toi émois

Jean François Joubert

Un jour de ma vie, où plutôt des impressions surréalistes transformées par la marque du temps, quelques pas et une main. le lieu moulin rouge

Je tenais ta main et nous marchions dans l’insouciance de tes vingt ans, tu me montrais Paris la Butte Montmartre, et je me souviens de nos rires qui franchissaient les rigoles du temps.
Frappé par le quartier, je ne pipais mot tant la joie accompagnait le trait du crayon des caricaturistes de ce lieu, et puis l’image cathédrale, je me voyais voyager au cœur d’un écrin de douceur, tu me montrais des artistes, et je suivais la piste aux étoiles de tes yeux, sous le pont des soupirs j’aspirais au calme tant de monde se moquaient de ma démarche d’enfant éblouie par la lumière des lieux.
Le moulin rouge, me voilà Don Quichotte, je vais vers un café et je me demande si l’on a le droit d’entrer, ma province a le charme sauvage de la nature, et ici, tout est peinture.
Je tenais ta main et nous allions de rues en ruelles transportés par le bonheur, la bonne humeur de découvrir les secrets cachés rue Francoeur, j’allais contre le vent levais la tête des goélands nomades volaient à mon secours, enfin je respirais un air de musique classique, et puis quelques notes d’accordéon, je me posais pour voir la ville, tant d’années sur ses murs que je me noie dans ton regard, un peu perdu par tant de charme. Je rêvais. Je me souviens que je baladais mon corps brûlé par le soleil petit lion à l’aventure je ne lâchais pas ta main car tu étais mon guide, ma peur, ma sœur d’âme, et la lueur de ta pupille était de l’or.
Paris, mon pari de paradis, ta main, ta voix, et ce voyage sur les hauteurs de la ville capitale, je suivais mon instinct profitant de l’instant pour m’abandonner au son, au brouhaha des pas des passants, et pas sage, je marchais hors des clous, tu me montrais ta ville, de jour, de nuit, et je suis perdu dans tes bras, sur un banc, plein d’enfants jouent, des chats sortent de la nuit, tu es là, tu me montres l’Histoire avec un grand H, tu me montres les jardins de Versailles, nous parlons, pensons à demain, quand je rentrerais dans ma Bretagne natale, la porte se ferme nous courons pour ne pas rester coincés dans le parc, nous rions, nous rions, et je pars loin dans l’avenir, dans la cour des grands moi qui ne suis qu’un p’tit zef.

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