Sur l'autoroute 666

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Sur l’autoroute 666

Chapitre 1 : Disparition

La famille CASTEL, c’est-à-dire les parents et leurs trois enfants, sont sur l’autoroute 666 en chemin vers des vacances tant attendues ! A l’heure du déjeuner, on en profite pour faire une pause repas et se détendre un peu histoire de se dégourdir les jambes. Mais au moment de partir, Johanna, la maman, ne revient pas de sa pause pipi…

Chapitre 2 : L’enquête

Selon les inspecteurs de police, ils ne peut y avoir d’enquête s’il n’y a pas de preuve de crime. Or, au vu des éléments, Mme CASTEL semble être montée de son plein gré dans un autre véhicule. Pourtant son mari refuse d’y croire, et devant l’inaction de la police, va engager un détective privé, pour enquêter sur cette fameuse voiture noire …

Chapitre 3 : Vers l’inconnu

L’enquête du détective privé, nous emmène dans un périple des grandes capitales européennes, de Paris à Rome, Berlin et Madrid. Dans des endroits sans aucun lien entre eux, du Vatican, en passant par les défilés de mode  parisiens ou le mur de Berlin. Romuald y perd son latin, et sa foie en Johanna, qu’il pense avoir une double vie…

Chapitre 4 : les 3 D

Devant la multitude des facettes de la personnalité de Johanna, personnalité jusque là complètement effacée, Romuald ne sait plus du tout quoi penser et se demande s’il ne devrait pas plutôt accepter sa désillusion, associé à la déception des enfants, qui ont du mal à comprendre les événements, pour arriver à un désappointement familial.

Chapitre 5 : Contact

La mission de Johanna n’ayant pu être menée à terme, son rôle se termine, et elle tente de se remettre en contact avec sa famille, qui lui a beaucoup manqué, mais elle n’avait pas eu le choix, c’était pour les protéger ! Seulement, elle n’a rien le droit de dire et Romuald refuse de lui parler, elle décide alors de renouer avec ses enfants.

Chapitre 6 : La vie sans toi

Pour Samuel, Mathieu et Sacha, même si la mésaventure de l’autoroute ne datait que de l’été dernier, et que dans quelques jours ce serait Nöel, l’empreinte laissée par le vide de leur maman avait pris une place plus importante que ce que des ados en pleine crise d’existence pourraient avouer, mais il avait fallu faire sans elle !

Chapitre 7 : Rapprochement

Alors qu’elle a difficilement réussi a à se faire pardonner de ses enfants, Johanna ne perd pas courage et essaie de reconquérir l’élu de son cœur, Romuald, qu’elle n’a jamais cessé d’aimer ! La route est longue et semée d’embûches, mais elle a jurée de ne pas baisser les bras. Toi + moi = pour toujours, c’était leur refrain à eux.

Chapitre 8 : Pourquoi ?

Johanna a menti, pourquoi ? Je ne l’aime plus, pourquoi ? J’essaie de me reconstruire mais je n’y arrive pas, pourquoi ? Les autres femmes ne m’attirent pas, pourquoi ? Romuald s’engouffre dans un profond questionnement sur lui-même et sa vie, toutes ses certitudes sont tombées en morceaux et il va falloir du temps pour les reconstruire !

Chapitre 9 : Quand les enfants s’en mêlent

Devant la détresse de leur père, et l’envie évidente de reformer un famille unie, comme avant, avec maman, papa et les trois garçons, ces derniers décident de rabibocher leurs parents. Et ils n’auront pas droit à l’erreur, car leur père est au bord du gouffre, et le moindre faux pas risque de le perdre à tout jamais.

Chapitre 10 : Toute vérité n’est pas bonne à dire

Johanna a eu une explication franche et sincère avec Romuald, qui lui a rouvert la porte de son cœur. La vérité, il l’a eu, et même si elle fait mal, il sait que Johanna est revenue pour lui et les enfants ; elle est revenue, et rien ne l’y obligeait car une toute autre vie s’ouvrait à elle si elle l’avait choisit.

Chapitre 1 : Disparition

Au moment de repartir, papa qui préchauffait le moteur de la voiture, parce que c’était un moteur diesel et que selon lui il faut toujours bien  préchauffer avant, surtout pour les longs trajets ; donc papa ne voyait plus maman et demanda :

- Mais où est passée votre mère ? elle devait juste faire un dernier pipi ! Faut qu’on y aille maintenant, sinon on ne sera jamais à l’heure pour la remise des clefs !

