"Sur le ring - Le sang appelle le sang" Extrait 3
Ange Marando
Sept longues heures ! Quel ennui ! Quel stress ! L'atterrissage. Une foule de personnes en ce mois de juillet 1969. Joie, cris, pleurs, rires, acclamations... La foule et encore la foule, une ville immense, des buildings vertigineux !
Mais où suis-je ? Que se passe-t-il ? Quel inculte j'étais ! Il faut bien dire aussi que dans notre famille, la télévision n'avait pas encore fait son entrée. À peine la radio, oui ! Mais ce n'était peut-être pas suffisant pour savoir que le 21 juillet 1969, à trois heures cinquante-six heure française, l'astronaute Neil Amstrong qui participait à la mission Apollo 11 était sorti du module lunaire « Eagle » et posait pour la première fois le pied sur la lune, suivi de son partenaire Edwin « Buzz » Aldrin.
Une éclatante victoire pour les États-Unis dans la course à l'espace engagée contre l'Union Soviétique. Pour ma part, l'heure de gloire était encore bien loin. J'imaginais déjà le charisme et la stature de mon entraîneur ! Peut-être avait-il été un grand champion dans sa jeunesse. Enfin, nombreuses furent les illusions à cet instant, alors que je commençais à m'engager dans ces couloirs interminables de l'aéroport en direction de la sortie. J'avais vraiment du mal à trouver le bon chemin qui devait me mener vers la porte 7 de cet immense hall entrecoupé de couloirs, d'escalators et de guichets en tout genre.
« Mais où se trouve ce putain de dépose-minute ? » injuriai-je, ne sachant pas à qui m'adresser. Ne comprenant pas cette stupide langue, je gesticulais pour essayer de me faire guider par le personnel très patient, mais impassible devant mes mouvements qui semblaient pour eux être des singeries.
« But... but, what are you doing ? Are You crazy ? »
« Go away, please ! »
Ces vives phrases qui sortaient de leurs bouches... D'ailleurs, leur façon de s'exprimer semblait bizarre. Comme si ils étaient en train de mâchouiller un chewing-gum. Tiens ! Voilà un mot anglais que je connais.
Quelques instants plus tard, les portes de la sortie s'ouvraient à moi. Non sans peine. Et derrière ces deux vitres géantes qui coulissaient devant moi, comme pour m'indiquer le chemin, se tenait Giaccomino Gartiglio. Sa main bougeait précipitamment, m'indiquant de me rapprocher, alors que l'autre restait appuyée pacifiquement sur le capot du taxi. Il m'attendait. J'étais désormais sous sa tutelle.
Pfiou ! Enfin quelqu'un qui parle ma langue, m'extasiai-je.
— Ciao, fighiù ! me dit-il
— Ciao, qui est-ce ? demandai-je en observant l'homme décrépit se tenant à ses côtés.
Il toussait souvent. Une main devant la bouche, l'autre se tenant les reins ou le dos. Ses jambes fléchissant à chaque quinte.
— Il va bientôt mourir non ? lançai-je ironiquement à Giaccomino.
— Je ne t'ai pas déjà parlé de lui ? C'est Vincenzo Rigatello, ton entraîneur ! s'exclama-t-il, celui qui va t'apprendre à botter le cul des boxeurs adverses. Ha ha ha ! s'esclaffa-t-il ensuite. Ce fut sa dernière réplique avant de m'inviter à prendre ce taxi qui devait me laisser devant mon appartement payé d'avance. Giaccomino prit place devant tandis que Vincenzino s'installa sur la banquette arrière avec moi. Durant ce bref trajet, aucune discussion entre nous, aucun signe de vie du lascar près de moi, uniquement les indications données par Giaccomino au chauffeur. Vincenzo s'était en fait assoupi.
Et dire que c'est ce minable qui va m'entraîner ! pensai-je dubitativement.
