Sur un air d'autoroute

mesenviestextuelles

épisode 1     Giorgio n’est jamais revenu des toilettes. Après avoir écumé tout le     relais routier à sa recherche, Anna reprend la route désemparée en     direction du village où ils passent chaque année leurs vacances.  Une                     fois arrivée dans la maison familiale, Anna découvrira dans sa valise                     une lettre de Giorgio. Après avoir lu sa lettre, Anna comprit qu’il avait                   prémédité son acte. Trop lâche pour l’affronter en face, il la quitte                       pour changer de vie. Anna ne peut le croire et pleure son départ                           lorsque quelqu'un sonne à la porte...

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épisode 2     C'est Felipe, l'ami d'enfance de Giorgio, qu’elle connaît très bien.  Au comble du désespoir, Anna se confie à celui-ci et il lui révèle que Giorgio lui avait fait part de son plan quelques mois plus tôt.  Anna est brisée. Felipe tente de la consoler.


épisode 3     Malgré son chagrin, Anna commence à se faire à l’idée de refaire sa vie. Elle essaie de passer de bonnes vacances et donne le change devant les enfants. Felipe est au petit soin pour elle. Elle découvre qu’ils ont les mêmes goûts. Gentil, aimant et attentionné Felipe va tout mettre en œuvre pour lui faire oublier Giorgio définitivement.


épisode 4     De plus en plus troublée, Anna décide de s’étourdir dans les bras de Felipe. Après une nuit d’amour enflammée, Anna curieuse, profite de son absence pour fouiller dans ses affaires. Contre toute attente elle tombe sur la bague de Giorgio ! Aucun doute, il n’y en a pas deux pareilles, c’est sa bague !

épisode 5     Tétanisée, Anna est convaincue que Felipe et Giorgio sont de mèches. Elle s’imagine les pires scénarios : Que Giorgio se sentant coupable d’avoir abandonné sa famille, a demandé à Felipe de la séduire afin de réduire sa culpabilité. Folle de rage, elle va néanmoins se contenir et ne rien dire pour tenter d’en apprendre davantage.


épisode 6     Sombrant de plus en plus dans la paranoïa, Anna continuera à fouiller et à faire des recherches pour découvrir le plan machiavélique de ses deux amants.


épisode 7     Anna découvre de plus en plus d’indices qui lui font douter de la bonne foi de Felipe. Après avoir mis l’appartement à feu et à sang elle va enfin découvrir la terrible vérité : Felipe séquestre Giorgio. C’est lui qu’il la kidnappé sur l’autoroute, et depuis il  l’oblige à lui révéler tous les secrets sur Anna pour mieux la séduire.


 

épisode 8     Malgré son choc, Anna essaie de libérer Giorgio. Felipe revient plus tôt et les découvre. Contre toute attente au lieu de faire preuve de violence, il est pris d’une intense culpabilité et fait son mea culpa. On ne peut pas condamner un homme amoureux pleure-t-il. Mais Giorgio ne l’entend pas de cette oreille, et fou furieux une fois libéré, il va tuer Felipe de sang-froid.

épisode 9     Affolée mais heureuse d’avoir retrouvé son mari, Anna et Giorgio décident d’enterrer le corps de Felipe près de l’autoroute A666 et de quitter définitivement ce village maudit.

Épisode 10  Après avoir caché toutes les preuves pouvant les accabler, ils s’en vont prêts à revivre une vie normale…….. Mais sur l’autoroute A666, il se passe bien des choses étranges……………..

1er épisode :

Allez les enfants, vite vite on se dépêche de monter dans la voiture sinon on va arriver à la tombée de la nuit et déjà que papa et maman n’ont pas trop le sens de l’orientation. Allez Léon, Tania, zou dans la voiture.

Où est papa? Demanda Tania.

Il est parti aux toilettes.

Quinze minutes plus tard, Giorgio n’était toujours pas revenu. Impatiente, Anna essaya de l’appeler sur son portable mais elle tomba directement sur sa messagerie.

