Train train quotidien (Audio)

Caïn Bates

           Ce matin, tu t'es réveillée subitement. En ouvrant les yeux tu n'as pu distinguer quoi que ce soit tellement la pièce était plongée dans l'obscurité. Tu as jeté un œil à ton réveil, 4h03. Tu as poussé un soupir avant de t'allonger sur le flanc et de fermer les yeux. C'est à cet instant là que tu as entendu:

          "Viens à moi, tu me manques. Ton absence me fait si mal, je ne peux plus demeurer loin de toi. Reviens parmi nous, reviens au cœur de ton royaume encore une fois."

         Une fois de plus, tu n'as pas prêté attention à cette voix, elle était tapie dans un coin de ta tête comme l'une de ces chansons obsédantes qui hantent nos journées. 

                                        * * * * *

          Ce matin, tu t'es réveillée sans ton réveil, un exploit si tu veux mon avis. Tu es restée un instant dans ton lit pour passer en revue le fil de la journée que tu t'apprêtes à vivre. Tu trainais des pieds dans le couloir, dans la cuisine, dans la salle de bain. En voyant ton reflet dans le miroir, tu as sursauté, la surprise d'apercevoir ce visage fatigué venait de te faire perdre tout tes moyens. Tu t'es finalement reprise en main et tu t'es préparée à sortir affronter la ville enneigée. Casque sur les oreilles, musique au maximum, tu t'amusais à imaginer les passants réciter chacune des paroles que tu entendais jusqu'à ce que tu croises cette petite fille coiffée d'un large ruban noir.

          "Venez à nous princesse, vous nous manquez, tout est si triste sans vous. Revenez parmi nous, revenez dans votre royaume une dernière fois."

         Etonnée, tu as ôté le casque et tu lui as demandé de répéter de ta voix douce.

            "Bonjour madame" a t'elle alors répondu.

                                           * * * * *

          Ce matin, tu t'es réveillée en panique. Il faisait toujours sombre dans ta chambre et la trotteuse de ton réveil tournait à l'envers. Tu avais encore fait cet horrible cauchemar, toujours le même depuis que tu étais enfant: tu courrais après un lapin lorsque ton pied s'est pris dans un terrier, tu t'es alors cognée la tête et tu es restée évanouie de longues minutes. Depuis, tu te réveilles toujours apeurée. J'ai la solution pour toi:

            "Viens à nous Alice, tu nous manques tant, on ne peux plus exister sans toi. Prends ces cachets, n'aie pas peur, nous viendrons te chercher. Rejoins nous Alice, prends le train vers la folie, tu ne t'arrêteras qu'une fois tes merveilles accomplies."

             Voyons Alice, pose ce couteau et ne t'en fais pas, tu sais qu'il n'y a pas de centaures à Londres. Nous ne te ferons aucun mal. Je ne suis qu'un chat souriant et le Chapelier veux seulement t'inviter à boire le thé. Nous ne t'embêterons plus après ça, promis. C'est juste que, voilà, la reine veux te faire perdre la tête une dernière fois.          

 

Signaler ce texte