Mes frères et moi on s’est regardé en répondant :

- ben, heu… on ne sait pas où elle est maman !

Papa décida de l’appeler sur son Iphone, « je parie qu’elle est encore allée quémander un sac d’échantillons gratuits à la caisse de la station service » et faut dire que maman, dès qu’il y avait un truc de gratuit dans les parages, on ne pouvait plus la retenir !

Mais le numéro de portable de maman rebondissait invariablement sur la messagerie, de sorte qu’au troisième essai, papa lui envoya un texto de rage, car cela faisait maintenant tout de même un quart d’heure que l’espace chauffait et il était largement temps de reprendre la route ! Même si pour mes frangins et moi cela ne nous  causait aucun soucis, d’avoir un peu de retard, vu qu’on avait nos consoles DS XL et PSP, c’était le vidéo game à l’arrière de la voiture ! Sauf que là, c’était à moi, Samuel, de prendre le volant, avec papa en co-pilote, parce que c’était l’occasion ou jamais de grappiller des kilomètres pour ma conduite accompagnée. Et dans ce cas là, maman s’asseyait à l’arrière avec Mathieu et Sacha et elle en profitait pour faire une sieste.

Voyant papa qui commençait à s’échauffer, j’eu une idée :

- Et si on lui faisait une blague à maman ? Elle est certainement aux toilettes, alors si on déplaçait la voiture de place sur le parking et on la filmerai, elle fera une de ces têtes…

- Je ne suis pas tellement d’humeur à jouer Samuel, et là je vais bientôt commencer à voir rouge, si elle ne se rapplique pas bientôt, mais qu’est-ce qu’elle fout bon sang ?!?

Papa commençait à perdre sérieusement son calme, et cela ne lui ressemblait pas.

Il éteignit le moteur de l’espace, prit les clefs et me demanda de surveiller mes frères tout en restant verrouillés dans la voiture, jusqu’à son retour et de ne surtout ouvrir à personne sauf à lui ou à maman si elle revenait avant lui !

Il prit la direction de la boutique de la station  service d’un pas bien décidé.

-J’espère qu’elle a la chiasse ou qu’elle n’arrête plus de dégueuler dans les chiottes, parce que sinon ça va barder !

En arrivant dans la petite boutique Esso, proprette mais déjà bien remplie de monde, Romuald jeta un large coup d’œil dans les différents espaces, mais il fallait se rendre à l’évidence, Johanna n’y était pas. Il réessaya son portable, et encore une fois la messagerie s’enclencha, et bien sûr, elle n’ avait pas répondu à son message ! Il se dirigea alors vers les toilettes, entra du côté femme, où il se fit remarquer, mais justement à ce moment là, tous les WC étaient ouverts, et aucune trace de Johanna !

La panique commença à le titiller, car cela ne ressemblait pas du tout à Johanna de disparaître comme ça, surtout dans des endroits de ce genre, plutôt impersonnels ; mais il lui restait un dernier espoir, qu’ils s’étaient croisés tous les deux et qu’elle l’attendait tranquillement dans la voiture avec les enfants. Il se mit à courir vers l’Espace, manquant de se faire écraser en traversant le parking, par un véhicule de couleur noire, genre TOURAN, mais d’une autre marque, avec toutes les vitres de teintées, même celles du conducteur et du passager avant, de sorte qu’il ne pouvait pas voir le bras d’honneur que lui avait fait le conducteur qui avait failli l’écraser, mais Romuald remarqua tout de même la plaque minéralogique belge. Hélas, quand Romuald arriva à la hauteur de son Espace, il n’y avait que Samuel au volant, sans les clefs, et Sacha avec son frère Mathieu à l’arrière plongés dans leurs consoles.

Tout à coup, Romuald eu l’impression de perdre pieds, qu’il se trouvait au centre d’un incroyable tourbillon, le monde autour de lui tournait, il n’entendait plus, il ne bougeait plus, il ne savait plus !

- Papa ? tu n’as pas trouvé maman ?

Mais Romuald n’était plus là…

- Papa ? Eh, t’es avec nous ou quoi ?