« Allez dépêche-toi gros ballot moi et les enfants nous sommes pressés d’arriver à destination. »

Cinq minutes plus tard il n’était toujours pas revenu. « Je me demande à quoi cela sert d’avoir un portable s’il est toujours éteint ». Les enfants ne bougez pas je vais chercher papa.

Anna sortit de la voiture et alla se poster devant les toilettes pour hommes. Après avoir crié plusieurs fois son nom, elle se risqua d’ouvrir la porte des toilettes, réitérant son appel. Surprenant un homme nu de dos en train de faire pipi, elle se ravisa, gênée. Quelques instants plus tard, l’homme sorti des toilettes et lui jeta un regard vicieux. Profitant du passage libre, elle rentra dans les toilettes en criant le nom de son mari. Rien n’y personne à l’horizon. Elle ressortit à toute allure et courut en direction de la voiture, convaincue que Giorgio y était revenu en son absence……..Personne….

Excédée, elle se pressa de retourner dans le restaurant afin de le chercher……puis elle alla à la station-service, fit le tour, retourna au restaurant……..En vain, il n’y avait aucune trace de Giorgio nulle part. 1h plus tard, après avoir écumé toute la station-service et appelé Giorgio plus d’une trentaine de fois, Anna se décida à prendre la route. Inquiète, elle aurait bien attendu plus longtemps mais la nuit s’apprêtait à tomber, et elle n’aimait pas conduire la nuit.

Elle n’était pas superstitieuse et ne croyait pas à toutes ces balivernes toutefois une vieille légende accusait la route A666 de nombreux accidents. Considérée un peu comme le triangle des Bermudes côté terre, de nombreux véhicules auraient disparus sur cette autoroute. Apparemment, on ne les auraient jamais retrouvés et vu que l’autoroute porte le nom du diable…A666, il n’en avait pas fallu plus pour que toute une multitude d’histoires abracadabrantes soient racontées à ce sujet…Anna était une personne cartésienne donc elle n’y prêtait pas vraiment attention toutefois, là, toute seule sur l’autoroute elle était moyennement rassurée.


Surtout que la route qui les menait à leur destination finale ne lui inspirait guère confiance. En effet, elle était très escarpée, peu éclairée et malgré qu’elle la connaissait par cœur pour l’avoir empruntée environ une dizaine de fois, elle ne l’avait toujours pas apprivoisée. Giorgio n’ont plus d’ailleurs malgré que ce village était le sien et  qu’il y avait grandi, il était incapable de s’y retrouver ….. Après la montée à flanc de coteaux, à la lisière du bois, il y avait un embranchement qui débouchait sur deux petites routes. Comme le panneau était presque illisible, il fallait ajuster ses lunettes pour réussir à déchiffrer le nom marqué dessus. Donc la plupart du temps ils se trompaient de route….


Pourtant Anna insistait depuis longtemps déjà pour avoir un GPS. Mais Giorgio ne voulait pas d’une aide « technologique », il ne voulait compter que sur sa mémoire car comme il le disait tout le temps, « il faut faire travailler ses méninges et arrêter de se reposer sur les moyens technologiques du bord ». Il était convaincu qu’à terme les robots allaient remplacer les hommes et que nous allions tous nous retrouver au chômage. Il ne voulait pas contribuer à la fin de l’ère de « l’humain » comme il se plaisait à le dire.

Il perdait donc inévitablement deux heures à chaque fois pour reprendre la bonne route alors pourquoi s’obstinait-il ? Juste pour la sauvegarde de l’humain, il contribuait à la montée de tension de sa femme ? Car elle était plus qu’impatiente de retrouver sa maison, le Hameau des Belles-filles. Elle attendait ce rendez-vous toute l’année. Et deux heures de perdues, sur une vie, c’était une perte de temps considérable .Et s’il préservait l’espèce humaine en refusant un GPS, il mettait la sienne en danger car le stress est la première cause de mortalité en France….

