The poor and last cow boy …

daniel-m

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Synopsis...

 

Lorsque Tobe, une adolescente délurée, rencontre Harlan, c'est le coup de foudre. Le jeune homme est aussi beau que mystérieux...


Inquiet du comportement étrange et de la passion qu'inspire cet inconnu chez elle, Wade, le père de l'adolescente, leur interdit définitivement de se revoir, mais Harlan n'a pas dit son dernier mot... (allociné)

 

 

Voila un film bien particulier emplis de poésie et de constats amers. Tout ce que j'aime en fait. Je pense que si le contexte n'avait pas été américain, l'européen terre à terre et idiot que je suis n'aurait sans doute pas accroché. J'avoue qu'une réalisation française sur le même thème aurait été une vraie catastrophe.  Edward Norton sur un mustang dans la vallée de San Fernando à côté de Los Angeles, c'est pas Jean Marie Bigard sur un Massey Fergusson dans la Beauce et ça, vraiment personne n'y peut rien ! Trèfle de plaisanterie, down in the valley est un film ambitieux, complexe et foisonnant de questions soulevées et restées sans réponses. L'on entre très facilement dans ce film puisqu'au début tout parait assez simple. Une jeune fille en pleine crise d'adolescence rencontre un jeune et beau garçon un peu rebelle et beaucoup marginal. Le papa de la jeune fille n'est pas trop d'accord et lui interdit de le voir. Jusque là, rien de bien particulier en effet, mais après, pour les 36 heures de film à suivre, cela se complique un petit peu …

 

Sérieusement, « Down in the valley » est un très beau film très décalé qu'il serait, malgré ses nombreux défauts, dommage de ne pas voir au moins une fois. Les acteurs sont un régal de justesse, c'est épuré, intemporel et terriblement beau. Là où tout cela se complique, c'est au moment même où le spectateur se rend compte de la montagne de questions existentielles en vrac que soulève ce film au scénario qui semble donc finalement très basique au départ. Pour faire court, je vais vous faire une petite liste non exhaustive de ces questions (sans réponses) qui font que ce film bien mystérieux est empli d'une grande poésie inversée, je m'explique. Rappelons que la poésie c'est l'art de diffuser des mots simples qui dans leur contexte microcosmique, prennent un sens universel. Ici le réalisateur diffuse à tout va des idées universelles en espérant faire comprendre des mots simples mais hélas, cela ne fonctionne pas toujours ! Mais l'on préférera effectivement parler de poésie plutôt que de métaphores.

 

-         L'éternel conflit ados-parents.

-        L'influence irréversible de l'ainé sur ses cadets dans le contexte familiale.

-     Le besoin de références, d'identification ou de « héros » pour un adolescent.

-        La déchirure sociologique et écologique entre deux époques (ici le Far West et l'Amérique moderne).

-        La réponse de nos sociétés modernes et structurées face au comportement d'un individu qui a choisi sciemment une vie et une philosophie de vie anarchique et à fortiori, différente. Un certain concept de la liberté.

-     Jusqu'où irions-nous pour atteindre notre idéal, notre but ?

-        Que reste-t-il finalement de l'enseignement de nos pères ?

-       A quel moment avons-nous quitté dans nos têtes, notre statut d'animal de la création universelle ?

-          … etc.

 

Tout cela, ça fait beaucoup de questions pour un seul film et c'est bien le problème. Tout ici est mystère et ambigüité. Des personnages incernables, des époques parfois  indéfinies, des mentalités divergentes, tout se mélange ou s'affronte et ce, tout le temps. L'on atteint des sommets dans les paradoxes lorsqu'Harlan, toujours habillé en cow boy, se retrouve dans un décor de cinéma, en plein milieu du tournage d'un western en train de régler des comptes avec sa vie et ce, avec des balles réelles en tirant sur les acteurs …

Ensuite, l'histoire s'enlise un peu en semblant ne plus en finir et le spectateur du coup se perd un peu dans cette débâcle de démonstrations simili intellectuelles.

 

Harlan est un anarchiste et un écologiste qui s'ignore à l'enfance malheureuse, symbolisé par un ‘cow boy' qui se bat contre une société moderne, fataliste, protectionniste en pertes de valeurs et hypocrite, renfermée sur elle-même, dans une Amérique « actuelle » qui semble hésiter entre ses proches racines et un avenir incertain. Sachant que le réalisateur a écrit son histoire et son scénario dans la chambre d'un hôtel parisien, le spectateur lambda est plus qu'en droit de se poser la question de la légitimité de cette œuvre cinématographique finalement plus rustique que philosophique, quoique. Mais Tolkien n'a-t-il pas écrit le seigneur des anneaux dans un parc, assis sur un banc en donnant à manger aux pigeons …

 

En conclusion, Down in the valley est un très beau film qui souffre de ne jamais être  vraiment accessible et c'est paradoxal, car il soulève au final des questions basiques qui se perdent en d'infiniment d'autres questions pour devenir finalement indigeste. Tout cela est dommage car les acteurs, E. Norton en tête, sont épatants ! Le film est bien conduit, tout ici est proche de la perfection, tout, sauf la notion de popularité et d'accessibilité au plus grand nombre et c'est fort dommage, car autant le sujet est basique et prenant dans sa toile de fond, autant le film se perd dans trop de fioritures qui font que le spectateur lui-même se perde un peu dans le film.

 

Un trois sur cinq plus un point pour la poésie diluée qui m'a tout de même très positivement interpelée. On notera également une BO plutôt agréable.

 

 

Edward Norton est Harlan

 

Evan Rachel Wood est Tobe

 

David Morse est Wade

 

Rory Culkin est Lonnie

 

Down in the valley est sorti en 2006 … déjà et c'est finalement un très bon film.

 

Bien à vous.

  • Ok ! Ok ! But si c’est un western où sont les indiens ? :o))

    · Il y a presque 6 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • Bonne question. L'indien a été oublié ! hors sujet ! Le film traite de la connerie humaine post-indienne. L'on ne nous dit pas si l'extermination des amérindiens touche les consciences mais l'on ressent très bien le malêtre des américains et de leur bonne mauvaise conscience.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

    • La bonne mauvaise conscience des Américains contre la bonne conscience des Navajos qui l’ont mauvaise dans leur réserve.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Il leur reste l'eau de feu, un peu comme nous lol.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

    • Pas exactement, il a été démontré que les indiens ne supportaient pas l’alcool, génétiquement parlant. Quelques verres les rendaient fous au point de violer leurs propres femmes et de tuer leurs propres enfants. Lire Jim Fergus « Mille femmes blanches » et « La vengeance d’une mère ».

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Merci pour ce complément d'informations. Ce qui est clair c'est que les indiens ont été les dindons de la farce colonisatrice. Mais c'est déjà avant et oublié hélas.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

  • Effectivement, Daniel, des thèmes intéressants à travers ce film...

    · Il y a presque 6 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

  • Je note ce film, par contre je sais pas ou me le procurer

    · Il y a presque 6 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • https://www.amazon.fr/Down-valley-Edward-Norton/dp/B000J3FGQG/ref=sr_1_1?s=dvd&ie=UTF8&qid=1529250506&sr=1-1&keywords=down+in+the+valley

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

    • Perso, je l'avais emprunté à la médiathèque un peu au pif et après le visionnage, je ne l'ai pas gardé (Je copie souvent les dvd qui me plaisent avec un vieux logiciel hors la loi :o) ). Mais le film est prenant, touchant, même si ce n'est pas le genre de film que l'on regarde deux fois.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

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