Sur le bord de la ligne...

arkhaam

J'aurais du me douter que ça ne pouvait pas marcher, j'ai cru pouvoir agir de manière sensée, comme le font les gens normaux, juste parce que ce matin je me suis senti moins con que d'habitude. Il m'arrive de penser que jamais je ne pourrais avoir un comportement lucide, être de ceux qui font les choses sans avoir besoin de calculer, sans avoir à se demander si tout va se passer normalement ou si, une fois encore, tout va foirer.                                                                                                                          Quand j'ai dit à Avril que je serais à la sortie de son cours de danse, le soir à l'heure pile, putain j'étais sérieux, mais vraiment. J'avais tout calculé, chaque heure de ma journée devait se passer comme je l'avais prévu et à Cinq heures pile, je devais me trouver devant le studio, l'attendre et la raccompagner. Après mon café, je suis sorti retrouver Z, on avait un plan simple à régler et il était peu probable que ça nous prenne la journée, non seulement ça se ferait rapidement mais en plus ça allait me rapporter un paquet de tunes qui me permettrait de vivre un bon moment tranquille. Au début Avril a refusé que je vienne l'attendre, parce qu'elle pensait que, comme à mon habitude, je lui ferais un plan et je ne serais pas là:- T'as toujours une bonne excuse, elle a dit, et chaque fois j'attends pour rien, alors laisse tomber pour ce soir.Moi j'ai dit que je viendrais parce que, allez savoir pourquoi, j'avais envie de croire que je pourrais être juste là, comme prévu, comme le fait n'importe quel mec pour sa nana, alors j'ai insisté et elle à cédé, elle m'aime voyez-vous et je crois que c'est son plus gros défaut.Je me souviens l'avoir vu partir avec un gigantesque sourire collé à sa jolie mouille, j'avais du être convainquant et elle était ravie que je fasse un peu attention à elle, moi aussi ça me rendait jouasse, parce que je l'aime aussi sauf que moi c'est ma plus belle qualité.Quand Z s'est pointé, il était défoncé et moi, j'avais rien pris depuis des jours, oui Avril n'aime pas que je me drogue alors j'évite de le faire, pour elle. Mais là, cet enfoiré avait une came monstrueuse, il était rentré de Hollande le matin même et on devait aller refourguer le stock qu'il avait ramené. Je me suis fait une petite ligne, rien de bien méchant, juste pour le fun et c'est vrai qu'elle était bonne putain, on allait pouvoir salement la couper et se faire un gros bénéfice. Franchement, les choses ne pouvaient pas mieux se passer.C'est pas longtemps après que ça a dérapé, ce que Z ne m'avait pas dit, c'est que notre client était une cliente, enfin deux pour être précis, deux espèces de salopes pour qui la vie n'a d'importance que si elles peuvent baiser et se défoncer. Bref, quand on est arrivé sur place, elles avaient tout prévu, la Vodka, les seringues, le plumard, comment résister à ça. Je me suis mis, facilement, trois grammes dans les veines et on s'est fait une partie de baise phénoménale, la poudre vous fait bander pendant des heures et ces deux garces ont eu ce qu'elles voulaient. Ca a duré la journée entière et quand j'ai ouvert les yeux, il était 19 heures. Je me suis servi un verre, j'ai allumé une cigarette et je me suis collé devant la télé, les deux filles avaient un appart franchement sympa et je m'y sentais bien. Alors j'ai, soudain, avalé de travers et je me suis mis à cracher ma Vodka, Avril putain, j'avais oublié Avril. Sur mon portable il y avait neuf messages, j'en ai écouté un seul car ce qu'elle y disait m'a suffit. J'ai réveillé Z et on s'est cassé, j'avais les poches pleines de fric, j'avais passé une journée mémorable mais, pourtant, je me sentais comme une merde. Je me suis fait déposer devant chez moi et je suis monter sans le moindre espoir qu'Avril serait là. J'ai vérouillé la porte, je me suis assis sur mon lit et j'ai pleuré, j'ai pleuré parce que je me faisais gerber, parce qu'une fois de plus j'avais tout gaché, parce qu'Avril était malheureuse. Je n'ai même pas essayé de l'appeler, je savais que c'était inutile. Je me suis retrouvé dans la salle de bains à regarder ma gueule dans le miroir et, franchement, jamais je ne m'étais plus détesté qu'à cet instant. Aussi, il fallait que je paye, ce que j'avais fait ne pouvait rester impuni et je devais me faire admettre mon erreur et ma pathétique connerie.Dans un des placards, j'ai pris la trousse à outils et j'ai sorti un tournevis, une pointe longue et aiguisée. J'ai pris mon menton entre mes mains et j'ai tiré la peau de ma joue vers le bas, pour qu'elle soit tendue. Alors, avec la pointe du tournevis je me suis dechiré la chair, depuis