Technologies, guerre et (para)militarisation: des drones à la police

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La façon de faire la guerre est-elle foncièrement différente d’il y a cinquante ou cent ans grâce à la technologie? La guerre ne se retrouve t-elle pas dans nos rues désormais?

« Armed and Dangerous: How Mission Creep is Turning Cops into Warriors », le titre du texte de John Lorinc synthétise parfaitement la question de la militarisation de la police qui pose problème et installe le champs de bataille à domicile. Les policiers censés engendrer respect et confiance deviennent petit à petit l'ennemi du peuple. L'article du Huffington post fait référence à la mort du jeune Michael Brown, une bavure policière parmi d'autres qui se font de plus en plus fréquentes.

Dans ce climat tendu entre citoyens et forces de police, il semblerait que l'attirail militaire dont ils profitent ne fait que mettre de l'huile sur le feu. La guerre revêt un nouveau visage, elle se trouve désormais dans les rues. De plus l'utilisation par la police d'équipements militaires concourt à des épisodes de violences de plus en plus fréquents et intenses : « nous sommes aujourd'hui ni plus ni moins face à l'avènement de « nouvelles guerres », caractérisées par la présence d'une multiplicité d'acteurs autres que les membres réguliers d'armées étatiques » (Mulone et Tanner).

En effet, il semblerait que désormais les gouvernements puissent faire appel à des compagnies militaires privées en temps de guerre. Ces mercenaires provoquent le débat car l'appareil judiciaire n'est pas armé afin de faire face aux déviations de ces compagnies. La guerre est lucrative, elle attire tout type d'acteurs transnationaux: « Tâches de protection des édifices ou de personnes, travail de formation, contrats de restauration, soutien logistique ou encore services médicaux » (ibidem).

Aujourd'hui le monopole de la violence légitime détenue par l'état est partagée avec d'autres. Le problème est que ces acteurs privés de la guerre jouissent d'une certaine impunité: ils commettent infractions et crimes sans que justice soit bien rendue. D'un point de vue éthique nous pouvons nous demander si la marchandisation de la guerre est la solution. En effet, ces acteurs privés ne sont entourés d'aucun cadre légal, le flou juridique dans lequel ils sont plongés peut les rendre déviants. Contrairement au soldat dont le seul profit est de combattre vaillamment pour son pays, le mercenaires est payé et n'est mû par aucune mission morale particulière.De ce fait cela engendre des problèmes de laxisme mais pire encore le contractant privé peut devenir criminel.

D'un point de vue politique cela pose problème entre les gouvernements surtout si les civils deviennent victimes des partenaires de guerre d'un tel gouvernement et si leurs écarts ne sont que rarement punis. Une autre facette de la guerre introduite par Grondin et Munger dans «Dangereusement Drones » est celle de la guerre télécommandée. Cette façon d'exécuter soulève de multiples problèmes cependant celui qui me choque le plus est le suivant: « le résultat est trop souvent de tirer à l'aveuglette en se basant sur des indicateurs de ‘comportements de vie' sans avoir de confirmation directe que les cibles sont, en fait, celles que nous croyons – tuant du coup des innocents » ( ibidem).

L'assassinat est devenu banal mais le pire ne repose pas dans sa normalisation mais plutôt sur le socle de suppositions sur lequel il repose. En effet, ils tuent à distance selon des habitudes de vies, ils sont soupçonnés et ciblés sur le simple fait de leur comportement et selon le bon jugement de celui qui les guette. De plus, lorsque l'on décide d'assassiner un individu présumé terroriste, le nombre de personnes emportées par l'attaque du drone est inconnu.

Alors que les politiques des partisans de l'attaque de drone font l'éloge d'un moyen efficace et précis d'attaque, permettez-moi de douter du discours de ces individus en me basant sur la facette banale de ce sytème. « Avec les drones, ce n'est pas que cette logique soit si nouvelle, alors que le pouvoir souverain décide du « droit de prendre la vie ou de laisser vivre » (ibidem).

D'un point de vue éthique et légal, ce système est bancal. Le gouvernement irakien par exemple n'a pas donné son accord afin que les américains puissent tuer à l'oeil ses citoyens selon l'oeil « expert » de celui qui assassine.

La question des drones est épineuse: son utilisation et le flou légal qui l'entoure participe au débat. L'assassinat à l'aide des drones peut-il être considéré comme un crime?

Doit-il être considéré comme un acte illégal?


La marchandisation de la guerre fait de celle-ci un enjeu financier pour certains: n'est ce pas la raison des dérives en tant de conflit? 

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