Environ une trentaine de minutes plus tard, alors que le taxi se dirigeait vers sa prochaine destination, je faisais face à un grand immeuble des années trente. Une ancienne pancarte suspendue à de fines chaînettes rouillées indiquait « Albergo Italiano». L'escalier de secours en façade faisait peine à voir. Me rendant compte que j'étais juste au-dessous de celui-ci, je me décidais à rentrer dans l'hôtel de peur que toute cette ferraille usée ne me tombe sur la tête. En guise d'accueil, dans le hall d'entrée, un vieil homme était endormi sur un cahier poussiéreux sans doute aussi âgé que lui, derrière un guichet à moitié délabré. Seule la sonnette, aussi brillante que de l'or massif, annonçait la couleur, prouvant qu'elle n'avait guère servi.
— Hummm... Excusez-moi monsieur. Euh… monsieur ? chuchotai-je.
— Hein ? Oui, oui, y a-t-il un problème jeune homme ? soupira l'homme à demi réveillé, qui commença à se titiller la narine droite sans aucune gêne apparente. Heureusement qu'il parlait italien.
— Ben… non ! Je voudrais juste avoir les clés de ma chambre, continuai-je calmement en serrant mes deux valises qui commençaient à devenir aussi gênantes que pesantes.
— Mouais… Nom de famille ? dégoisa-t-il gravement.
— Por… Portino ! balbutiai-je, relâchant la pression de mes poings, ce qui fit tomber au sol mes valises dans un fracas ahurissant.
— Aucun nom de ce genre ! Allez, foutez le camp espèce de sale gosse ! me lança-t-il tout en fixant l'endroit où l'impact avait eu lieu, comme si le choc pouvait abîmer ce sol qui n'était plus tout frais.
— Mais... mais... impossible ! C'est un ami qui a réservé une chambre pour moi ici ! Croyez-vous que je serais venu dans un endroit si… si… Bon… enfin, s'il vous plaît, cherchez à Gartiglio Giaccomino, il a peut-être réservé à son nom, articulai-je, complètement désespéré.
— Ha ! Jeune homme, mais il fallait le dire plus tôt que c'est monsieur Gartiglio qui vous envoie ! Tenez, voici les clés de la chambre, laissez-moi vous accompagner, reprit-il étrangement en changeant totalement son mode de procéder.
— Heu… OK ! Merci, répondis-je un peu hébété.
Quel comportement bizarre !
Il m'emmena au troisième étage. La solidité du plancher en bois laissait à désirer. On pouvait y passer au travers à tout moment. Les parois humides étaient recouvertes d'une tapisserie verte qui avait jauni avec le temps. De l'eau dégoulinait à même ces pans de murs troués, laissant apparaître des plaques de ciment qui s'effritaient par endroits. Après l'exploration plutôt sinueuse de ce vieil hôtel, nous nous retrouvâmes devant la chambre 307.
« J'espère que la chambre n'est pas dans le même état que cette porte ! », laissai-je échapper imprudemment de ma bouche.
Après m'avoir regardé d'un air dédaigneux, le vieux me remit les clefs et me souhaita un bon séjour dans son adorable immeuble. Mais bon ! J'étais enfin dans ma chambre.
Une fois mes valises à terre, je me lançai vers la fenêtre pour tenter de l'ouvrir. Mais impossible de la bouger ne serait-ce que de quelques centimètres. J'abandonnai donc cette tâche irréalisable pour en faire de même avec mon corps exténué, me propulsant d'un bond rapide sur ce lit miteux. Cette première nuit fut très agitée à cause d'une chaleur étouffante et du plancher qui semblait se craqueler au fur et à mesure que la lune disparaissait de devant la lucarne de ma fenêtre.
Peut-être le décalage horaire. Ou bien les pensées vers ma famille. Sans doute le moment difficile de mon départ pour New York. Je ne savais pas exactement ce qui m'empêchait de fermer l'œil, mais après un dur combat avec mon oreiller, je m'assoupis enfin.
laissez-moi vous accompagner, reprit-il étrangement en changeant totalement son mode de procéder.
· Il y a plus de 10 ans ·C'est lourd, deux adverbes + un PP Beaucoup de verbes de dialogues inutiles quand le personnage pense, ou quand ils sont deux. Les premières phrases essoufflent, mais c'est normal le stress du voyage ! Sinon c'est bien écrit. Les différentes émotions sont bien ressenties par le lecteur !
brune-el
Merci pour votre commentaire !
· Il y a plus de 10 ans ·Ange Marando