Ta chambre en mai
Eaven Is Back
C'était un dimanche matin, très tôt. Nous dormions dans ta chambre. Je ne me souviens pas lequel de nous deux avait réveillé l'autre. Tu avais dix-sept ans et j'en avais dix-huit. Cela faisait six mois que nous faisions l'amour ensemble. Nous ne nous en lassions pas. Nous essayions les trucs les uns après les autres, j'étais ta première petite amie et toi, que j'aimais à la folie depuis trois ans déjà, tu étais le premier aussi.
On voyait le soleil de ce matin de mai au travers de tes persiennes. Les rayons lumineux éclairaient nos deux corps. Nous adorions nous réveiller avant tout le monde. Ta maison toute entière était enfin silencieuse après les fêtes et les soirées des copains du lycée. Ta chambre était au deuxième étage de cette maison bourgeoise, toute blanche et très chic, que ton père avait hérité de ses parents. Devant la maison, il y avait un minuscule jardin qui donnait sur une villa, l'une des plus jolies et des plus prisées de notre ville.
Au réveil, c'est toujours délicieux de s'embrasser. On est encore dans la tiédeur des draps. Les corps sont alanguis et se frôlent.
Ta bouche faisait revivre ma peau, douce sous tes mains et je glissais sur toi pour sentir tes frissons. J'ai descendu tout le long de ton torse gracile en léchant lentement ce petit goût salé, jusqu'à ton sexe en érection qui frémissait en espérant mes lèvres. Je me souviens très bien de m'être agenouillée au milieu de tes jambes et de t'avoir embrassé, serré, pris tout entier dans ma bouche dont je découvrais, moi aussi, la profondeur inespérée. Tu expirais avec des petits râles et je savais que je n'arrêterais pas avant que tu n'exploses. Voir ton plaisir monter parce que je savais inventer pour toi des caresses que je ne connaissais pas avant, mouillait mon corps d'une fine rosée de sueur. L'exquise sensation de mon sexe qui devenait humide et gonflé me faisait rougir derrière mes cheveux qui tombaient en flots légers sur ton ventre palpitant.
Tandis qu'une brume tiède recouvrait notre union, nous avons entendu les bonjours incongrus de deux de tes voisines. Madame Lafièvre et Madame Ragault se rendaient au marché et elles s'étaient plantées sous ta fenêtre pour papoter à l'aise. Je me suis arrêtée et tu as murmuré « Non, n'arrête pas » Mais les deux autres parlaient vraiment fort :
- Mon mari m'a dit qu'il avait mal au dos comme l'hiver dernier !
- Et moi, mon père qui a son rhumatisme qui le reprend…
L'enfer.
En te redressant, tu as posé tes mains autour de mon visage pour que je n'entende plus ce babillage dérangeant. Alors je t'ai repris dans ma bouche en m'abîmant dans notre trouble. J'ai serré mes mains sur les tiennes un instant pour m'isoler de ces deux vieilles bavardes qui dérangeaient si grossièrement la montée des ondes de chaleur que nous avions à protéger. Je les ai oubliées et j'ai oublié aussi les muscles de ma bouche qui me faisaient mal. Je t'ai ramené à moi lentement, amplement. Tu as gémi à nouveau, tu respirais plus fort, ton sexe était plus dur et mes mouvements plus précis, plus rapides. Et tu as joui dans ma bouche en criant doucement.
Je me suis relevée, j'avais envie de sourire parce que j'avais réussi à te donner du plaisir, parce que je me sentais comblée de t'avoir emmené jusqu'au bout de la jouissance. Mais j'ai gardé ma joie pour plus tard et j'ai à peine relevé les commissures de mes lèvres, en faisant attention. J'ai gardé la bouche bien fermée sur ton sperme qui piquait suavement ma langue et ma gorge. J'étais debout sur le lit et je t'ai fait un signe de la main pour que tu regardes bien ce que j'allais faire.
Tu t'es redressé sur un coude les yeux encore brillants et tu m'as envoyé un regard étonné, tu voyais bien que je n'avalais rien. J'ai traversé ta chambre, j'ai ouvert la fenêtre, les voix des deux pipelettes se sont élevées nettes et aigües. Entièrement nue, j'ai ouvert les volets, un flot du soleil de l'est est entré dans la chambre. Je me suis penchée au-dessus de la balustrade, fière de mon corps tout neuf d'amour et fière de mon succès, j'ai pris une grande inspiration et j'ai craché aussi loin que j'ai pu sur ces deux commères indiscrètes.
-Attention ! M'ame Ragault quelqu'un a envoyé quelque chose !
Je me suis rejetée en arrière, tu riais comme un gosse surpris et ravi de cette blague, j'étais heureuse avec toi de cette vengeance espiègle. Nous avons ri pendant un bon moment et je t'ai re mimé le crachat le plus sexy du siècle.
Tu t'es levé, tu m'as prise dans tes bras, tu m'as embrassée. Nous étions si heureux de nous, de nous aimer si fort...
Avec beaucoup de retard, compliments pour cette vengeance délicieuse !
· Il y a plus d'un an ·astrov
Pas de commentaire sur ce texte ? Très charmant texte.
· Il y a plus de 2 ans ·reverrance