Trinity : Lettre à une absente

Alex De Querzen

PUBLIÉ SUR http://www.alexanderdequerzen.com/texte/trinity-lettre-a-une-absente/

Et voilà. That the game begin.

Plus d’un an après je me suis décidé à t’écrire.

Il m’en fallait du courage. Il m’en fallait de la volonté. Il m’en fallait des forces.

Tu es tout ça. Tu es une partie de tout ça. C’est normal. Tu es une partie de moi.

J’ai bien eu beau changer (plusieurs fois) de ville, de boulot, de projets.
J’ai bien eu beau m’occuper de moi. Penser à moi. Essayer de me (re)construire.
Que dalle.
Tchipette, nada, wallou : je pense (encore et toujours) à toi.

On dit que de la haine à l’amour il n’y a qu’un pas.
Je crois que de l’amour à la vie il n’y en a qu’un aussi…

Nous sommes en 2006. Ça fait donc plus de six ans que je te connais. Mais sans te connaître réellement.

Déjà commençons les choses dans l’ordre.
Notre rencontre.
Le début du bordel.
Je sais que j’avais une bouteille de vin, mais pas de tire-bouchon.
A tout hasard, j’ai été sonner à ta porte, des camarades de promos (pas forcément des amis) étaient chez moi, et moi j’ai préféré discuter avec toi. Pour finalement t’inviter à boire un verre, d’abord chez moi puis ensuite dehors.
C’était sympa. On habitait le même immeuble, le même étage. Mais pas le même appart. Moi au début j’y croyais pas. Comme le disait (ma meilleure) (une) amie de l’époque, S, c’est comme si Noël était arrivé.
Avec toi dans le rôle du cadeau. Tu m’as ouvert l’esprit, sur pleins de plans. Et pour ça, encore maintenant je t’en remercie. Dans pleins de domaines, tu as donné le top départ. Si j’ai la force, aujourd’hui, de continuer à perdre mon temps sur kah0, c’est bien parce que l’idée je l’ai eue quand j’étais avec toi.
Et quand je dis que je veux pouvoir regarder mon fils / ma fille en face et lui dire que « au moins papa a essayé » peut être que je fais un lapsus en pensant à un rejeton de notre union.

Pourtant je t’ai fait mal. Parce que je ne croyais pas ça possible. Pas si tôt, pas avec toi.
Pourquoi ?
Parce que j’ai peur. Atrocement peur.
Parce que nous sommes pareils.
Parce que nous sommes différents.

Je m’explique : je ne suis pas en train de croire une image ou une représentation, le genre d’icône sévèrement punie par la religion catholique…
Simplement que je sais ce que tu m’apportes, et je veux bien avoir la prétention de croire que je t’apporte quelque chose.
Ensuite Paris. Lorsque nous y étions tous les deux. Puis Marseille, dans la logique du truc , là où j’aurais mieux fait de ne rien faire. Enfin Barcelone maintenant. Où quand le travail n’est plus que la dernière, seule et ultime solution.

PARIS (distance : moins de 10 km) Le début de la déchéance. Les sorties, les potes, l’alcool… Le début du chaos. Pourquoi ça a commencé à cette période? Peut être parce que (pour la première fois de ma short life) je découvrais des gens qui ne me jugeaient non pas sur mon passé mais sur mon présent et sur mes actes… Je ne regrette rien de cette période, elle m’a ouvert les yeux et l’esprit sur plein de choses, donné des idées, donné la force…

MARSEILLE (distance : 760 km) Le début de la fin et la fin du commencement. Sans rentrer dans les détails,oui j’ai craqué. Disjoncté. Total. Complètement. Même joueur joue encore. Brain crash voire crashed. J’ai pris tous les risques, tenté toutes les choses, allant jusqu’au bout de moi-même (et des gens).

METZ (distance : 330 km) Le changement. Radical. Retour près de la famille. On revient aux sources, on se rapproche de ce (ceux) qu’on connaît. En espérant qu’ils n’aient pas trop changer. Et – ô jeunesse fougueuse, ô vieillesse ennemie – malheureusement, ils. Je n’ai pu que (re)voir les mêmes gens, aux mêmes endroits, faisant les mêmes choses…

BARCELONE (distance : 1070 km) Le nouveau départ, après quelques ratés. Cette fois c’est la bonne. Je suis trop fatigué. Marre de me dire « Insert coins ». Alors je vais faire en sorte de me tracer une ligne de conduite et de m’y tenir. En faisant mes papiers en temps et en heure.

Ça me fait penser à un teaser pour James Bond. Un titre de PropellerHeads : History repeating…
Tout ça voilà, je le dis. Moi, Alexander de Querzen, grand directeur de kah0 et de toutes ses divisions j’avoue être emmerdé. Voire dans la merde. Ou encore pire : être comme un con dans la merde.

