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Dol STANNER le sait, la nuit sera longue et le désespoir de la ville surgira de nulle part. Dans la cabine de son tram soixante deux, ligne cours de Vincennes Porte de Saint Cloud, la mort est un rôdeur expérimenté. Elle vous regarde, elle vous sourit, elle porte sa main sur votre épaule, alors vous disparaissez de la nuit et de la mémoire des autres. Lui roule chaque nuit dans le brouillard que les phares déchirent facilement. Ce soir il pleut, mais bien planté sur ses deux rails, personne ne saurait arrêter cette machine dont il est le maître. Souvent, lorsque des êtres sans visage se jettent sous les roues d’acier, il ne s’en préoccupe pas. La Loi est simple, roule et ne t’arrêtes qu’aux points d’arrêts définis par la compagnie de transport urbain. Il roule vite, accentue sa vitesse lorsque les montées arrachent le cri du métal sur le métal. Vingt ans qu’il est le meilleur sur sa machine, et il le sait. On le jalouse mais il s’en fout, il aime son job, il aime voir la mort qui surgit du néant et qui lui lance les corps meurtris de la vie sans intérêt. Ce soir, il commence sa tournée au cours de Vincennes, et là, il va retrouver ses potes qui sont comme lui, des conducteurs de tramways.

-     Salut, dira t-il.

-     Salut, lui répondra l’un de ses meilleurs amis qui attend son tour d’un départ imminent.

Il possède une arme efficace contre ceux qui refusent de s’acquitter de l’autorisation des veules autorités au pouvoir. Un simple permis de circulation scindé dans une puce électronique ! Cette arme, un fleshball de calibre cinquante sept, elle ne tue pas, elle blesse à vie. C’est mieux, cela évite les ennuis de l’administration urbaine.

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Mon nom est YOSS, je suis milicien de la sécurité urbaine, et je déteste ces enfoirés qui pilotent leurs trams dans les nuits de brouillard dense. Pourtant, mon but est de sécuriser les convois qui généralement, sont attaqués dans la zone treize, celle occupée par des roulars désinformatisés. La zone treize ! Elle commence au pont de TOLBIAC et se termine à l’Eglise SAINTE-ANNE-DE-LA-BUTTE-AUX-CAILLES, une zone sur laquelle les roulars font la loi. Mi- hommes mi-machines, ils furent autrefois utilisés dans les conflits du Sahara qui opposaient les tenants de la Grande Eglise de ROME à ceux de la Grande Mosquée du SAËL. Puis il y eut un conflit entre cette dernière et le temple bouddhiste de PEKIN… Il y a maintenant cinq siècles ! Les industries créèrent alors des soldats cybernétiques mais qui hélas, ne furent que des mécanismes à canons, et la guerre s’interrompit faute de combattants, comme on disait autrefois. Pourquoi la zone treize fût occupée par ces rebuts guerriers, personne ne le sut vraiment, mais ces êtres commencèrent à perturber le bon fonctionnement de la toute nouvelle démocratie internationale. Il y eut même des interventions mercantiles de la part de groupes extra-terrestres qui ainsi, purent entraider ces machines humaines et les utiliser à des fins d’expériences. Mais quel gouvernement pouvait s’opposer à ces gentils méchants qui venaient d’autres planètes ? Aucun ! Ainsi furent créées les Milices Urbaines dont je suis l’un des membres virulents. Ce soir, il me faut convoyer une rame dans laquelle se trouvent les barres de VELGONIUM. Ce minerai exploité sur la planète Mars, nous permet l’énergie nécessaire à nos survies. Je sais bien que les Roulars l’utilisent aussi comme nutriment de base pour leurs circuits intégrés. D’où cette effroyable guérilla urbaine que j’adore ! J’aime me battre contre ces mécanismes désuets, contre ces êtres omnipotents avec leurs alliés venus dont on ne sait où ? Ils sont bizarres, quel créateur a pu définir de telles créatures si laides et avec autant de haine ? Ils ont construit cinq immeubles au centre de la zone treize, la hauteur est de cinq cent mètres, parallélépipédiques, couleur noire anthracite, sans aucune ouverture. Sur chaque immeuble se trouve une sphère dont ignorons l’utilité. Au-dessus de ces immeubles gigantesques, trois aéronefs qui sont là sans bouger. La zone treize est devenue dangereuse, je me suis proposé à la détruire, mais nous manquons d’armes efficaces. Ce soir, j’ai envie de me battre, et je crois que ce sera encore une fois, une rixe sans issue pour les roulars. Plus tard, une fois détruit ces derniers et leurs comparses, je reviendrais dans la zone treize car je suis né là-bas. Je pense à la grande église où je fus baptisé. Ils l’ont décapité d’une tour, je leur ferais payer très cher à ces enculés. Foi de Milicien !

