T’as plus huit ans, mais tu peux encore courir

romualdmartin

poésie contemporaine

Encore un matin peu glorieux

Où mes mains sentent l'amour

Le solitaire, ermite et pas trop fier

Où je vais me jeter de mon lit

Dans la fosse à requins

Celle des hommes et du vin

Après quelques cafés

En gorgées harassantes

Plein de chaud

D'enfants morts

Qui ont cueillis les fruits

Je vais rayer la honte

D'un trait de plume, d'une douche

Et puis je vais courir

Tentant de revoir le soleil


Comme un enfant de huit ans

Qu'aurait un chien au cul

Ce chien se serait la mort

Mais j'aurais des chaussures

Des chaussures qui courent vite

Avec des ailes aux pieds

On dirait que je serais immortel

Sans valise et sans larmes

J'attraperais le vieil astre

On dirait que je le mettrais au lit

On dirait que je le borderais

Et on dirait qu'ensuite

Je lui raconterais mes journées

Mes petites merveilleuses

Pour qu'il s'endorme en paix


Mais on a plus huit ans


Encore un matin peu glorieux

Ou mes mains sentent l'amour

Celui du solitaire qui se lève

Dans la lie du matin

Sans chaussure à ses pieds

Juste des pantoufles de vieux

Je vais me foutre par la fenêtre

Il me regardera tomber

M'invitant gentiment

A partager sa course

Jusqu'à la fin du monde

Une fois que le sol et moi

Serons liés d'amitié.

Encore un matin peu glorieux

Ou la pluie lave mon sang

Ou cet enfant pleurniche

Sur le froid du béton

Et d'un œil passager

Je verrais la rosée

S'élever dans le ciel

Attendant qu'un rayon

M'achève d'une caresse

Et me conte une histoire

Celle d'un gentil garçon

Qui lui chantait comptine

Avant

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