• Déshumanise-Moi •
Sandra Von Keller
J'ai un Cœur. Et je n'en veux pas. À quoi me sert t-il ?
Si ce n'est de me torturer. Me tirailler. Me déchirer.
De mes propres mains, y plonger le poing...
L'arracher. L'anesthésier. Tel est mon souhait.
Un véritable Cœur de Glace.
Peu importe l'intensité des belles choses.
Ce que j'ai à la place du Cœur n'est plus qu'un vulgaire jouet que j'ai tenté mainte fois de recoller à ma guise. Il n'est pas seulement endommagé. Il est complètement Dévasté.
Et puis que sais-je faire à part baisser la tête et fermer les yeux sur ce qui m'affecte ? Il est vrai que je suis quelqu'un d'extrêmement calme, presque détaché de tout ce qui m'entoure. On me sait préoccupée sans savoir vraiment si quelque-chose me torture ou si je suis tout simplement une coquille vide en lutte avec un fantôme inaccessible.
J'investis tout mon Amour vers l'impossible. Les spectres se glissent dans la foule et je dois continuer de me promener dans les décombres de ma vie et c'est avec une tristesse douloureuse que je constate mes égarements destructeurs.
Sous le Masque... Elle pleure. Elle pleure... Sous le masque...
Qui ne tombe pas, mais glisse doucement.
Elle redoute l'Affront. Nue face au Monde. Carnage dans le Cœur qui ne demande qu'à imploser. Ces spectres qui se glissent dans la foule finiront par la prendre. Oui !
Elle dissimule ! Elle maquille le Vide. Ses cicatrices. Elle camoufle. Elle ment à Tous, mais tout est voué à sa pure protection.
Quelle sotte alors, d'ôter le Masque aux mauvais Prétendants !
J'aimerai donc adresser toute ma douleur à ces êtres manipulateurs, profondément sans Cœur, qui ont déformé mes veines de haine et la noirceur qui m'emplit chaque jour d'avantage.
J'aimerai peindre leurs murs de mes larmes amères que je ne cesse de déverser, chaque soir sur une literie habituée.
J'aimerai leur décrire l'horreur de redouter la peur, l'affront de tous ces Démons. Leur prouver qu'une mémoire intacte n'est point une qualité lorsque les plaies y sont béantes.
Mais je ne ferais que les nourrir de leur plaisir futile qui est celui de Tuer ce qu'il y avait encore de bon chez un être fragile, une proie trop facile.
Soyez fiers, alors, du Monstre que vous avez créez..
Cette Créature de votre Perte. Corps et Âme, Ventre et Cuisses, comme le dit si bien Dame Candice, je deviendrais la courtisane de l'Enfer aux sabots de la Bête !
Je n'aimerai peut-être jamais plus. Ou peut-être que si.
Mon chagrin est une promesse et me voue à quelques gouttes d'émotions. Ma chair est assez consumée pour être répugnée de toutes les Mains.
Mes aveuglements passionnés me laisse un arrière mauvais goût illusoire et me rappelle qu'il n'est jamais bon de flirter avec les flammes. Elles finissent toujours par brûler et à vous réduire en Cendres.
Certaines vermines seraient même capables de vous asperger d'Essence et vous regarder danser dans la douleur jusqu'à vous réduire en un tas de poussières.
* Brûle Poupée ! Brûle ! Brûle Poupée... Laisse-Toi Fondre ! *
Chaque soir, ne cesse de revêtir son manteau du Silence et je me meurs dans ce cercle Infernal. Tentant de briser les chaînes du passé, de balayer ces amants affamés, moi qui priais pour que mes yeux ne se ferment plus, je m'affolerai presque pour que mes paupières demeurent closes. Oui, moi qui avait si peur de dormir, je suis désormais effrayée à l'idée de me Réveiller...
Ayant si peur de dominer ma Folie et ces Souvenirs Broyeurs. Je suis Hantée ! Vont et viennent dans ma Tête. Dors ! Dors ! Maudite Bête. Je ne puis t'écraser si tu ne cesses de me grignoter.
Mais comment Vaincre un Carnivore quand il s'est insinué dans votre corps ? Est-ce que je veux vraiment devenir cet Être qui ne ressent aucune émotion, pas le moindre sentiment. Que rien n'ébranle et que tout indiffère ? Telle est la question.
Je suis bien trop Écorchée pour avouer ma lucidité. Dans ce Trou béant où je me suis écroulée et où toutes débectations m'aspire vers le Fond, j'ignore la fatalité de ma chute mais je sais qu'un Maudit Poison se déverse dans mon sang.
Peut-être est t-il voué à mon Échec ou a ma Lutte Acharnée. Car on sait tous que le rôle du plus Fort est de Tuer le Faible. Il ne donne aucun Pouvoir. Il Attire. Il Domine. Il vous Bouffe et vous Tue.
Je ne me suis jamais sentie aussi impuissante dés lors que j'ai réalisé qu'on ne peut pas changer un Monstre et qu'on ne peut pas en devenir un si tel n'est pas notre Nature...
Valse et Offrande avec le Diable, crocs dans la peau...
Je te hais de ne pas avoir mordu plus Fort.
De grandes mains fines creusés sous sa Peau. Les Blessures font semblant de se Taire sous les draps chauds. Et avec un grand Sourire, Dame Dolores prétend disparaître... Princesse Névrosée, gisant à terre, confrontée au violent Mensonge sait qu'elle Aime un Grand Vide et qu'elle va en Mourir.
Oh mon Diable... Mon Fantôme, sale Chimère...
* Arrache moi la peau à vif, qu'on en finisse... *
Ce texte me prend aux tripes.
· Il y a plus de 6 ans ·J'avais presque mal en le lisant, tellement les émotions que tu décris me sont familières, tellement ces démons me hantent ; ceux de l'extérieur et ceux que je porte en moi.
Un combat fatiguant parfois, mais bien nécessaire, duquel je l'espère, nous sortirons victorieuses, comme toutes celles qui se débattent dans le même marasme.
Paradoxalement, cela me fait du bien de te lire ; parce que je me sens moins seule et parce que ta plume est toujours d'une justesse poétique, poignante, forte.
Merci.
fee-melusine
Merci à vous deux. :)
· Il y a plus de 11 ans ·Sandra Von Keller
Je n'aimerai peut-être jamais plus. Ou peut-être que si. Mon chagrin est une promesse et me voue à quelques gouttes d'émotions. Ma chair est assez consumée pour être répugnée de toutes les Mains. Mes aveuglements passionnés me laisse un arrière mauvais goût illusoire et me rappelle qu'il n'est jamais bon de flirter avec les flammes.
· Il y a plus de 11 ans ·(J'aime beaucoup !)
enumaelish
Poignant. On ressent le mal qui torture. J'aime beaucoup !
· Il y a plus de 11 ans ·Bravo.
clouds6