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La nuit de toujours, comme si les nuages paradaient dans un ciel devenu trop gris. Sur le cour de Vincennes, le convoi est prêt. Ce sont de vieux wagons des années de fin du dix neuvième siècle, cinq voitures avec celle du milieu avec la petite centrale nucléaire qui permet aux moteurs électriques de manœuvrer. Dol STANNER se demanda si jamais il ne rêvait  pas, et pour ce qui me concerne, je n’en croyais pas mes yeux. Nous allions traverser la plus dangereuse des zones avec un ancien métro qui peuplait les souterrains de PARIS, ancienne capitale d’un pays disparu depuis ? Incroyable ! Je connaissais DOL depuis des années puisque nous sommes amis de longue date. Cette fois, cela me plait de voyager avec lui. A nos cotés, une dizaine d’autres Miliciens qui vont permettre au convoi une sécurité renforcée.

-     Salut DOL, je suis content de te voir !

-     Idem pour moi aussi, me répond t-il. Par contre, je ne comprends pas pourquoi on nous lègue ce tas de ferraille pour rejoindre l’ancien hospice de fous qui se trouve à la frontière de la zone treize ?

-     Tu veux parler de l’asile psychiatrique Sainte-Anne ?

-     Ouais ! Tu connais ?

-     Et comment, j’ai bossé là-bas pendant une dizaine d’années comme agent sécuritaire. Trousseau de clefs à l’ancienne et du matraquage chimique par neuroleptiques pour les dingues. C’est devenu quoi au juste cet asile ?

-     Aucune idée ! On parle de laboratoires pour les expériences sur des cadavres d’extra-terrestres et sur ceux des roulars que l’on arrive à extraire de leur fief. Un truc pas très clair que refuse de dévoiler le gouvernement.

-     Et pourquoi de vieilles machines roulantes comme convoi ? Tu transportes quoi au juste ?

-     Tu as les deux wagons qui se trouvent de chaque coté de la voiture rouge, ils sont fermés avec des vitres opaques. Le wagon rouge est celui de la centrale nucléaire qui donne le jus aux moteurs.

-     C’est vraiment une relique ton bidule, me suis-je mis à rire. Et les deux autres wagons ?

-     C’est là que ton équipe et toi prendrez place pour la sécurité du convoi.

-     Ok ! Et si jamais on se fait attaquer, ce qui ne m’étonnerais pas du tout, on fait feu de tout bois ?

-     Oui, d’ailleurs tiens, voici une boite scellée que tu dois ouvrir avant le départ, et tu me signes de ton empreinte de cornée comme quoi je te l’ai bien remis en main propre.

-     Pas de problème DOL, c’est comme si c’était fait.

En fait, la petite boite scellée contenait quinze capsules avec pour notice, en donner une à chacun des accompagnateurs et aussi au machiniste. A avaler avant le départ pour que les effets nocifs des radiations n’atteignent l’organisme humain de chacun d’entre nous.

-     Ils vont procéder à quoi, me demande Dol.

-     Je ne sais pas, j’ignore ce à quoi correspond ce genre de radiations. Ils lanceront peut-être une bombe dès que nous approcherons de la zone treize, ou nous envoyer des gaz toxiques afin de détruire nos ennemis ? Je connais ces capsules, c’est l’un des assemblages de molécules qui vont protéger nos organismes quelle que soit la menace. Il y aura sans doute danger lors de cet itinéraire en plein désert urbain.

-     On ne risque donc rien grâce à cette capsule, ne s’inquiète mon ami.

-     Nous ne risquons rien, absolument rien ? Sauf une balle perdue si jamais ces loosers de roulars utilisent des armes conventionnelles. Je vais rameuter nos troupes.