Romuald voyait les lèvres de la bouche de son fils aîné remuer mais il n’entendait rien, il se prit à se boucher les oreilles, ferma les yeux et tourna son visage vers le ciel.

Samuel se rendit bien compte que quelque chose clochait et il comprit qu’il avait dû arriver quelque chose à sa mère. Mais à ce moment là précis, il ne se doutait pas encore de la gravité de la situation. C’était un bel après midi d’été, et toute la famille avait pris le chemin des vacances.

Il ouvrit la portière à son père, et lorsque Sacha demanda :

- Ben alors ? on ne part pas ? et maman elle est où ?

- Je ne sais pas où est votre mère, je ne l’ai pas trouvé dans la boutique et son téléphone ne répond pas, y a tout le temps la messagerie. Je crois que l’on va devoir appeler la police…

- Tu crois ? tu n’es pas sûr alors ? demanda Mathieu

- Malheureusement, je suis sûr qu’il s’est passé quelque chose, mais j’espère simplement qu’il ne s’agit de rien de grave. Romuald avait la mine complètement défaite, il avait pris 10 ans en vingt minutes. Avec tout ce qui se racontait sur les aires d’autoroutes, ils ne voulait pas affoler ses enfants, mais il craignait le pire pour Johanna.

Romuald rassembla ses trois garçons autour de lui, il verrouilla la voiture et ils se dirigèrent encore une fois vers la boutique. Mais cette fois ci le cœur n’y était plus et sans trop savoir pourquoi, un pressentiment, Romuald aurait voulut prendre ses jambes à son coup !

Pourtant, il fallait faire face et donner le change, il y avait certainement une explication logique à cette disparition momentanée, oui elle ne pouvait être que momentanée !

Avant de rentrer dans la boutique, Romuald rassembla ses garçons sur la pelouse adjacente. Il décida de prendre cinq minutes pour se relaxer, même si d’autres penseraient que ce ne serait pas le bon moment, mais au fond de lui-même, il sentait bien que s’il ne se calmait pas, il aller pêter les plombs. Donc il commença à s’étirer en exécutant des mouvements bien précis de Qi Gong. C’était Johanna qui l’avait initié à cet art, et les premières leçons s’étaient faites dans les rires aux larmes car Romuald ne la prenait pas au sérieux. Mais très vite il dû se rendre à l’évidence, cela lui faisait un bien fou ! Amusés, Sacha et Mathieu l’imitèrent, mais Samuel resta dubitatif :

- Tu es sûr que c’est le moment là papa ?

- On inspire lentement, on recule la jambe droite, on regarde le miroir, en écrasant la tête du dragon, dont on regarde la queue et on expire… Se relaxer, pour mieux réfléchir et avec de la chance dans cinq minutes elle sera de retour. Mais Romuald n’y croyait pas trop !

Les touristes en transit dans la station observaient, amusés, cette succession de gestes lents et ce papa qui avait une façon bien originale de se détendre, avec ses garçons. S’ils avaient pu deviner dans quel état d’esprit il se trouvait alors…

Le temps d’agir était venu et Romuald se dirigea à nouveau vers la caisse de la station :

-         Bonjour, il faudrait que je parle au responsable SVP ?

Heureusement, ils avaient choisit de partir en milieu de semaine, un mercredi, de sorte que d’une part il n’y avait pas trop de circulation sur la route  et  d’autre part, pas trop d’affluence dans la boutique. La caissière leva la tête :

- Nous n’embauchons pas Monsieur, notre équipe estivale est au complet !

- Ce n’est pas pour une embauche, il faut que je parle au responsable c’est urgent mademoiselle !

Romuald avait remarqué que plusieurs caméras vidéos balayaient l’espace des pompes à carburant, le parking devant la boutique, ainsi que l’intérieur du magasin où était entrée Johanna pour se rendre aux toilettes, l’une des caméras l’avait forcement filmée !