l'oeil jusqu'à la comissure des lèvres. J'ai hurlé, je me suis agenouillé sur le sol et j'ai donné de grands coups de points sur le carrelage. Ca fait mal, un mal de chien mais, curieusement, ça ne saigne pas, non ca rougit juste. Les dents serrées et les yeux mouillés j'ai recommencé, deux, trois, quatre fois et à chaque fois j'appuyais plus fort, il fallait que cela marque pendant des jours. Je pleurais, je souffrais mais j'avais dans la tête un sentiment de bien-être inexplicable, je me sentais soulagé, voire excusé, ce qui était stupide au possible mais je ne pouvais faire autrement, je me sentais bien. J'ai voulu faire un dernier passage, cette fois le sang coulait, doucement, délicatement, j'en avais le goût dans la bouche et j'aimais ça. J'ai donc recommencé, encore une fois, mais mon geste fut trop brutal et la pointe à traversé la joue, j'avais du appuyer à un endroit déja bien abimé parce que ma peau à craqué comme un vulgaire morceau de papier. J'ai encore crié, hurlé, parce que là, j'ai vraiment senti le tournevis. Je l'ai retiré doucement, ça brulait, comme si on me faisait couler de l'acide sur la tronche et lorsque j'ai sorti l'outil de ma joue, j'ai vu le trou qu'il avait fait, pile au milieu de toutes les marques que j'avais faites juste avant. Je ne sentais plus mon visage, l'oeil, au-dessus de la joue blessée, ne voyait presque plus rien. Je me suis collé devant le miroir et j'ai regardé, c'était pas beau à voir, ça n'allait pas être simple de cacher ça.Je me suis fait un fixe, pour calmer la douleur, et je me suis assis sur mon lit. J'ai posé une bande de gaz sur ma joue et je me suis allongé, j'ai profité de la montée d'héroine. Alors j'ai réfléchi, ce que je voulais c'était me punir, moi qui détestait parler aux gens ou qu'on me pose des questions, j'étais dans une belle merde mais voila, c'était le but recherché. J'allais devoir subir les regards désapprobateurs, les questions à la con, les critiques, les sermons, tout cette merde allait faire de ma vie un enfer.  Je me suis finalement endormi, me préparant à ce qu'allait être ma journée du lendemain, je n'ai pas rêvé, j'ai juste dormi. La question est de savoir pourquoi il m'a été impossible de me retenir, pourquoi je n'ai pas été capable de m'empêcher de faire ça, quelle saloperie, faut toujours que ça tombe sur moi.

J'aurais du me douter que ça ne pouvait pas marcher, j'ai cru pouvoir agir de manière sensée, comme le font les gens normaux, juste parce que ce matin je me suis senti moins con que d'habitude. Il m'arrive de penser que jamais je ne pourrais avoir un comportement lucide, être de ceux qui font les choses sans avoir besoin de calculer, sans avoir à se demander si tout va se passer normalement ou si, une fois encore, tout va foirer.                                                                                                                          Quand j'ai dit à Avril que je serais à la sortie de son cours de danse, le soir à l'heure pile, putain j'étais sérieux, mais vraiment. J'avais tout calculé, chaque heure de ma journée devait se passer comme je l'avais prévu et à Cinq heures pile, je devais me trouver devant le studio, l'attendre et la raccompagner. Après mon café, je suis sorti retrouver Z, on avait un plan simple à régler et il était peu probable que ça nous prenne la journée, non seulement ça se ferait rapidement mais en plus ça allait me rapporter un paquet de tunes qui me permettrait de vivre un bon moment tranquille. Au début Avril a refusé que je vienne l'attendre, parce qu'elle pensait que, comme à mon habitude, je lui ferais un plan et je ne serais pas là:- T'as toujours une bonne excuse, elle a dit, et chaque fois j'attends pour rien, alors laisse tomber pour ce soir.Moi j'ai dit que je viendrais parce que, allez savoir pourquoi, j'avais envie de croire que je pourrais être juste là, comme prévu, comme le fait n'importe quel mec pour sa nana, alors j'ai insisté et elle à cédé, elle m'aime voyez-vous et je crois que c'est son plus gros défaut.Je me souviens l'avoir vu partir avec un gigantesque sourire collé à sa jolie mouille, j'avais du être convainquant et elle était ravie que je fasse un peu attention à elle, moi aussi ça me rendait jouasse, parce que je l'aime aussi sauf que moi c'est ma plus belle qualité.Quand Z s'est pointé, il était défoncé et moi, j'avais rien pris depuis des jours, oui Avril n'aime pas que je me drogue alors j'évite de le faire, pour elle. Mais là, cet enfoiré avait une came monstrueuse, il était rentré de Hollande le matin même et on devait aller refourguer le stock qu'il avait ramené. Je me suis fait une petite ligne, rien de bien méchant, juste pour le fun