SUSPENSION.

Edgar Fabar

Le bateau était chargé

Il portait les manteaux d'hiver

de cent esclaves en cale

c'était un rafiot, il tanguait non loin de l'Argentine,

au soleil des tangos froids

Aucune vague

ne répare le cafard

Sur le pont

Un homme cassé

Voulant effacer ses pas sous les néons

A voix haute, il dit : "la terre est une bulle ronde

Légère, une planète en l'air

Avec ses coutures et ses cris"

Un rire général s'élevât 

Plus haut que le grand mât

Des mains se frottèrent

en surplomb des bêtes enfermées

Des idées qui sentaient la lune

Et les opiacés. 

Sous les désirs d'un vent

ému par les embruns

Comme un premier matin

Le souffle de l'univers

D'avant la célérité

et l'alcool ricanant.

Oh non seul, ce n'est rien

Parmi les braves

Que des copeaux de plages

et des faces endormies.

Rien n'est aussi gai 

que le chant des baleines. 

 

 

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