♣ La Valse ♣

Sandra Von Keller

Un peu de romance avec un grand piment de démence.

La folie peut être passagère. Constante. Inconsciente. Incontrôlée. Mais elle peut être bien plus encore. Elle peut être une nécessité. Un désir profond qui fait beaucoup de mal, mais tellement de bien. Comme un Besoin vital de faire rugir la Bête.


Pour trouver la Paix. Pour plus d'Intensité. La Folie. Simplement... Jusqu'au Bout. Dolores veut vivre et puis c'est tout.  Tant pis pour les conséquences... 


Plantons-nous dans le décor.


Quelques bougies semblent allumées au fond de cette pièce.
Les murs, le plafond, les ombres, tout semble danser. 
Je peux te distinguer dans le noir. Tu sembles tracassé. 

La sueur sur ton front semble traduire la peur de la page blanche. Si tu savais combien l'Arlequin en est d'autant plus effrayée.


C'est alors qu'elle Accoure tout doucement, timidement avec une petite fiole couleur nuit au creux de ses paumes. Ses poignets sont si translucides. Tu y découvre de jolies tâches pourpres. Elle n'a pas besoin d'ouvrir la bouche. Tu sais.


Tu sais que maintenant, tu as de quoi nourrir et soulager tes pertes noires.  Ta plume se trempe dans cette offrande.  Osant à peine écrire un mot. Tu dois penser que je suis aveugle. 


Pensant que mon regard ne te vois pas. J'accuse Dame Névrose d'être ta Muse....  Tu souris. Face à mon visage blafard. Tu dis que je suis toute bleue. Ou toute blanche, tu ne sais plus. 


L'eau ruisselle de ses manches et se déverse sur le parquet. Rayé maintes fois par nos ongles acharnés. Nous sourions d'un air conquis, enfilons nos camisoles. Tentant de deviner quel numéro portera notre cellule rêvant d'une Chambre 1408.


Parce-que tu ne me grondera pas si j'ai encore tâché le sol de rouge. S'il règne une drôle d'odeur putride dans la cave, sous le lit ou dans le placard. Tu sauras rire de mes ruses. M'aidera à ôter ces saletés. Contemplant dans l'ombre, les mille et une leçons que tu m'auras enseigné pour chasser mes proies de la plus folle des manières. 


Tu seras présent lors de toutes mes revanches et mes chasses sauvages lorsque la démence volera en éclats. Parfois, ton visage sera dissimulé sous ce lampadaire, avec un sourire jonché de Fierté et un regard amusé,  me faisant signe d'essuyer ma bouche et qu'il serait temps d'ôter mes mains de ces tripes.


Il faut que le sang soit encore chaud pour terminer notre Travail.  C'est ainsi que dans une pièce secrète séjourne nos trophées où tu en es le Taxidermiste. Que j'aime observer ces trous béants à la place des yeux. Ils semblent souffrir autant que Nous... 


Tout semble plus juste. Nous rions d'un plaisir Indicible
en faisant claquer leur carcasse contres les Murs. 

Qu'il est bon d'écraser leur cœur avec les pieds 
et de sentir leur os craquer sous notre Valse lente... 

Et toi, tu ris, tu ris, de me voir si Conquise par un Fou.

Signaler ce texte