La caissière regarda dubitativement Romuald planté là devant elle, et il lui sembla au bord des larmes. Elle pris alors le téléphone et appela quelqu’un qui arriva rapidement. Romuald, sans trop s’avoir pourquoi, s’attendait à s’entretenir avec un homme, mais c’était une femme qui arriva. Certainement que son esprit macho s’était dit qu’avec tous ses chauffeurs routiers, français et étrangers, ce boulot était destiné à un homme, même si de plus en plus de femme choisissaient de devenir chauffeur routier ! La responsable devait avoir à peu près l’âge de Johanna, cheveux roux, longs et des yeux verts, il se surpris à penser qu’elle faisait tâche dans cet endroit…

-Bonjour monsieur, vous m’avez fait demander, que puis-je pour vous s’il vous plait ?

- C’est vous la responsable de cette station essence ?

- Pour vous servir Monsieur !

- Pouvons nous discuter un peu à l’écart si possible, c’est une situation un peu embarrassante, pour ne pas dire abracadabrante !

- Venez avec moi, allons dehors si vous le voulez bien !

Romuald jeta un œil sur ses garçons, ils étaient tous les trois devant le kiosque à journaux et il leurs avait payé une glace, il pouvait donc discuter avec la belle rouquine !

- Voilà bientôt deux heures que nous sommes garés devant votre boutique. Ma femme, mes trois garçons et moi-même. Nous avons déjeuné au relais routier, et ma femme est entrée dans votre boutique pour se rendre aux toilettes, avant que l’on ne reprenne la route. Cela fait trente minutes maintenant que nous la cherchons, mais il semblerait qu’elle ait disparu !

- Votre femme aurait disparu dans ma boutique ?

- C’est ce que je viens de vous dire !

- Mais avez-vous regardé partout ? Même dans les toilettes pour femmes ?

- Oui, je suis entré dans les toilettes, pour femmes, pour hommes, j’ai cherché dedans, dehors, et si je vous dis qu’elle a disparu, c’est parce qu’elle ne répond pas à son portable !

- Et en quoi puis-je vous aider alors ? Il faut avertir la police immédiatement !

-         Bien entendu, mais, j’ai vu vos caméras de surveillance, et je me suis dit que vous aviez peut-être enregistré quelque chose ?

- Vous savez que pour pouvoir visionner mes bandes, même la police doit me présenter un mandat ?

-Je le sais bien, mais vous ne comprenez pas ? Ma femme a disparu, et chaque seconde compte !

- c’est vous qui me dites ça ? alors que vous avez attendu trente minutes avant de vous inquiéter ????

-         Vous refusez de m’aider alors ?

-         Je n’ai pas dit ça, et s’il y a eu kidnapping sur ma station, c’est de la mauvaise publicité assurée pour mes affaires, surtout en cette période estivale, c’est là que je réussi à dépasser ma marge annuelle  ! Je souhaiterai qu’on appelle la police et on avisera avec eux. Ils connaissent leur travail, et surtout il s’agit de ne pas s’affoler au cas où le suspect serait encore dans les parages…

-         Vous avez raison, appelez la police et voyons voir.

Eliane se dirigea vers l’intérieur pour appeler les secours, elle s’imaginait déjà les gros titres et tous les soucis qui allaient les accompagner !!

Romuald rentra chercher ses enfants, pour les informer de la situation, et il craignait même leur réaction.

- Quoi ? tu penses vraiment que maman a disparu ? je suis sûre qu’elle est cachée quelque part, et qu’elle nous fait une blague ! pensa à haute voix Samuel.

- Maman a disparu ? mais elle ne viendra pas en vacances avec nous alors ? demanda Sacha du haut de ses onze ans. Ben autant qu’on rentre à la maison alors ?

- Mais vous vous êtes disputés ou quoi papa ? demanda Mathieu. On va la chercher quand même non ?

- Les enfants, vous avez vu comme moi, que l’on devait partir, reprendre la route et votre maman a dit « je vais encore au toilette, qui veut faire un dernier pipi ? personne ? alors j’y vais, je reviens tout de suite, ne partez pas sans moi ! » et  depuis plus rien ! La responsable a appelé la police, qui devrait arriver d’un moment à l’autre. Je vais voir à l’hôtel à côté pour que l’on dorme ici ce soir.

Samuel, Mathieu et Sacha, complètement abasourdis par la nouvelle ne prononcèrent plus un mot le temps de réaliser ce qui leur arrivait.

Je ne sais pas si on pouvait considérer que c’était de la chance, mais il y avait une chambre de libre à l’hôtel, et l’on pourrait au moins attendre la police de façon plus confortable, si on peut dire, vu la situation !

