Stop l’impolitesse

aurelie-jeanne-paulette

Lundi matin, 9h. Quelque part en banlieue parisienne. Léger vent, pluie fine. Course effrénée jusqu’à la gare, RER attrapé à la volée. Assise, je m’apprête à savourer vingt-cinq minutes de lecture. Sauf que. Pour la dame en face de moi, c’est manucure. Elle lime, cure et coupe rageusement ses ongles… dont le surplus atterrit sur mes collants. Agacement.

Après le RER, le métro. Encore quatre, trois, deux stations. Cette fois, c’est la bonne. La main sur le loquet, je me prépare à descendre. Sauf que. Sur le quai, la dizaine de franciliens littéralement transformés en équipe de rugby ne l’entendent pas de cette oreille. Je titube, agrippe mon sac, perds une chaussure. « On peut sortir là ? » Énervement.

10h. Arrivée au bureau. Hop l’ordi, hop les dix mille mails. Échange de blagues gentillettes avec les collègues. Ouf, on est entre gens raffinés. Sauf que. Vent glacial, porte qui claque. « Bonjour Jean-Boss ! » Pas de réponse. Bouillonnement.

Tic tac tic tac. 19h, l’heure des copines. Salle de concert noire et poussiéreuse, émeute au bar. Beaucoup doublent, d’autres restent soudés au comptoir. Ma bière, enfin. Sauf que. Bousculade : vin rouge sur les chaussures, chapeau dans l’œil. Fulminement.

RER du retour, minuit. Presque seule dans le wagon, enfin tranquille. À côté de moi, le type s’agite, fouille dans ses poches et sort… un coupe-ongles. Un COUPE-ONGLES. Hystérie.

« STOOOOOOOOOOOOOP ARRÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊTEZ ÇAAAAAAAAAAAAA TOUT DE SUIIIIIIIIIIIIITE ! » Bon, faut changer de place maintenant.

Pardonnez ma colère, mais vous, oui vous, malpolis, mal élevés, rustres et autres grossiers personnages, qui me donnez envie de me retirer dans une abbaye pour lire des poèmes en ancien français jusqu’à la fin de mes jours, par pitié, RETENEZ-VOUS. Ne faites pas tout ce que vous avez envie de faire au moment où vous en avez envie. Pensez que derrière, à côté ou – pire ! – en face de vous, d’autres gens vivent. Merde.

  • Merci à tous ! J'aime aussi les précisions de Layla qui me rappelle (aussi) mes nombreux profs de Latin. Toutefois, dans mon texte, l'envie d'aller lire des poèmes en ancien français dans une abbaye était un pur fantasme... partagé par bon nombre de profs de littérature du Moyen-Âge :)

    · Il y a plus de 12 ans ·
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    aurelie-jeanne-paulette

  • un cri primal qui a dû te faire du bien... j'ai remis mon coupe-ongle derrière l'oreille...

    · Il y a plus de 12 ans ·
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    woody

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