Tricot funèbre

Hier soir je tricotais les dernières mailles de ton souffle. Un carré de mohair, fragile et vaporeux, mêlé des souvenirs serrés de notre belle amitié de 18 ans.

Le tricot s'est terminé dans les larmes ce matin. Alors il a fallu couper les plus belles roses, la camomille vierge de pucerons, les derniers boutons de pivoines blanches encore gorgées de l'orage de la nuit, pour t'envelopper dans cette étoffe funèbre.

Dans le pré je me suis allongée. Face contre ciel bleu, le vent chaud consolait mes joues rougies avec ta douceur dans les moments de grand chagrin, mon regard brouillé suivait la gestuelle compassionnelle des branches de ce vieil acacia.

Demain nous embrasserons ensemble la route, une dernière fois, pour ces terres du nord où tu pris ton premier souffle, celles où ton petit corps, aujourd'hui éteint, livrera ces ultimes émanations et se mêleront aux fluides cosmiques. Là haut. Tout là haut. Irréversiblement. Et comme preuve de cette alchimie, c'est cette boite de cendres que l'on me remettra.
Nous retournerons ensuite auprès du bel acacia.

« Ce qui peut être évité, il faut l'embrasser. »

Goodbye petit chat, mon Bel Ami.

080617