Taxi driver
Hervé Lénervé
- Je prends par là, ça roule toujours bien, par là !
- Faites pour le mieux, le tout étant que je sois à la gare de Lyon pour onze heures.
- Ah, vous n'y serez pas !
- Pardon ?
- Ça roule très bien par là, mais ça va à la gare de l'Est.
- Mais je n'ai pas envie de passer mes vacances dans les pays de l'Est, voyons !
- C'est un tort ! Vous vous y emmerderiez ferme, certes ! Mais par contre, c'est du gâteau pour le trajet en taxi. Alors, que fait-on ?
- Mais on va à la gare de Lyon, j'ai réservé une maison au Lavandou.
- Vous auriez dû y aller en avion. Ça roule bien pour aller à L'aéroport.
- Trop tard !
- Mais non ! On peut encore se débrouiller, j'ai la copine d'un ami qui connait une hôtesse de l'air qui n'a pas l'air fier et qui a souvent le cul en l'air. Je vais lui demander de nous arranger ça !
- Je ne prends jamais l'avion ! J'ai peur, car je ne sais pas voler.
- Vous n'avez pas appris cela, quand vous étiez petit, tout le monde sait marcher, nager, faire du vélo, mentir et voler.
- Bé, pas moi ! Moi, je prends le train, car je sais siffler.
- Mais les trains ne sifflent plus !
- C'est dommage !
- De toute façon, pour votre train, c'est trop tard, vous l'avez raté. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Ramenez-moi où vous m'avez chargé !
- Ok ! Je vais prendre par là, ça roule bien !
- D'accord, mais vous êtes sûr que cela va bien chez moi ?
- Aucune idée ! On ne peut pas gagner sur tous les itinéraires.
J'ai tendance ces derniers temps à favoriser les dialogues au détriment des descriptions, qui plantent le décor de la situation, l'ambiance qui donne le ton littéraire, la progression dramatique et le prix du bouquin. Donc !
L'éclairage bleu du tableau de bord me faisait penser à une crèche de Noël baignant dans l'irréalité immatérielle de notre imaginaire. Le compteur avait perdu sa petite aiguille, il ne comptait plus que sur la grande pour nous indiquer les vitesses. Une diode rouge clignotait pour faire jolie et annoncer, accessoirement, la survenue d'une panne d'essence. Plus bas, presque dissimulés, de petits cadrans bleutés inutiles et vaniteux, se chamaillaient entre eux pour chasser l'ennuie de leurs fatuités. Plus bas, il n'y avait plus rien sinon le vide de l'espace sidéral qui sidérait et attirait le regard dans les confins des abysses noirs de nos âmes comme un aimant attirerait les emmerdes. (Ha, ha, vous pensiez à un cliché, n'est-il pas ?)
C'est bon, ça suffit pour le décor, je ne vais pas faire du Balzac, non plus !
- Allez, allons-y alors ! on verra bien où cela ne nous mène pas.
- Cela ne nous mènera nulle part, je ne sais pas pourquoi je me démène à vous rendre service ? Notre histoire est impossible, sans issue, elle ne nous mène que dans un cul de sac. Nous n'aurons jamais d'enfants ensemble.
- Pourquoi, vous êtes stérile ?
- Non, je suis eunuque !
- Nobody is perfect.
- C'est dommage, nous aurions eu le premier nourrisson issu de l'union de deux hommes.
- Dommage, en effet.
- Dommages et intérêts.
- Les rois mages mâles n'ont pas eu d'enfants, alors ?
- Bé, non, ma foi !
Il en faut de la foi pour monter avec un tel taxiteur! Et je pèse mes mots ;)
· Il y a presque 7 ans ·Belles fêtes de fin d’année Hervé
nehara
Bonnes fêtes à toi aussi !
· Il y a presque 7 ans ·Hervé Lénervé
Par Saint Hubert que voila un récit bien envoyé.
· Il y a presque 7 ans ·yl5
Par tous les seins de ma femme, que voilà un commentaire plaisant ! :o))
· Il y a presque 7 ans ·Hervé Lénervé
Débridé, libre, inspiré, et la description du tableau de bord vaut son pesant d'or (ou de cacahuètes). Ya des bouquins connus, ce ne sont qu'interminables descriptions à n'en plus finir et c'est chiant.
· Il y a presque 7 ans ·arthur-roubignolle
Je suis un grand admirateur des descriptions de tableaux de bord. J’ai lu tout ce que nos grands auteurs classiques avaient écrit sur le sujet. :o))
· Il y a presque 7 ans ·Hervé Lénervé