Ils sont douze et avec moi, treize donc ! Je suis le treizième homme qui va combattre en zone treize, cela est amusant ! Le chiffre treize, mon porte-bonheur et pour d’autres, un porte- malheur ! Moi je les emmerde ceux là, et puis de toute façon, j’ai un job avec pour mission d’escorter ce putain de convoi devant cette ancienne prison de dingues, et je vais m’en tenir à ma mission. Tout me semble parfait sauf ce vieux métro qui va devoir essuyer des coups de pétards et des billes de fleshballs… Quatre wagons de couleur verte et en leur milieu, un wagon de couleur rouge, là où se trouve la centrale nucléaire ? Il faut être devenu maboul d’avoir créé un tel engin qui date du début de l’ère mécanique, soit le vingtième siècle ! Il est si lointain ce siècle, et le voilà qu’il nous faut l’escorter à nos risques et périls ? Ils sont vraiment très cons ces bureaucrates, qui croient tout connaître et qui ne savent rien de la vérité du présent qui les entoure. Soudain, un vague pressentiment m’étreint. Et si ce convoi cachait une autre vérité ? Et si au sein de la Milice n’y aurait-il pas des roulars pour mieux faire capoter cet exercice ? Je regarde mon pote.

-     Dol, toi et moi prendrons une capsule, j’ai l’impression que cette mission est un suicide ! Je ressens comme un danger permanent au sein de notre groupe.

-     Expliques toi, me questionne mon ami en me regardant d’un air dubitatif.

-     Je ne sais pas comment te dire, une sorte de malaise car tu le sais, je possède un don qui me permet de ressentir les ondes maléfiques chez certains personnages qui m’entourent. Et si parmi nos miliciens se cacheraient des roulars ?

-     Comment savoir, me questionne Dol.

-     Prenons chacun une capsule, et je vais garder les autres. Si au sein du groupe il y a des roulars, ils seront détruits dès la radiation promise. Où supposée comme telle ?

-     Que fais tu des humains ?

-     C’est un risque à prendre. Je m’en porte responsable et tu me serviras de témoin. Si je me trompe, le Grand Conseil des sages demandera la peine de mort, certes, mais si j’ai raison, alors là…

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Cours de Vincennes ! Il est vingt heures, et le terminal demande à mon ami de partir.

-     Arrivé au pont de TOLBIAC, tu mets la gomme. Le matériel a été révisé, il peut rouler à des vitesses importantes, mais ne dépasse pas le quatre cent quarante, au-delà tu risques le déraillement. Tu ne t’arrêtes pas, même si tu trouves des individus qui se laissent glisser sur la voie. Tu auras avec toi un groupe de la Milice Urbaine bien équipée. Surtout ne pas oublier avant votre départ, d’ingérer une capsule par personne. Salut et bon courage Dol.

-     Merci mec, répond mon ami.

Et il se met en place devant le pupitre de contrôle. Un seul tabouret en vieux bois écaillé, une grosse manette à piston, et un clavier d’ordinateur des anciennes générations. Des touches AZERTY… Ecrire le mot « DEPART » qui s’inscrit sur un écran cathodique placé sur sa droite. Le temps est aussi inscrit en bas de l’écran, à droite…20:09… Devant, le brouillard est dense. Il allume le projecteur et la voie se libère de cette épaisse buée verdâtre. Je lui donne une capsule qu’il avale avec une sorte de grimace légère. J’en fais de même. Oui, c’est dégueulasse comme goût.

-     Nous partons quand, demandai-je.

-     Le départ est prévu pour 20:12, il suffit d’attendre quelques minutes à peine.

20:11:55… Il enclenche la manette et le convoi se met à bouger. Puis il commence son démarrage et soudain, les roues se mettent à patiner. Rétrogradation, puis de nouveau plein gaz. Cette fois, c’est parti. La machine fait un bond d’animal sauvage et en quelques secondes, nous sommes en vitesse de 100KM5. A 140KM3 il mettra le convoi en position neutre. Nous foncerons dans cette nuit en bien sachant que des roulars se placeront sur la voie, mais ce dont j’ai peur, c’est si jamais ils placent un engin sur la voie, nous nous écraserons dessus. Et Dol et moi s’en serait fini de notre collaboration…

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On roule vite, et je me demande ce qui va se passer si jamais un véhicule se trouve sur notre voie ? Le brouillard est toujours aussi dense, il devient de plus en plus opaque et l’unique projecteur du convoi, à bien du mal à nous éclairer le chemin. Pourtant, il nous faut suivre le tracé que dessinent les deux rails, seulement nous ne voyons qu’à peine ces deux lignes trop fines à nos regards. On les croirait invisibles !

