SOURIRES
Dominique Taureau
Quand l'est blanchit l'horizon noir des champs
Et bleuit le ciel de blancs aguichants…
Quand le lent courant rosit doucement
Au bord des rives sombres âcrement…
Il y a des matins sur la Loire
Où l'aurore a le réveil fastueux ;
L'aube sauvage du Val de Loire
S'orne d'un bonjour royal majestueux.
Le feu d'or du levant étincelle.
La Ligérienne jaunit en son lit :
Îlots, brume et eau ensorcellent
Sous l'éclat du soleil qui embellit.
Émergeant sous l'étoile illustre,
La berge aux chardons salue l'astre.
Les hautes tiges tendent leurs piques…
Mais ouille ! Qui s'y frotte s'y pique.
L'ardent buisson des chardons aux ânes
Se dresse vers l'éclatante manne ;
Les fières fleurs des plantes solaires
Se chauffent à la blonde lumière.
La gabare près du ban de sable,
Où s'entend le clapotis mignonnet,
Mouille dans les reflets admirables ;
L'impression aurait contenté Monet !
Ô quiétude des chalands langoureux !
Le plus long fleuve de France reluit.
S'écoulant dessous le pont vaporeux,
En nos cœurs la Loire à Chaumont luit.