* Dernier coup *

torpeur-

je remets un texte que j'aime bien

J'attends au volant. Dehors il fait nuit, la rue est éclairée par les vitrines, les phares des voitures. Dans la tête des gens, c'est une journée banale qui se termine.. Ils rentrent du boulot peut être, pressés par le froid.

Le moteur tourne. J'ai les mains qui tremblent un peu. A ce moment là, tu as dû sortir le flingue. Ça doit être la panique dans la boutique. J'ai posé ma tête contre la vitre, mes pensées divaguent. Je suis pas inquiet. Je peux rien changer à ce qui se passe. C'est comme ça. Je stresse quand même un peu, tu devrais être revenu, là. Je peux plus attendre plus longtemps, j'ai beau essayer de calmer le flux de mes pensées...

Putain, ça a dû mal tourner. J'ai l'adrénaline, envie de gueuler. J'ai entendu un coup de feu. Putain c'est quand que t'ouvres la porte et que tu gueules de tracer sans m'arrêter. Putain de merde ramène ta sale gueule et dis qu'on est enfin plein aux as. Je stresse trop j'ai pris la bouteille sous le siège, une, deux, trois gorgées. Putain je te jure que si ça a marché, ce sera le dernier coup. Putain t'as jamais su t'arrêter, t'es con aussi. Le temps se ralentit, des lumières bleues et rouges se reflètent sur les façades. J'ai pas bougé d'un pouce, je te jure que je vais finir la bouteille.

Ça fait trop de temps, et là il y a eu du mauvais. De l'imprévu. C'était pas sensé se passer comme ça. C'était sensé être la dernière fois. Tout le quartier est bouclé maintenant. Je suis incapable de faire marcher le putain de briquet, je tape contre le volant. Je le savais que ça foirerait. Pas assez préparé à l'avance, je sais pas, c'est pas le moment... Plus le temps de fonctionner de façon sensée...

Je décide de tourner la tête, j'ai des nausées quand je vois les pompiers emporter un corps sans vie sur un brancard entièrement recouvert. Je sors de la voiture, je n'entends plus rien, je suis dans un état indescriptible. Je me mêle aux badauds... Il y en a qui disent que c'est bien fait. J'en sais déjà assez. Je vais plus loin, j'ai l'air d'un mort vivant intoxiqué. J'ai envie de vomir. Et de me tuer. Y'a tout qui foire l'un après l'autre dans cette vie. Bordel c'est pas pour moi les costards, vendre des voitures, ou être guide de randonnée, ce genre de conneries. Putain je tuerais pour revenir en arrière. Seul, je suis condamné à m'exploser la gueule, je suis foutu.

J'ai marché de l'autre côté du trottoir pour ne pas me faire remarquer, je suis retourné dans la bagnole. De toute façon t'aurais pas supporté la prison. Et moi c'est la vie que je supporte pas. Ce soir, je jure qu'il n'y aura pas de lendemain. J'ai démarré la voiture, pris de la vitesse...

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