Pourtant, je constate que des silhouettes se préparent à nous investir maléfiquement. Dans la main droite, mon arme de service. Une arme effroyable, un simple jet de rayon lumineux, et voilà le corps qui explose, des lambeaux de chair qui remplissent tout l’espace qui les entourent. Plus d’une fois, j’ai tué autant de roulars que possible dont certains, je dois l’avouer, appartenaient à la famille humaine. Et puis, il y eut l’arrivée impromptue de ces deux vaisseaux extra-terrestres qui se stationnèrent au-dessus de la zone treize. Je ne crois pas au hasard, ils ne sont pas venus ici, sur notre planète, comme çà, pour causes d’avaries de mécanismes inconnus de nos techniciens ? Entre eux et les roulars, il y eut comme qui dirait, un pacte de non-agression, une sorte d’allégeance forcée… A mes cotés, les deux mains posées sur les manettes, le regard perdu dans la vase que façonne le brouillard, Dol me parait souriant. Je lui demande pourquoi.

-     Tu sais mon ami, parfois, les apparences sont trompeuses. Tu crois à la vérité qui se suppose à tes yeux, et voilà que tout est faux, idem la situation dans laquelle tu te trouves. Ici, tu crois que toi et moi nous dirigeons un convoi alors qu’en vérité…

-     En vérité quoi, demandai-je à Dol en le regardant de plus près. Que veux tu dire ?

-     Tu vis dans ton propre cauchemar mon vieux, tu te crois ici, avec moi, alors qu’en réalité, quelqu’un est en train d’écrire notre aventure ce que les autres la liront plus tard ! Tout est faux dans ce récit, je ne m’appelle pas Dol STANNER, car je suis un membre des roulars qui ont su profiter de la technologie des ces connards d’extra-terrestres ! Tu vois, je guide ton esprit, tu vois des évènements que tu supposes réels mais qui sont des données sous formes de mots ! Bientôt, nous nous écraserons dans un engin qui sera placé volontairement sur notre chemin par l’auteur de ce récit. Ce type est inquiétant, c’est un alcoolique, il écrit avec un vieil ordinateur qui date du siècle dernier de son époque. Il vit en deux mille dix, et dans ces quelques années, il crèvera ce con ! Maintenant, à toi de jouer mon vieux car j’abandonne ce putain de récit. Bye !

Soudain, il disparaît de ma vue alors que le métro roule à plus de 150MK7… Je me mets aux commandes, et voilà qu’une crise rire se met à me transcender. Je ris bêtement, aussi je me crois devenir stupide sous les doigts de l’auteur qui ne cessent de marteler les touches de son clavier. Je l’imagine, plus saoul que de coutume, il me nargue d’un rictus qui lui barre la lèvre inférieure. Et moi je fonce dans le brouillard ruisselant sur les vitres. Devant la machine, les corps décharnés se jettent sous les roues de la motrice, et je m’en moque, il me faut aller au plus vite afin de rejoindre la frontière séparant la zone treize de la suivante. Mais là, face à moi, un objet cylindrique, dont la hauteur dépasse celle de la rame. Je ferme les yeux et je crois que le choc est effroyable. Je vais mourir, je le sais, et j’emmerde l’auteur qui boit toujours son mauvais alcool. Oui, le choc est effroyable, et cela me fait rire. Après tout, ma vie n’a aucune importance, et sans doute la mort serait une vie nouvelle, qui sait ?