Ca la faisait sourire car à chaque fois ils  en débattaient pendait des heures…….Ils avaient tous les deux la tête dure comme du roc et chacun campaient sur ses positions……Mais malgré tout ils s’aimaient profondément même passionnément après 12 ans de vie de couple. Anna l’avait dans la peau son Giorgio, il était l’air qu’elle respirait. Même si elle affichait clairement des sentiments plus enflammés à son égard et que comme tout homme Giorgio montrait moins les siens, par pudeur ou par fierté, elle savait pertinemment que sa famille comptait plus que tout pour lui….. Enfin elle faisait tout pour s’en convaincre……..Où était-il passé ? Anna était inquiète elle n’aurait peut-être pas dû quitter la station-service aussi rapidement……….Mais la nuit tombait et puis si Giorgio n’était pas revenu elle n’allait quand même pas croupir dans ce relais-routier ! Heureusement les enfants  s’étaient assoupis…….Et Giorgio savait où les trouver mais c’était fou cette histoire, qu’est-ce qu’il pouvait bien fabriquer……

Connaissant son mari et sa sociabilité, il aurait très bien pu recroiser une vieille connaissance et avoir filé au bistrot du coin pour y boire rapidement un canon oubliant l’heure. Mais elle avait ratissé tout le périmètre et à part la sinistre cafétéria, il n’y avait aucun bar à l’horizon………Farceur, il aurait aisément pu se cacher pour se délecter de la voir le chercher aussi………Il lui avait déjà fait le coup à maintes reprises. Elle se souvenait très bien de cette soirée costumée chez leur pote Dédé, où Giorgio déguisé en bugs Bunny avait filé à l’anglaise pour se cacher dans l’une des commodes de la maison. Anna s’était inquiétée de sa disparition et avait retourné l’appartement de Dédé pour le retrouver. L’apercevant dans la chambre, depuis son armoire, il avait soudain bondi comme un diable de sa boîte, et Anna avait bien failli faire une crise de tachycardie. Giorgio la faisait tourner en bourrique……Mais là, il ne lui aurait pas fait un coup pareil……Car Giorgio savait à quel point Anna était impatiente de rejoindre le Hameau des Belles Filles……..son havre de paix. Même si c’était un incorrigible blagueur, il ne lui aurait pas fait perdre un temps si précieux. Elle ne cessait de cogiter et de chercher un motif, une raison valable et plausible à sa disparition.

Elle composa pour la énième fois son numéro mais en vain………

Une heure et quart plus tard, Anna rejoignait la maison familiale du Creux-Du-Vent. Par miracle, elle ne s’était pas trompée de route. Comme quoi, le fait de ne devoir compter que sur soi-même peut vous révéler une force insoupçonnée. Comme elle l’aimait cette vieille maison. Lorsqu’elle avait rencontré Giorgio, il l’avait tout de suite emmené passée quelques jours ici. Au début, Anna s’était demandée ce qu’elle allait bien pouvoir faire dans ce patelin désert. Surtout que la maison était plus que défraîchie et bien désuète avec sa décoration moyen-âgeuse et ses volets rouges criards. De plus, elle était vraiment isolée au milieu d’un parc. Mais petit à petit, cet endroit lui était devenu indispensable. Elle était tombée amoureuse de ce grand chêne au feuillage doré qui était planté juste devant la fenêtre du premier étage. Elle se plaisait à lire dans le jardin, accompagnée par une douce brise. Elle aimait se balancer sur la vieille balançoire entre deux arbres. Même si celle-ci était très vétuste et menaçait de s’écrouler à tout moment, elle n’avait pas peur de s’y laisser bercer pendant des heures.

Cet endroit était un oasis de calme et de détente. Un lieu de recueillement. Elle n’était jamais plus ressourcée que lorsqu’elle quittait ce lieu magique. Et elle en avait bien besoin d’être ressourcée car à Paris l’agitation urbaine, son métier certes passionnant, de chef de projet dans une boite de communication mais harassant, ses deux enfants, enfin plutôt ses trois enfants avec Giorgio à élever ne lui laissait pas beaucoup de temps pour elle.

