Sourire

lislandais

Elle a dit que je souriais

Était-ce le visage caché de la lune souriant à la Terre ?

Le reflet sombre et scintillant d'un vallon sur un lac immobile ?

J'ai cherché la cause de cet amusement précaire

Peut-être le songe d'un bonheur délébile ?

Ou l'expression crayonnée d'une joie éphémère ?

Elle a dit que je souriais.

Là-bas, peut-être, à quelques dizaines d'années de distance

Ai-je entendu les clameurs familières de l'enfance ?

Je me suis approché pour y voir plus clair

Et j'ai reconnu le visage aimé d'un grand-père

Souvenirs douloureux et infidèles de l'absence

Brouhaha d'un monde révolu en effervescence

Qui s'est animé dans un doux et béant calvaire.

Elle a dit que je souriais

Pardi j'ai souris quand elle me l'a dit

Aucun souvenir de cet écart hilarant

Il n'est pas si fréquent de sourire dans la vie

Ce piètre monde est autant bidonnant

Qu'un tortionnaire en bigoudis

Et l'espoir d'un changement tout aussi extravagant

que l'idée saugrenue d'un hypothétique paradis.

Elle a dit que je souriais

Mais que je souriais pourquoi ?

Elle n'a pas voulu me le dire

Alors je suis reparti là-bas

Je suis allé m'endormir

Et j'ai retrouvé parfois

Le plaisir de sourire.

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