Sous l'ombre jetée
parismrs
Le train démarre, glisse doucement sur les rails et tandis que mes yeux retiennent une dernière fois tes contours, ma main se pose sur la vitre froide comme un adieu. Le train part, s'en va, s'envole presque et m'arrache à toi, à cette vie et par-delà mon reflet, de l'autre côté des fenêtres défilent en images superposées des silhouettes aux bras levés.
Je ne les entends plus.
Je me tourne une fois encore vers toi, les mains dans tes poches, serrées, ta tristesse silencieuse.
Le wagon s'enfonce dans l'horizon, dans la nuit, bientôt, je serai loin, bientôt, je retournerai à ma vie, laissant ces quelques mois comme une parenthèse, rien qu'un point lumineux dans le tunnel de la vie, des particules d'aurores sous l'ombre jetée.
Je ne t'ai pas aimé je crois, je t'ai adoré.
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Le temps a filé, coulé, fondu, j'avais vingt ans et quelques gestes plus tard j'en ai eu trente.
Me voilà de nouveau sur le quai d'une gare, sans rien quitter pourtant, seulement pour me rendre d'un endroit à un autre.
Machinal.
D'un point à un autre.
Me voilà de nouveau au milieu d'une foule qui me résonne dans chaque espace du cœur, qui me ramène des années plus tôt.
Le train entre en gare, brise une seconde les cris qui m'entourent, ralentit encore puis s'arrête. Je monte, mets les écouteurs, ne plus les entendre, ne plus entendre ce bruit si familier qui me renvoie à ça, à cette existence étouffée, à ma vie silencieuse et ordonnée. Je me souviens maintenant, les lumières dans le fond de la ville en perle de nuit, les odeurs de ce pays quitté trop tôt, ton regard sur moi, le souffle pour les fissures.
La vie laisse des creux.
Je suis partie parce qu'il le fallait.
oh c'est très bô très visuel que c'es t chouette:à cette vie et par-delà mon reflet, bien touvé suis jalouxxxe :) une mélancolie qui tout de suite surgit forte et évocatrice pour beaucoup, faire si intense en si court bravo !
· Il y a environ 6 ans ·Christophe Paris