Sauf que.

Sauf que plus d’un an a passé.
Rapide calcul : un an égal trois cent soixante cinq jours égal huit mille sept cent soixante heures égal cinq cent vingt cinq mille secondes. Grosso modo ça veut dire quoi ? Ca veut dire que beaucoup de choses ont changé, si l’on part du principe qu’au temps T tu es vivant et qu’au temps T+1 tu es mort. C’est ce qui me maintient la tête hors de l’eau.

Comme tu me le disais, j’ai vécu des événements troublants, destructeurs.
Mais au fond je ne cherche que ça.
« Quod me nutrit me destruit », ce qui me nourrit me détruit. C’est un tatouage d’Angelina Jolie, encore une fois je ne m’en sors pas. Mais c’est vrai. Si la souffrance me nourrit, elle me détruit aussi. Aujourd’hui, je n’ai plus que çà. Ecorché vif. J’ai beau songer à autre chose, à d’autres choses ou d’autres gens, tu es toujours là, toujours présente.
Et pourtant. Et pourtant, dans mon métier, ça devrait être facile de t’oublier.
Oui oui, pour ceux qui me découvrent, mon job actuel est pornographe.
Je vends du contenu pornographique.
Mon domaine c’est l’adulte, le cul, et mes thèmes l’anal, les fellations, ce genre de choses.
Mais depuis un moment ça ne me fait ni chaud ni froid. Je bosse et je vends un produit, mon esprit est occupé ailleurs. Enfin, pas ailleurs dans le sens physique du terme, ailleurs dans le sens mental. Voire moral.

Tiens la moralité. Ça, c’est un truc de merde. La morale et moi ça faisait deux. Ou plutôt disons que j’avais une morale assez élastique. Chose qui maintenant n’est plus possible. « Dura lex, sed lex », la loi est dure mais c’est la loi. Funny, isn’t it?
Mais pourquoi pas…

J’ai un grand cahier à côté de moi, le road book du kah0. Et de made by PGK par la même. C’est important pour moi. C’est même une des seules choses réellement importantes pour moi. Pourquoi? Bah bah bah.
Vous allez encore me traiter d’égoïste, vils chenapans… Mais bon, vu que je ne me livrerai plus (sauf peut être dans une autre version de « AutoBiographik ») autant y aller.

Vous êtes prêts? Tout le monde a son équipement de spéléo, même le vieux du fond là, à droite?

Okay. Comme on dit ici « balé » (orthographe incertaine vu que non apprise)
Alors on va passer vite fait sur l’enfance, ce genre de trucs je le garde pour mon psy, à l’occasion, quand je le vois. Et puis ça ne vous regarde pas.
T’as vu? Je passe de toi aux gens, c’est preuve que je suis pas si égoïste que ça… Je veux qu’on m’aime quand même. J’ai besoin de ça. C’est physiquement vital. Mais bon, faut pas que j’oublie que je parle à une absente et que le public, lui, par contre, est présent.
Permettez, m’sieurs dames? Je balance un coup de Björk, j’aime, musicalement ça me détend.
Bref je disais. Je ne sais plus.
Voilà bien mon problème, je commence un truc puis pars dans une autre direction avant de revenir au point de départ. Donc.
Ah wouais, le road book.
Celui là, personne ne le verra. A part peut être les Elus, car Eux savent. Ils savent quoi? Entre autre qui je suis et ce que je fais et surtout, pourquoi je le fais. Parce que ça me tient à coeur.
Alors au niveau des bonnes nouvelles déjà c’est que j’ai pris conscience que j’avais un corps lié au cerveau.
Et donc qu’il faut que je prenne soin des deux. L’un ne va pas sans l’autre.
Finalement le fait de vivre en colocation c’est pas plus mal…
Mais bon, je parle de moi comme d’habitude. C’est normal : « Parlez de ce que vous connaissez » dixit James Herbert. Donc je parle de moi.
Concernant cette « absence », le plus simple est de lire la… comment dit-on quand il y a 6 volumes? Bref, les textes en vers de Trinity. Ça éclaire sous un jour nouveau ma personnalité.
Car oui j’ai une personnalité.
Pas forcément la mieux, pas forcément la plus mauvaise.
Pour la première fois en plus de vingt-cinq ans, je me sens bien. J’ai l’impression d’avoir changé, ou tout le moins avoir évolué. C’étaitt pas gagné d’avance. Mais au final, je trouve que je m’en suis pas si mal sorti que ça. Globalement, dans la totalité du truc, ça va mieux.
Mais pour en être sûr, il faudrait que toi et moi on le voit, ensemble.
Qu’on check ça sur la durée en somme.
Et dans le siècle des siècle, amen.

[Edit : « Life is so hard » (Beck)… Writing is so hard…]

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