Souvenir fugace.

arlie

Ma mémoire t'a englouti dans ses abîmes, je me demande si tu as un jour été matière...

Ton visage se dessine avec difficulté, ton sourire, je l'ai oublié, l'amour que je te portais s'est dissipé, la blessure de ta disparition elle, est toujours vivante.

Qui étais-tu, tendre amour? Trop peu de temps à t'aimer, trop de temps à guérir...

Que je regrette de t'avoir connu pour si vite te perdre, que je regrette que tu n'aies pas pu devenir adulte...
Fabrice, ce prénom si peu prononcé, Fabrice, ce délice, ce vice...
Double trahison, double souffrance. Cette vitesse, ce tunnel, cette voiture qui t'emporta, égoïstement.
Double trahison, double souffrance. Cette bien-aimée, celle que tu disais ne pas avoir, cette bien-aimée que tu me cachas, égoïstement.

Le tableau reprend forme, je te revois enfin, je retrouve la sensation de bien-être au son de ta voix, la douceur de ta peau. J'ai pris soin d'écrire mon amour, j'ai pris soin de garder une partie de toi dans mon journal intime.

J'avais 17 ans, je n'écrivais que rarement dans ce journal et pourtant, je t'y ai fait une place, tu étais encore là.
Je relis, après ces quelques années, nos débuts, notre fin, ta fin à 19 ans. Je me souviens du trou noir qui suivit l'annonce de ta disparition...Comment ai-je pu écrire après cela? Je ne sais plus, mais je l'ai fait. J'ai pris soin de retranscrire le dernier message que tu me laissas ce soir de St-Valentin. Ce message que j'ai écouté une dizaine de fois...Je ne t'ai pas rappelé, je refusais de céder, moins de dix jours après, tu n'étais plus.

Je me souviens de cette dernière fois où tes proches te pleuraient, ta mère, tes amis, ta petite-amie. Moi, j'étais l'anonyme, l'illégitime, je me suis effacée...

Je me souviens de cette dernière fois où je t'ai vu, où j'ai décidé de ne pas me retourner en te quittant pour ne plus souffrir de cette distance qui s'installait.
Cette distance que tu avais installé, cette distance qui m'a sauvée. Tu m'as sauvée, car ce soir là, je devais être avec toi pour cette fête, et rentrer avec toi dans cette voiture.

Ces émotions sont là, réelles, et pourtant, je me demande si tu as un jour été matière...
 

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