce que c'est par ce regard que l'on vit. Il y a ces petites obsessions personnelles, qui parfois nous font avancer, parfois nous font couler. Il y a les attentes, les espoirs, des parents, des amis, des enseignants et des patrons. Et puis il y a nos rêves, auxquels on s'accroche de toutes nos forces, mais qui chaque jour passés à s'angoisser pour tout le reste s'effilochent un peu plus. Il y a cette fatigue incommensurable dont on n'arrive pas à se défaire, ces addictions qui nous enferment alors qu'on pensait qu'elles nous sauveraient. Il y a le désir de consommation qui nous enflamme et nous rend si jaloux. Il y a ces factures à payer, ces dures réalités dont on voudrait se défaire. Il y a cette liberté, après laquelle on court alors qu'on sait que la vraie liberté, c'est celle de la pensée... Mais la pensée s'épuise comme le rêve et l'imagination, elle s’appesantit de la réalité, elle s'épaissit, devient obscure. Elle sombre comme le corps et l'âme.

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