C’est pourquoi elle n’avait jamais souhaité passer ses vacances ailleurs et que chaque année à la même date, depuis maintenant bientôt douze ans, ils venaient trois semaines au Creux-Du-Vent. Pourtant Anna détestait la routine et avant de rencontrer Giorgio, elle ne cessait de sillonner le monde à l’affut de nouvelles destinations inédites. Mais depuis qu’elle avait rencontré le Hameau des Belles Filles, il lui était inenvisageable de passer ses en vacances ailleurs.

Anna gara la voiture dans le parking. Puis, elle réveilla délicatement les enfants. Elle leur avait fait croire que papa avait dû faire une course urgente pour son travail et qu’il les rejoindrait plus tard. En effet, Tania était folle de son père et supportait déjà mal son absence alors si elle lui révélait qu’il avait disparu pour une raison qu’elle-même ignorait, elle avait peur de sa réaction.

Elle coucha les enfants et elle alla se servir un bon verre de vin. Elle déferait les valises plus tard, pour l’heure elle n’en avait pas la force. Malgré l’angoisse de la situation, cette maison l’apaisait c’était incroyable. Là, assise dans ce vieux fauteuil de cuir délavé, le feu qu’elle venait d’allumer qui crépitait dans la cheminée, elle se sentait merveilleusement bien. Et ce silence, ce fameux silence qui au début l’avait oppressé, lui était vital à présent. Depuis qu’elle venait dans cette maison, elle se délectait de ce silence. Celui-ci lui remettait les pendules à l’heure, lui donnait l’occasion de se retrouver avec elle-même. De faire le point……Il était maintenant plus de 22 heures et cela faisait trois heures qu’elle n’avait aucune nouvelle de Giorgio. Le doute commençait à l’assaillir… Elle essayait tant bien que mal de se calmer mais elle commençait à imaginer le pire : Il avait fait un malaise et il était tombé dans les pommes dans l’un des recoins du relais…….Ou pire encore il avait fait de mauvaises rencontres dans les toilettes….Une bande de voyous comme il en trainait souvent dans les restau routes avaient dû essayer de le voler puis l’avait tabassé en le laissant à moitié mort quelque part ……………..Elle pensa appeler les urgences ou la police mais elle savait qu’on ne la prendrait pas au sérieux, que les disparitions se signalaient après 48 heures alors elle abandonna très vite cette idée.

Anna décida d’aller se coucher pour arrêter de cogiter de la sorte………elle y verrait certainement plus clair au petit matin.. Après avoir fini son verre de vin cul sec, elle monta la rampe et se coucha directement après s’être à peine déshabillée. Elle était épuisée. Elle avait peur de ne pas trouver le sommeil en ne sachant pas où se trouvait Giorgio mais finalement elle sombra rapidement. Son sommeil fut très agité et elle se réveilla en sueur à 4h du matin.


De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front……C’était une chaude nuit du mois de juillet mais ce n’était pas la température qui l’a faisait transpirer………Elle n’avait pas arrêté de faire des cauchemars, rêvant que Giorgio gisait sur l’autoroute A666 en sang, et qu’il s’était fait renverser par une voiture, celle qu’elle conduisait en l’occurrence. Anna commençait à avoir des bouffées de chaleur. Elle descendit dans la cuisine pour se servir un verre d’eau. Elle n’arriverait plus à s’endormir c’était fichu à présent. Décidant de s’occuper, elle commença à défaire les valises, tout en étant discrète pour ne pas réveiller les enfants. Elle empilait soigneusement toutes ses jolies robes d’été lorsqu’une lettre au fond de sa valise attira son attention. Après l’avoir ouverte, elle commença à la lire. Au fur et à mesure de sa lecture elle blêmissait…………Elle dû s’asseoir sur le lit pour ne pas faire un malaise. C’est Giorgio qui lui avait écrit cette lettre et voilà ce qui lui disait :

