SOTCHI

L'important, je dirais, c'est de se convaincre que tout est possible, tout est ouvert. Se faire confiance, voilà, apprendre à faire confiance à son corps, à ce qu'on lui a appris. Sentir chaque muscle, chaque tendon avant le départ. Les faire fonctionner un à un, l'un après l'autre, en prenant son temps pour saluer chacun, lui dire « coucou, je sais que tu es là, je sais que c'est toi, je ne te confonds pas avec ton voisin, ne te fais pas de souci, je te sens bien, je te fais confiance, à toi. Tu es spécial pour moi, c'est grâce à toi que je vais y arriver, tu es unique, je compte sur toi, vas-y. »
 Voilà, établir une relation de confiance avec chaque partie de son corps, pour moi, c'est Le Grand Secret. Et puis se dire : je l'ai fait hier, je l'ai fait avant-hier. Tous les jours, tous les jours, je m'entraine. Je SAIS le faire. Je PEUX le faire. Depuis des années, des années, j'y arrive. Alors pourquoi pas aujourd'hui? Et pourquoi ne pas pousser un tout petit peu plus loin ? Se dépasser. Améliorer son temps. Grappiller des millimètres, des centimètres.
Bien sûr.
Bien sûr que c'est possible.
Y croire et puis se lancer, tous les muscles tendus, mais souples à la fois, déliés, puissants. Voilà, jouir de la beauté du mouvement, de la chaleur de l'effort, se sentir fendre l'air comme un félin merveilleux, foncer dans le vent la tête haute, et sourire à l'horizon.

- Bonjour, Madeleine, vous allez bien ?
- Bien, merci, et vous, Cindy ?
- C'est l'heure de votre balade quotidienne jusqu'au bout de la Digue ? Pas chaud aujourd'hui, hein ?
- …
- Qu'est-ce qu'on vous admire ! Hein, M'ame Mercier, qu'on l'admire, notre Madeleine ?
- …
- Parce que nous, les quatre kilomètres aller-retour, on les ferait pas, hein ?! Mais alors vous, avec votre déambulateur …