Tableau de campagne

Lucius Orbs

À ma grand-mère

La fraîcheur de la nuit m'habille d'un manteau noir,

Je vois de minuscules lucioles passer sans me voir,

Au-dessus de l'herbe où chantent les criquets.


Un feu de bois crépite au milieu d'une prairie,

Une vieille femme tricote et ouvre son caquet,

Tranquillement, elle devise avec son mari.


Des enfants jouent autour d'un chêne centenaire,

De jeunes amoureux s'aiment dans un feu de paille,

Des parents discutent de leur vie vaille que vaille,

Sur le ton de la plaisanterie, d'un air débonnaire.


Un chaton endormi est perché sur une branche,

Un renard roux le contemple de ses immenses yeux,

Un papillon nocturne volette là-haut, dans les cieux,

Il répand une pluie de lumière dans le soir pervenche.


Je cueille un coquelicot non loin et en respire le parfum,

Sa fragrance me fait perdre la tête jusqu'au lendemain.


Nageant dans le foin, je fais des rêves oniriques,

Presque palpables, ils en deviennent amnésiques.


Signaler ce texte