Entre le moment où la gérante de la station avait appelé la police et le moment de leur arrivée, il avait dû s’écouler, au maximum une demi-heure, et pourtant on avait eu l’impression que cela avait duré des heures… Et même nos consoles n’avaient plus le même attrait que d’habitude, comme si le fait qu’on puisse enfin y jouer sans limite ne nous disait plus rien, maintenant que maman n’était plus là pour nous l’interdire…

A l’arrivée des policiers, ils discutèrent d’abord qu’avec notre père. Ils sortirent dehors, sur l’aire de repos, parce qu’ils voulaient que papa leur montre le chemin qu’avait pris maman et puis il y avait encore ces caméras de surveillance à vérifier. Papa nous a demandé de n’ouvrir à personne d’autre que lui, et que moi Samuel j’avais la responsabilité de mes deux petits frères. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment là et pour certainement la première fois depuis bien longtemps en 16 ans, je voulais simplement fermer les yeux pour pouvoir les rouvrir et me dire « quel rêve affreux ! », mais j’avais beau fermer mes yeux, les policiers étaient toujours là dehors en bas avec papa !

- Comme je vous l’ai déjà répété à plusieurs reprises, ma femme devait se rendre une dernière fois au toilette et n’ai jamais revenue ! Avec la gérante de la station on a regardé partout, dedans, dehors, rien et son téléphone ne répond pas, il est toujours sur messagerie. Faut qu’on visionne les cassettes de vidéo surveillance, c’est la réponse à nos interrogations !

- Doucement M. CASTEL, nous connaissons notre travail, laissez nous mener cette enquête comme nous avons l’habitude de le faire. Car nous ne devons négliger aucune piste.

Vous nous disiez que votre fils avait suggéré de changer le véhicule de place, pour faire une blague à votre épouse ? Etait-ce dans vos habitudes de vous faire des blagues votre femme et vous ?

- Mais le gamin a dit ça comme ça ! On ne va quand même pas perdre notre temps avec ce genre de question tout de même ! Chaque seconde de perdue est très précieuse !

- M. CASTEL, avez-vous pensé au fait que c’était peut-être votre femme qui vous faisait une blague, et qu’en ce moment même, elle nous observe et rit peut-être à nos dépend ?

- Mais vous vous rendez compte de ce que vous me dites ? Vous ne connaissez pas Johanna, elle serait incapable de ce que vous suggérez, en plus elle attendait impatiemment ces vacances !

- Justement M. CASTEL, parlez-nous en de ces vacances, qui les a organisées ?

- Mais c’est ma femme bien sûr ! Vous n’êtes pas mariés vous ? Je la laisse toujours organiser, comme ça si ça tourne au vinaigre, elle ne pourra rien me reprocher ! Ben, oui, j’avoue, je suis un mari lâche, et je l’assume ! Pourquoi n’allons nous pas visionner ces  foutus caméras immédiatement au lieu de rester planté là à tergiverser inutilement  ?

- M. CASTEL, la procédure est un peu compliquée, et il nous faut la respecter, si la gérante refuse que l’on visionne les cassettes, il nous faut un mandat, et pour cela il faut d’abord trouver un juge. Votre chance, c’est que ce n’est pas le week-end et qu’à cette heure-ci, on devrait pouvoir trouver une solution.

- Mais avez-vous posé la question à la gérante ? Vous a-t-elle signifié son refus ?

- Venez M. CASTEL, nous y  allons de ce pas.

Nous nous retrouvions dans la boutique, en compagnie de Mme MAJOR, la gérante, qui tentait de rassurer quelques clients interrogatifs. Il faut reconnaître qu’elle avait dû se dire que plus vite les cassettes seraient visionnées et plus vite on débarrasserait le plancher, pour ne pas trop nuire à ses affaires, même si la présence de la police quelque part peut tourner très vite à l’attraction !

- Messieurs les inspecteurs, je ferai tout mon possible pour répondre à vos demandes, afin de pouvoir venir en aide à ce pauvre monsieur qui vit une situation plutôt inconfortable.

- Merci Mme MAJOR pour votre collaboration, nous allons enfin savoir le fin mot de ce mystère !

- Suivez-moi messieurs, tout le matériel se trouve dans mon bureau.

