Taxidermie - volet 12

Le taxi parisien est devenu on ne peut plus aimable et causant car il est en voie de disparition.

Il y a 4 statuts de taxis sur Paris. Le 1er, majoritaire, consiste à louer une licence et une voiture à la semaine, le second achète sa licence (passée de 140 000 € à 250 000 € ces 4 dernières années), le troisième est salarié d'une boite de taxis ou d'une coopérative (taxis G7)qui possèdent un  certain nombre de licences, le quatrième je ne sais plus.

Outre le fait que le patrimoine d'une licence devient non transmissible à ses enfants compte tenu des droits de succession qui sont devenus les mêmes que pour le patrimoine immobilier, la spéculation qui a fait augmenter ces licences en 4 ans est bizarre, voire voulue par l'Etat pour percevoir plus à chaque étape de rachat de ces licences.

Or tout le monde sait que des licences de taxis personne n'en veut plus aujourd'hui ! Entre Uber et les VTC, le taxi c'est fini !Faut être fou pour s'engager dans ce métier vu l'écosystème concurrentiel.

Les VTC, fourgon dit de luxe genre mini limousine vitres fumées, ce sont des travailleurs indépendants qui louent le véhicule pas du tout aux tarifs de la Licence taxi, donc hors système général, de façon mystérieusement tolérée. Cela fait hurler les taxis qui ont l'obligation de payer ce « droit limité » à exercer.

Uber a offert son application aux conducteurs de VTC de façon à ce qu'ils soient disponibles auprès des clients qui veulent mettre à sac le régime des taxis (régime tellement privilégié c'est bien connu on se fait des couilles en or à ce poste de travail). Uber achète donc les conducteurs de VTC. Car normalement l'application Uber coûte 250€ à qui veut devenir un conducteur Uber.

Donc quand tu n'es pas assez riche pour te passer de devenir un conducteur Uber, tu adhères à cette entreprise par une cotisation de 250 € pour avoir l'application magique qui te met en relation avec les clients.

Les courses sont prépayées par carte bancaire, la course est débitée le lendemain et le coût peut différer par rapport au devis annoncé. Mais tu ne peux pas faire grand chose contre Uber une fois qu'il a ta CB. Bien sûr Uber a son  siège social au Luxembourg et ne paye aucun impôt sur les sociétés en France. Il n'a pas de salariés, en cas de litige, chaque client devra en appeler à son assurance civique si cela entre dans le cadre du contrat (assez improbable).

Les cas de harcèlement se multiplient puisque le client donne son numéro de portable à un inconnu non salarié sans aucune pression au licenciement et sans aucune responsabilité professionnelle. Ils n'ont d'ailleurs pas d'assurance pro contrairement aux taxis qui sont couverts sur tout intégralement puisque leur voiture, leur conduite et leur comportement c'est leur fond de commerce, leur patrimoine et leur corporation.

Les conducteurs Uber paient 20% du montant des courses à Uber et paient des impôts sur les bénéfices (on oublie les charges de protection sociale, chacun se gère de ce côté là, il n'y a pas de caisse professionnelle évidemment). A la fin, il ne reste presque rien dans la poche du gars mais il a l'impression d'arrondir ses fins de mois. En fait il se sociabilise, il travaille, et il fait tourner le PIB (somme des transactions commerciales du pays). Il casse un tissu mais il s'en fout vu qu'il en est exclu depuis longtemps.

Ensuite Le cheval de Troie de Amazon. Drôle de nom. C'était sur le web il y a deux ans (je ne le retrouve pas aujourd'hui, il a peut-être disparu) un site web donnant la possibilité pour toute personne travaillant devant un ordinateur de traduire quelques lignes ou davantage, entre deux, en pause quoi, de sa langue vers l'anglais et inversement. Le tout payé en centimes d'euros les 10 min.

Un travail que seuls des indiens auraient accepté.

Depuis, les logiciels de traduction des pros sont devenus de plus en plus justes dans leur traduction, les traducteurs pros sont d'ailleurs mieux rémunérés à relire un texte traduit par une machine que quand ils traduisent eux-mêmes (sauf expertise particulière bien sûr). Le métier va disparaître et les complices sont partout.

Qu 'est ce que cela montre ?

La fin du travail ok et des métiers encore plus !! Un monde d'amateurs.

Tous les métiers (même médecin, politicien etc) pourront être faits par des ordinateurs à terme. Tout ce qui relève de la connaissance, de la masse d'infos et de son organisation, sa hiérarchisation et même la prise de décision en fonction du plus probable ou du plus opérationnel ou du plus stratégique ou, ou... tout cela un ordi le fera.

Qu'est ce qu'un ordi ne fera pas ? Établir de nouveaux paradigmes. Se prendre la tête. Fabriquer il pourra, créer il pourra (ce n'est qu'un recoupement d'infos existantes souvent).

Il ne pourra pas prendre de risques vers l'inconnu. Voilà où se trouve le facteur limitant.

Cela ne fait pas beaucoup avancer de dire ça.

On nous dit tous les enfants doivent d'urgence apprendre à coder comme aux Etats-Unis, on est tellement en retard. Il va falloir coder coder programmer tous ces ordinateurs. L'homme au service de la machine. La prolétarisation comme le rappelle Bernard Stiegler en citant Marx. L'homme qui s'en remet à la machine en oubliant ses propres savoirs et savoir faire n'est qu'un ouvrier d'usine. (Je caricature et je m'excuse d'avance car j'ai bien compris qu'il ne faut pas rigoler avec les citations des penseurs et que je m'expose à l'excommunication sociologique mais sincèrement comparée à l'exclusion sociale qu 'est ce que c'est ?)

Bon voilà.

Croire qu'il n'y a pas de prévisionnel dans la suppression de tous ces emplois c'est être naïf ou bigot.

Croire au système c'est d'ailleurs un marqueur de l'âge qu'on a (vieux).

Un jeune normalement constitué cherche le nouveau système. Moderne.