J'ai vécu ton enterrement.

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C'était un matin d'automne, le vent soufflait, emportant avec lui les feuilles rougeâtres des arbres. Il était aux alentours de 10h, 10h et quart plus exactement. Nous étions là, assis en tailleur autour de cette croix. 
Une croix ? Oui une croix, une croix de Jésus pour certains, la croix de Justice pour d'autres. Elle était en bois, en bois foncé, de la couleur de l'expresso du bar d'en face. C'était du bois d'olivier, m'a t-on dit. Elle était un peu abimée, surement par le transport, elle venait d'Auvergne. Va savoir pourquoi.
Et tu vois, je pourrais te décrire cette croix au millimètre près tellement je l'ai regardé, et je pourrais te décrire sa fabrication à la seconde près tellement on en a discuté. Parce oui, ce jour-là on était tous venu pour toi, pour parler de notre peine, pour t'adresser un petit mot et puis repartir chacun de notre coté, sans lien, comme si tu n'avais jamais existé. Mais tu nous connais, on n'a pas réussi. Parler de toi au passé, c'était bien trop nous demander. En plus, tu nous avais fait promettre de ne pas pleurer si par malheur ta blessure à cet accident venait à t'emporter. C'est pour cela qu'en arrivant on s'est sourit. Ca n'a même pas duré une seconde je pense, peut être un tiers... Et encore. Puis on s'est assis, l'ambiance était au plus calme, on était nombreux tu sais, une quinzaine, voire plus. On se regardait, on baissait les yeux, personne n'osait prendre la parole, par peur de blesser surement ou de faillir à notre promesse. Puis, sur le visage de ta mère, de ta sœur, des larmes se mirent à couler. Mais ne leur en veut pas, elles ne le faisaient pas exprès, c'était comme quand il y a eu une fuite au robinet de ta cuisine, tu te souviens ? Et bien elles, c'était pareil... D'ailleurs nous tous c'était pareil. Ce jour là, ça fuyait tellement qu'au lieu de te dire au revoir, on aurait pu t'écrire un mot, faire un feu de camp, jouer au scrabble, mais au lieu de cela, on a préféré parler d'une croix. 
Une croix ? Oui une croix, une croix de Jésus pour certains, la croix de Justice pour d'autres. Elle était en bois, en bois foncé, de la couleur de l'expresso du bar d'en face. C'était du bois d'olivier, m'a t-on dit. Elle était un peu abimée, surement par le transport, elle venait d'Auvergne. Va savoir pourquoi.
#Z Industry.
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