Subtile

nouontiine

Subtile

 

Elle s’éveille tous les matins devant une tasse de thé

Répétant plus ou moins les mêmes gestes depuis des années

Détaillant sa journée avant même d’être éveillée

Soupirant parfois, seule dans ses draps froissés,

À l’aube frémissante d’une nouvelle matinée.

Elle se lève sans gaieté

Et va se laver, puis s’habiller

Sans s’inquiéter de réveiller la maisonnée

Parce qu’elle vit seule depuis des années

Des années qu’elle est seule à vagabonder

À travers cette petite vie, ponctuée d’une routine assassine.

Subtile.

Elle s’appelle subtile parce que sa mère avant elle rêvait de l’être, subtile

Et surtout pas futile.

Elle marche sur le fil

De son existence indolente,

Dont elle a depuis longtemps perdu le sens

Elle qui rêve de briser le silence de ce toit mansardé

Hanté par les cris étouffés

Des enfants qui n’y sont jamais nés.

Elle sirote son thé comme chaque matin depuis des années

Maudissant la grisaille matinale

Qui bouleverse le moral.

Puis, elle s’habille et se pare d’un bijou qui brille

Pour rehausser son teint devenu gris à cause des soucis

Observant les débris de sa mine flétrie

Elle réprime un cri

Elle qui se voulait subtile

Et surtout pas futile.

Et puis, elle court prendre le métro

Pour se rendre à son boulot

Rejoindre la masse de ses collègues prolétaires

Qui n’ont même plus la force d’être contestataires

Et encore moins débonnaires

Dans cette atmosphère délétère.

Alors, sans relâche, elle s’affaire à la tâche

Toute la journée sans relâche

Jusqu’à ce qu’on la relâche

Et qu’elle se remette en marche

Vers sa petite maison au bout de l’horizon

Coincée par cette routine, devenue comme une prison

Dont on aurait perdu la clé.

Écoeurée,

Elle rentre et sirote à nouveau une tasse de thé

Elle qui se voulait subtile

Et surtout pas futile.

Blasée

Même plus la force d’être révoltée

Elle s’est à son tour enfermée

Dans cette existence dont le sens semble être altéré.

Subtile,

Comme sa mère avant elle, elle rêvait de l’être

Et de naître.

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