Chère Anna,

Lorsque tu découvriras cette lettre je serais probablement déjà loin. Je sais que ma muflerie va te faire du mal mais je n’ai malheureusement pas eu le courage d’agir différemment. En effet, depuis quelques temps déjà, je songe à partir mais je tente de me résonner……Malheureusement cette envie me rattrape c’est pourquoi je n’ai pas d’autres choix aujourd’hui que de l’écouter. Je m’excuse d’avance pour la peine que je te fais et de l’avoir fait de cette manière mais si j’avais du t’affronter en face je ne serais jamais parti. Je sais que tu es une femme forte et que tu sauras rebondir. Je ne peux te rendre heureuse si je ne le suis pas moi-même. A l’aube de mes 40 ans j’aspire à vivre différemment. Sache que toi et les enfants vous serez toujours dans mon cœur. J’essayerai de te donner des nouvelles mais comme tu dois t’en douter je vais partir très loin…En effet, j’ai décidé de réaliser mon rêve de vivre en Australie.

Prends soin de toi.

Giorgio.


Anna était au bord de la crise de nerfs………..Ce n’était pas possible, c’était un mauvais rêve………….Il ne pouvait pas l’abandonner, elle et les enfants, le jour de leur départ en vacances. Il n’allait pas quitter sa famille pour réaliser ce rêve absurde, ce rêve d’adolescent de partir en Australie. Tout ça parce qu’il avait eu un coup de cœur pour Sydney en regardant un reportage à la télévision !

En effet, Giorgio avait ce rêve fou depuis plusieurs années, il rêvait de s’expatrier à Sydney depuis qu’il avait vu ce documentaire et il n’avait cessé d’en parler à Anna. Il n’arrêtait pas de se documenter à ce sujet et l’hiver passé, ils étaient partis plusieurs semaines là-bas. Giorgio comme il l’imaginait, avait été conquis par cette ville, au point même de demander à son travail s’il y aurait la possibilité de s’y faire muter……..Anna avait bien aimé la ville, mais sans plus et il n’était pas possible pour elle de quitter Paris, d’y laisser toutes ses amies et sa famille. Et puis, c’était beaucoup trop loin, elle ne voulait pas déraciner les enfants  bref c’était impensable. Surtout elle ne pouvait s’imaginer loin de son Hameau, de cette sérénité qu’il lui procurait et dont elle avait  tant besoin…..

Giorgio ne cessait de lui rebattre les oreilles à ce sujet, il l’a suppliait d’essayer au moins d’y partir une année pour voir si elle finirait par s’y plaire mais pour elle c’était hors de question……. Et puis Giorgio était farfelu, il avait tout un tas d’idées et d’envies mais connaissant sa démesure elle n’avait pas vraiment prêté attention à son délire…….Car oui pour elle c’était un délire……..Mais ça n’en était pas un apparemment étant donné qu’il était prêt à tout abandonner pour partir vivre son aventure. Mon dieu, est-ce qu’elle aurait dû le prendre au sérieux ? Mais c’était normal de ne pas prêter attention à toutes ses folies, sinon elle ne s’en sortait plus ! Elle le connaissait son Giorgio, il aurait été capable de partir vivre dans une cahutte en bois……..Toutefois, après avoir mûri ses projets il se rendait vite compte que ce n’était pas viable………..et elle pensait que ce serait pareil pour l’Australie………

Elle éclata d’un rire dément .Non c’était absurde c’était une aberration ! Si Giorgio souhaitait vraiment partir là-bas envers et contre tout, il le lui aurait dit en face, il ne serait pas parti en cachette le jour même de leurs vacances en disparaissant dans un relais routier……..Mon dieu non, il ne pouvait pas lui faire ça ! Pas après douze ans de vie commune ! Il aimait ses enfants, il ne pouvait pas partir aussi loin sans eux, renoncer à les voir comme ça, sur un coup de tête !

Anna était au comble du désespoir et se mit à sangloter. Ne réussissant plus à contenir ses larmes, elle décida de sortir dans le jardin pour ne pas réveiller les enfants. Epuisée, désemparée, elle tomba sur une pierre dans le jardin et s’effondra au pied du grand chêne. Comment peut-on traiter les gens avec autant de légèreté ? Comment osait-il l’abandonner comme une moins que rien après toutes ces années de confiance et d’amour ? Tout ça pour un vulgaire voyage ?

