Thibaut.

serendipities

J'ai ici essayé de me glisser dans la peau d'un adolescent homosexuel. L'écriture reste atrocement effeminée, mais retranscrire cette scène sous le point de vue féminin m'aurait brisé le coeur.

Je me souviens de tout. Des odeurs nébuleuses, des secondes enivrantes, des couleurs meurtrières. À croire qu'un sadique les a fixées sur ma mur bordélique de ma mémoire comme un poster entre quatre punaises, toutes bien décidées à me pourrir la vie.

 

Nous sommes un vendredi de décembre. Thibaut est assis sur son grand lit et je suis adossé au mur vierge de l'autre côté de la pièce. Ça sent la fumée, le parfum pour homme et le cancer du poumon. Oui, ça sent tout ce que je ne supporte pas, et j'ai pourtant la sensation de flotter dans un bonheur évident. Tout me semble parfait. Cette minute est la plus belle minute du monde. Cet homme est le plus bel homme du monde.

Mais aucun de nous n'ose parler.

 

Je regarde à travers la fenêtre. La maison de Thibaut donne sur un champs gris et vert. Le brouillard s'est posé sur les pousses de tournesols et les berce, les enveloppe de chaleur en attendant l'été. Je voudrais bien qu'on m'enlace moi aussi. Je voudrais bien sentir ses bras musclés s'enrouler autour de ma taille, je voudrais bien qu'il caresse mon cou avec ses lèvres, qu'il m'embrasse avec fougue comme l'autre soir. Je ne peux m'empêcher de penser à nouveau à la saveur de sa bouche, à sa langue voluptueuse au goût d'amande et de bière.

Ce garçon est une drogue. Il me rend euphorique. Comme fais-je pour rester si calme en apparence alors que des milliers fantasmes m'assaillent de toute part dès lors que je pose mon regard sur lui ?

 

Il porte un T-shirt blanc à manches courtes, il doit crever de froid. C'est l'hiver mais Thibaut est bien le genre de mec à n'en avoir rien à foutre, des saisons. C'est le genre de mec qui ne vit que pour les beaux jours et qui, le reste du temps, broie des cœurs pour tromper son ennui. Je suis sûr qu'il prend un malin plaisir à me voir me tortiller dans mon jean trop grand et mon pull noir.

 

Il me lorgne depuis le lit et je m'attends déjà ce qu'il va me dire. « Je suis désolé pour hier soir. Ça ne veut rien dire pour moi. » Je vais bredouiller la même chose avec une voix pathétique, et je vais m'en aller comme un minable, un moins-que-rien. Je vais passer le seuil de la porte en ravalant mon espoir comme une pilule amère et puis je vais remonter dans la voiture. Je vais cogner un peu le volant parce que forcément, la colère va bien finir par faire surface à un moment où à un autre. Puis je vais m'en aller en faisant crisser les graviers sous les pneus. Je vais m'en aller en faisant frémir les nuages tout là-haut, mais ça n'aura aucune importance parce que je serai le seul à m'en rendre compte.

 

Depuis son trône provoquant, Thibaut se contente de me sourire. « Viens », il dit. La couverture bordeaux est toute douce et le matelas rebondit un peu lorsque je m'y assois. On est bien, ici.

Alors il fait une chose très étrange, et très agréable aussi : il soulève lentement sa main blanche et virile et la pose sur mon torse. J'entends mon cœur pulser comme un fou furieux au fond de ma poitrine.

Mais il continue de me regarder avec un drôle d'air, puis il retire son T-shirt et s'amuse de me voir le dévorer des yeux. Thibaut est un salopard qui a tout-à-fait conscience de l'effet qu'il exerce sur moi. Entre ses doigts audacieux, je ne suis qu'un pion inutile sur un damier bicolore.

 

Echec et mat. T'es beau toi, dieu ce que t'es beau.

  • Il y a quelques fautes, des petits oublis de mots, mais je pense que c'est de l'inattention plutôt qu'autre chose. Il y a un regard certain dans ce que tu écris, une vérité rêche à explorer, une tonne de sentiments. Continue tu es sur la bonne voie à mon sense

    · Il y a presque 10 ans ·
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    jasy-santo

  • C'est gentil ! :3 Argh pour les fautes, la hoooonteuuuh. Je fais pas exprès!! (encore heureux...) enfin vraiment je me relis bien itout itout mais je crois que je me relis justement tellement qu'à la fin je vois plus rien. Enfin merci !

    · Il y a presque 10 ans ·
    Default user

    serendipities

  • Je trouve ce texte vraiment beau, et l'écriture n'est pas atrocement efféminée comme tu dis ! Au contraire, on lit aisément cet amour homosexuel. Il y a quelques fautes ralala Noémie ! "pourrir" avec deux r s'il te plait ! Mais j'adore. Ca faisait longtemps que je n'avais rien lu de toi.

    · Il y a presque 10 ans ·
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    another-day

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