Alors que Mme MAJOR recherchait les documents qui nous intéressaient, les enquêteurs continuèrent leur interrogatoire.

- M. CASTEL, où en était votre couple ? Des problèmes conjugaux ?

- Mais bon sang, vous n’allez pas arrêter avec vos questions à la noix ! C’est moi le premier suspect ou quoi ? Que dis-je le seul suspect peut-être même ! Vous pensez vraiment que si je m’étais débarrassé de ma femme, je n’aurai pas mis les voiles depuis longtemps, sans ameuter la gérante et encore moins vous ? Vous croyez que j’insisterai avec les caméras de surveillance ?

- Eh bien paradoxalement M. CASTEL, personne ne vous a vu à part vos enfants, pendant la demi heure où vous avez cherché votre épouse, donc côté alibi ce n’est pas trop bon si vous voyez ce que je veux dire !

- Je vois très bien où vous voulez en venir et franchement vous commencez à me les gonfler grave !!!

- Monsieur CASTEL je vais faire comme si je n’avais rien entendu vu votre état de stress. Mme MAJOR, êtes vous prête ?

-Voici les trois cassettes qui ont filmées les quatre dernières heures. J’ai terminé de les rembobiner, nous allons pouvoir y jeter un œil.

Je vous rappelle que la première caméra filme en grand angle de la gauche vers la droite et de la droite vers la gauche les pompes à carburant avec le parking devant la boutique, la deuxième caméra filme l’intérieur de la boutique et la troisième filme l’arrière de la boutique, le parking et l’aire de pique nique .

Mme MAJOR mis en route le premier magnétoscope et on voyait arriver l’Espace à la pompe numéro 3, papa qui fit le plein, puis remonta dans la voiture pour se garer devant la boutique. On distinguait à ses côtés, à la place du passager, quelqu’un mais avec le reflet de la vitre, les traits n’étaient pas clairs, du moins jusqu’à ce que tout le monde descende de la voiture. Maman étaient là, Sacha et Mathieu filèrent dans la boutique sans attendre les consignes, et moi je suivait nonchalamment, comme tout ados de mon âge. Papa et maman s’étiraient les membres. La caméra nous filma jusqu’à ce que l’on entre dans la boutique.

- Bien, déjà on voit la famille au complet à l’arrivée ! constata un des inspecteurs.

- Je mets en route le deuxième magnéto, dans la boutique.

Là on voyait bien que la pause pipi était nécessaire, parce que toute la famille était aux chiottes ! Sacha et Mathieu étaient les premiers dehors et s’attardaient devant les magasines et les bonbons. Quand papa les avait rejoints c’était une dure négociation sur l’avance de l’argent de poche pour pouvoir s’acheter vite quelque chose, vite avant que maman ne revienne, car elle nous dirait qu’on payerait trois fois plus cher et que ce n’était pas nécessaire. Jamais rien n’était nécessaire avec maman ! J’arrivai tranquille vers eux en pianotant mon téléphone portable, y avait pas de wi-fi dans la boutique, pfff et pourtant la vitrine disait le contraire en tout grand ! Nous regagnâmes la voiture, papa ouvra toute les portes pour aérer l’atmosphère empesé de l’habitacle, et nous attendions le retour de maman.

Le film s’arrêta sans que l’on comprenne pourquoi, car le temps n’était pas écoulé,  mais apparemment il y a eu un bug, ou du moins une erreur de manipulation, car on avait enregistré sur la cassette SANS la rembobiner et du coup il nous manquait une bonne partie du film, d’autant que l’angle des toilettes femmes était plutôt étroit et une porte permettait de sortit par l’arrière, mais heureusement  cette porte était filmée par la troisième et dernière caméra.

Mme MAJOR mis en route le dernier magnétoscope, où l’on s’apprêtait à connaître la vérité.