et c'est vrai qu'elle était bonne putain, on allait pouvoir salement la couper et se faire un gros bénéfice. Franchement, les choses ne pouvaient pas mieux se passer.C'est pas longtemps après que ça a dérapé, ce que Z ne m'avait pas dit, c'est que notre client était une cliente, enfin deux pour être précis, deux espèces de salopes pour qui la vie n'a d'importance que si elles peuvent baiser et se défoncer. Bref, quand on est arrivé sur place, elles avaient tout prévu, la Vodka, les seringues, le plumard, comment résister à ça. Je me suis mis, facilement, trois grammes dans les veines et on s'est fait une partie de baise phénoménale, la poudre vous fait bander pendant des heures et ces deux garces ont eu ce qu'elles voulaient. Ca a duré la journée entière et quand j'ai ouvert les yeux, il était 19 heures. Je me suis servi un verre, j'ai allumé une cigarette et je me suis collé devant la télé, les deux filles avaient un appart franchement sympa et je m'y sentais bien. Alors j'ai, soudain, avalé de travers et je me suis mis à cracher ma Vodka, Avril putain, j'avais oublié Avril. Sur mon portable il y avait neuf messages, j'en ai écouté un seul car ce qu'elle y disait m'a suffit. J'ai réveillé Z et on s'est cassé, j'avais les poches pleines de fric, j'avais passé une journée mémorable mais, pourtant, je me sentais comme une merde. Je me suis fait déposer devant chez moi et je suis monter sans le moindre espoir qu'Avril serait là. J'ai vérouillé la porte, je me suis assis sur mon lit et j'ai pleuré, j'ai pleuré parce que je me faisais gerber, parce qu'une fois de plus j'avais tout gaché, parce qu'Avril était malheureuse. Je n'ai même pas essayé de l'appeler, je savais que c'était inutile. Je me suis retrouvé dans la salle de bains à regarder ma gueule dans le miroir et, franchement, jamais je ne m'étais plus détesté qu'à cet instant. Aussi, il fallait que je paye, ce que j'avais fait ne pouvait rester impuni et je devais me faire admettre mon erreur et ma pathétique connerie.Dans un des placards, j'ai pris la trousse à outils et j'ai sorti un tournevis, une pointe longue et aiguisée. J'ai pris mon menton entre mes mains et j'ai tiré la peau de ma joue vers le bas, pour qu'elle soit tendue. Alors, avec la pointe du tournevis je me suis dechiré la chair, depuis l'oeil jusqu'à la comissure des lèvres. J'ai hurlé, je me suis agenouillé sur le sol et j'ai donné de grands coups de points sur le carrelage. Ca fait mal, un mal de chien mais, curieusement, ça ne saigne pas, non ca rougit juste. Les dents serrées et les yeux mouillés j'ai recommencé, deux, trois, quatre fois et à chaque fois j'appuyais plus fort, il fallait que cela marque pendant des jours. Je pleurais, je souffrais mais j'avais dans la tête un sentiment de bien-être inexplicable, je me sentais soulagé, voire excusé, ce qui était stupide au possible mais je ne pouvais faire autrement, je me sentais bien. J'ai voulu faire un dernier passage, cette fois le sang coulait, doucement, délicatement, j'en avais le goût dans la bouche et j'aimais ça. J'ai donc recommencé, encore une fois, mais mon geste fut trop brutal et la pointe à traversé la joue, j'avais du appuyer à un endroit déja bien abimé parce que ma peau à craqué comme un vulgaire morceau de papier. J'ai encore crié, hurlé, parce que là, j'ai vraiment senti le tournevis. Je l'ai retiré doucement, ça brulait, comme si on me faisait couler de l'acide sur la tronche et lorsque j'ai sorti l'outil de ma joue, j'ai vu le trou qu'il avait fait, pile au milieu de toutes les marques que j'avais faites juste avant. Je ne sentais plus mon visage, l'oeil, au-dessus de la joue blessée, ne voyait presque plus rien. Je me suis collé devant le miroir et j'ai regardé, c'était pas beau à voir, ça n'allait pas être simple de cacher ça.Je me suis fait un fixe, pour calmer la douleur, et je me suis assis sur mon lit. J'ai posé une bande de gaz sur ma joue et je me suis allongé, j'ai profité de la montée d'héroine. Alors j'ai réfléchi, ce que je voulais c'était me punir, moi qui détestait parler aux gens ou qu'on me pose des questions, j'étais dans une belle merde mais voila, c'était le but recherché. J'allais devoir subir les regards désapprobateurs, les questions à la con, les critiques, les sermons, tout cette merde allait faire de ma vie un enfer.  Je me suis finalement endormi, me préparant à ce qu'allait être ma journée du lendemain, je n'ai pas rêvé, j'ai juste dormi. La question est de savoir pourquoi il m'a été impossible de me retenir, pourquoi je n'ai pas été capable de m'empêcher de faire ça, quelle saloperie, faut toujours que ça tombe sur moi.

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