SUR L’ŒUVRE DE RICHARD ANTHONY
René Kalfon
« Je pouvais t'imaginer toute seule abandonnée sur le quai, dans la cohue des au revoir. » Depuis je ne peux plus t'imaginer ailleurs et autrement.
« Que c'est loin où tu t'en vas », un peu plus loin dans les paroles. Je les chante à Eva. « Que c'est loin où tu t'en vas ! Auras-tu jamais le temps de revenir ? » Je les chante à Laura et je lui dis alors que c'est à l'origine de ma découverte sentimentale d'un rapport scientifique entre l'espace et le temps. Je les chante à ma femme dont je suis amoureux. Elle le dit à Eugène. Eugène le dit à Eugénie. Et Eugénie se moque de moi. Elle me traite gentiment d'Albert Einstein de la chanson, puis me fait observer la rondeur de la terre et concéder enfin qu'à force d'aller loin l'un de l'autre, un jour ou l'autre, on se retrouvera. Je lui demande alors, tenaillé par un doute ancestral : « Dans la même gare et dans la même cohue des au revoir ? »