Pendant ce temps là, les garçons étaient restés dans la chambre de l’hôtel, plutôt un relais étape, en bordure d’autoroute, dans un style pas très frais. Les murs extérieurs avaient vu leur couleur trop pâle, une sorte de vert d’eau, virer au gris, à force de gaz d’échappement, des milliers de véhicules qui devaient transiter par ce tronçon quotidiennement. Dans une autre vie, il y avait dû avoir des plates bandes bordées de fleurs, mais il ne restait plus que de l’herbe, les vacanciers de passage avaient vraisemblablement piétiné ce qui avait dû ressembler à des fleurs. Cette station service, semblable à toutes les autres que l’on trouve sur n’importe quelle autoroute, avec au premier abord ses pompes à carburants, puis la boutique, à prix prohibitifs, et pourtant y a quand même des clients qui achètent, et derrière le grand parking, avec l’aire de pique-nique, et pendant les vacances d’été, parfois des animations, pour distraire les touristes, avec une pause originale, qui casse la monotonie de la longue route jusqu’à l’arrivée, au soleil !

Samuel en était là, perdu dans ses pensées… Est-ce que sa mère avait vraiment disparue ? Il se serait cru dans un film. Il ne savait pas s’il fallait s’inquiéter plus ou si tout ceci n’était qu’une simple mascarade. Mais quand même, la police ! Il avait beau chercher et regarder dans tous les coins, et l’aire de repos n’était pas si grande que ça, mais non ce n’était pas une caméra cachée de François Damien ! Son regard se porta alors sur ses deux frères cadets : Sacha et Mathieu étaient tout concentrés sur leur consoles portables  et quelque part c’était tant mieux, au moins pour l’instant, ils ne gambergeaient pas comme lui…

- Quand est-ce qu’on mange ? J’ai faim moi ! demanda subitement Sacha

- Si on s’était arrêté à la prochaine station, on aurait pu manger Quick !

- Oh ! non ! ça c’est dommage, mais on ne pourrait pas aller attendre maman là-bas ?

- Wahouuu ! Regardes Sacha ! J’ai réussi à tuer le boss, dans le buch en mode jungle…

- Montres, montres, whaouuu, comment t’as fait ?

Et les voilà repartis dans leur jeu. Samuel regarda son portable. Tiens ! et s’il appelait sa mère après tout ! Il chercha dans ses contact, sélectionna « maman » et attendit. Mais il n’y eu même pas de sonnerie, la messagerie se lança automatiquement. Samuel raccrocha. Il jeta un œil par la fenêtre, la voiture des policiers n’avaient pas bougé, donc son père n’avait sans doute pas terminé son entretien. Samuel décida lui envoyer un message « Tout va bien PAPA ? ».

Lorsque le téléphone portable de Romuald se mit à chanter « The eyes of the tiger » la bande originale du film ROCKY, tout le monde sursauta dans le bureau de Mme MAJOR, d’une part parce que tant les inspecteurs de police, que Romuald, étaient suspendu à son geste de mettre en mode lecture la dernière cassette vidéo, mais surtout en raison de la surprise d’entendre cette musique, qui semblait particulièrement incongrue dans cette situation précise. Faut dire que Johanna avait souvent reproché à son mari que les choix de ses sonneries de téléphone portable n’étaient pas très discrètes ! Du coup, une fois la surprise passée, Romuald se mit à chercher son téléphone dans ses poches, espérant avoir enfin des nouvelles de  sa femme. Tous les regards étaient posés sur lui, dans la même attente que la sienne.

- Fausse alerte ! C’est mon fils aîné, Samuel.

- He bien allez y Mme MAJOR, enclencher cette cassette, qu’on en finisse !

- C’est parti !

La vidéo se mit en route, et on reconnu la porte de secours de l’arrière de la boutique, donnant sur la porte des toilettes. Johanna rentra dans les toilettes à 14 heures 45 précise d’après l’horloge de la vidéo, et elle repassa devant la caméra 5 minutes plus tard. Alors qu’elle se dirigeait vers la sortie de la boutique, pour rejoindre sa famille, on la voyait qui sortit son Iphone de son sac à main, l’ouvrit pour y lire vraisemblablement un message qu’elle venait de recevoir, message qui l’immobilisa dans le couloir des toilettes. Quand elle eut terminé de lire, elle rangea son téléphone, regarda sa montre et sortie mais par la porte de derrière. Une voiture noire aux vitres teintées l’attendait. Elle monta sans hésitation à l’arrière de la voiture.

- Mais c’est la voiture qui a faillit m’écraser ! hurla à nouveau Romuald ! Revenez en arrière, il faut faire un zoom !

- Je peux revenir en arrière M. CASTEL, mais je ne peux pas zoomer ! précisa Mme MAJOR.

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