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Oui, je me suis retrouvé seul dans la zone treize, la plus envoûtante, la plus effroyable des zones que puisse connaître la grande cité. J’étais un milicien je crois, mais j’étais aussi l’auteur de ma propre histoire. Et là, autour de moi, devant moi, derrière moi, partout, la zone treize s’est refermée. J’en suis devenu le prisonnier, ou alors un hôte de marque, je ne sais pas ? Je peux l’écrire maintenant, il m’a fallu marauder dans les décombres d’une ville qui autrefois, faisait jaillir la vie par sa jeunesse et sa beauté. Je suis allé dans l’un des cinq géants. L’un des immeubles sans aucune baie vitrée mais proposant un porche lumineux qui s’ouvre et se referme automatiquement, mais qui dévore un ciel si sombre de ses cinq cent mètres de hauteur ! C’est là que j’ai trouvé une vieille machine pour vous écrire avant que la mort ne vienne se satisfaire de mon humble présence d’humain. C’est plutôt amusant cet immeuble qui ne possède qu’un seul et gigantesque appartement, tout comme un ascenseur qui  se positionnerait là où le désir de son propriétaire le lui commanderait. Je suis monté vers ses hautes cimes, je suis redescendu au cinquième sous-sol, autrefois une sorte de parking ? Et de sa hauteur, j’ai regardé la ville de décombres et de silhouettes furtives jaillissant des trottoirs. En fait, je ne sais que peu de choses des roulars, sauf qu’ils sont une sorte de clones mi humains, mi machines. Des rebus de la gloire d’autrefois de cette science nouvelle qui croyait au futur bien heureux ! Et ces extra-terrestres venus là sans aucune expérience réelle de nos mœurs et coutumes ? Qui étaient-ils, comment leurs visages, leurs peaux, et ce à cause de plusieurs avaries mécroniques, des installations avec des  neubrons temporellement inusités ? Dol STANNER était-il l’un d’eux ? Disparaître comme par enchantement, pas même un adieu pour cet ami que j’étais ? Lorsque je suis entré pour la première fois dans l’un des cinq immeubles, cela sentait la charogne, la chair en putréfaction. Il y avait partout des morceaux humains sanguinolents, des circuits électroniques finissant de se consumer. Puis, j’ai trouvé cet ordinateur dont la naissance s’inscrivait au beau milieu du vingtième siècle de l’humanité. Pourquoi fonctionnait-il encore, pourquoi une centrale nucléaire fournissait-elle toujours une énergie instable ? Et puis, à certains moments, la mort venait me voir pour me causer de mon chagrin. Belle, habillée de bleu, un regard de femme d’où se réalisait le désir de vivre. Elle me parlait comme si j’étais son enfant. Parce qu’elle ressemblait à ma défunte mère. En réalité, elle était ma propre mère… Enfin, je le crois !

-     Tu sais, nous autres les femmes, nous donnons la vie mais aussi la mort, et toi , je t’ai offert la vie et je t’ai donné la mort, c’est normal puisque c’est ainsi depuis toujours.

-     Je ne t’en veux pas, M’man, tu as fait de moi cet homme qui ne cesse de marcher dans les décombres de son passé. Tu vois, j’écris sur cette machine ce que personne ne lira puisque plus personne n’existe désormais ! Et cet appartement qui monte et qui descend, qui n’est relié à rien, mais pourquoi cela ? J’ai lu dans une Bible que Dieu avait créé l’homme à son image ? Si c’est ma propre image, il doit avoir une sacrée sale gueule dis moi ?

-     Ne blasphème pas mon fils, la Loi est la plus forte que tout au monde, nul n’en saurait s’en déroger. Maintenant, il te faut terminer cette histoire et te coucher comme autrefois lorsque tu étais un petit monstre de haine et d’amour. Ensuite, tu iras dormir pour ne plus jamais te réveiller, je surveillerais ton sommeil avant que tu ne redeviennes quelqu’un d’autre.

-     Je ne crois pas à la réincarnation M’man, et tu le sais puisque je suis ton fils…

-     Qui te dis que tu es mon fils, à part toi, je ne connais personne d’autre qui puisse te le confirmer. Maintenant, dis adieu à ces gens qui vont te lire ou te lirons un jour où l’autre. En partant, je vais t’enlever ton programme numéro sept trente huit neuf C, car je crains qu’il ne soit devenu obsolète. Ou alors, un virus dans le cerveau de la mémoire centrale ? Dors bien, et referme surtout ton récit, petit bonhomme !

Seul désormais, et attendre le sommeil éternel. Ma vie se décomposait en une multitude de cristaux incandescents, et chaque fois, je me brûlais. Alors, puisque le destin le voulait ainsi, je terminais cette histoire en vous disant adieu. Avais-je seulement vécu tout cela ou rêvé que je pianotais l’enfer sur un clavier d’ordinateur ? Je n’en saurais jamais rien, et c’est mieux ainsi. Bye les amis, à plus tard sans doute ?

Décembre 2010

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Johnnel BERTEAU-FERRARY est né le dix neuf janvier 1953 dans le treizième arrondissement de PARIS.

  • Heureux de retrouver tes délires obscurs, maladroits et charmants, ce monde haluciné où tout est possible, et où tout survient quand et comme on ne l'attend pas!
    Sans prétendre à tant de personalité, je te suggère de lire ma nouvelle "l'ailleurs".
    A bientôt j'espère!

    · Il y a presque 14 ans ·
    Blason orig

    philosofou

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