Anna pleurait de plus en plus belle. Tout se bousculait dans sa tête. Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir dire aux enfants ? Et il était parti comme ça sans penser à toute la paperasse ! Anna d’un pragmatisme à tout épreuve ne pouvait s’empêcher de penser aux détails logistiques…..Elle s’en voulait car elle avait toujours été trop carrée, trop réglée et elle réussissait encore à penser à la paperasse liée à une procédure de divorce alors qu’elle venait de perdre son mari………C’était peut-être ça qui avait fatigué Giorgio, son manque de prise de risques, de grain de folie…….. Après tout peu importe le lieu si vous êtes auprès des gens que vous aimez. Prise d’un regain de dynamisme, elle courut à l’intérieur pour chercher son téléphone portable. Elle voulait crier son amour à Giorgio, lui dire qu’elle était prête à le suivre au bout du monde pour le garder ! Elle composa le numéro la main tremblante mais il était toujours sur messagerie ! Il était probablement déjà dans l’avion ! Ivre de rage elle explosa son téléphone sur la balançoire du jardin et agonisa de plus belle.

Elle rentra prendre deux somnifères et finit la bouteille de vin qui traînait sur la table. Elle s’en fichait de sombrer dans le sommeil et de ne jamais plus se réveiller tant sa plaie béante lui faisait mal. Elle avait l’impression qu’on l’avait opéré à cœur ouvert. Elle n’avait jamais autant souffert à part il y a quelques années quand elle avait soupçonné Giorgio d’avoir une aventure. Alors qu’en réalité, la femme qu’il côtoyait souvent n’était qu’une amie, rien de plus, selon ses propres mots. Elle l’avait cru mais elle s’était difficilement remise de cette période d’incertitude. Avec le recul maintenant, il s’était certainement bien moqué d’elle. Elle aurait dû se douter de comment cela allait finir, Giorgio avait toujours été instable émotionnellement. Il avait une peur phobique de l’engagement. S’ils s’étaient mariés c’était parce qu’elle était tombée enceinte par accident. Sinon ils seraient probablement toujours en concubinage. Anna, aveuglée par l’amour, avait eu l’espoir que Giorgio change avec le temps. D’ailleurs, elle rêvait d’avoir un autre enfant mais Giorgio trouvait que deux c’était déjà bien suffisant. Heureusement du reste, qu’elle avait eu ses deux enfants en même temps car sinon elle aurait dû s’en contenter d’un seul. Léon et Tania étaient des faux jumeaux. Ses enfants étaient toutes sa vie, depuis leur naissance elle avait complétement revu ses priorités. Au début, elle était carriériste, et voulait devenir manager de son équipe et avait même eu la prétention, un temps, de vouloir prendre la direction de sa boîte. Mais depuis qu’on lui avait mis ses deux enfants dans les à la maternité, il y a de cela bientôt 8 ans, toutes ses ambitions s’étaient évaporées. Même si Giorgio aimait très sincèrement ses enfants, il n’était pas le papa poule qu’elle aurait aimé qu’il soit. Tania ressemblait énormément à sa mère. Elle savait que comme elle, Tania allait s’enticher d’hommes froids et plutôt distants. Elle savait que sa fille était aussi sensible qu’elle si ce n’était plus. Elle était fragile et elle voyait qu’elle était toujours dans l’attente d’une attention ou d’un mot gentil de son père. Léon en revanche ressemblait beaucoup à Giorgio. Il était fort et ne prenait pas du tout les choses à cœur comme sa sœur.

L’effet des médicaments et de l’alcool commença à se faire sentir et elle sombra dans le sommeil………..Elle dormi très peu et de manière bien agitée….Elle ne cessait d’être réveillée par de terribles cauchemars……Elle entendait quelqu’un qui tambourinait à sa porte……de plus en plus fort…….Elle était persuadée qu’elle rêvait à nouveau mais quand Tania réveillée par le bruit vint alerter sa mère, elle comprit que c’était bel et bien réel.

Mais qui pouvait bien venir les trouver à une heure aussi matinale alors qu’elle était dans un bled qui était à peine mentionné sur une carte ?





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