Tous à poil

C'était une belle semaine de mai

Il s'était désapé, comme ça, un matin de printemps et était sorti de son immeuble, poussant la lourde porte qui manquait d'huile. Nu comme un ver il arborait fièrement sa virilité d'octogénaire jouissant des murmures que son passage scandaleux provoquait, un sourire enfantin et insolent flottant sur sa face ridée.

Une collision avec un poids lourd n'aurait pas causé plus grand choc aux habitants de son quartier, fesses serrées d'indignation sur les sièges en cuir de leur Mercedès, les mères protégeant les yeux de leur fille, les jeunes sortant leur smartphones pour filmer ou composer le 17.

Salut! disait le vieux fou aux mamys parfumées à la lavande. On se fait un water polo? On s'ouvre une bouteille? Je viens d'apprendre que j'étais Alzheimer! Alors je n'ai plus beaucoup de temps! je profite de mes derniers instants de liberté! vraiment vous ne voulez pas goûter?

Vous avez tort !un excellent vignoble!

Devant lui une affiche vantait les mérites d'un saucisson en rondelles. Gustave s'immobilisa comme frappé de stupeur.Lentement il trinqua en élevant respectueusement son verre. Au loin une ambulance s'élançait.