Trois par quatre en huit clos

liviasansleo

A la manière d'une interview, trois personnes se dévoilent et nous raconte leurs parcours, leurs échecs et leurs espoirs...

I) Présentation :

"Quand l'histoire a commencé ça faisait deux ans que j'étais sorti de prison."

Tu peux nous en dire plus sur toi ?

Ah pardon, moi, c'est Nico, j'ai 25 ans.

Tu viens d'où ? 

J'ai grandit en grande banlieue avec mes parents. J'ai deux grands frères mais on a pas mal d'écart, ils sont vite partis de la maison.

Tu nous a dit avoir fait de la prison, tu peux nous en donner la raison ?

Je suis tombé dans la petite délinquance à la fin de l'adolescence. J'ai un peu suivit mes potes dans ce délire. Quand j'ai vu que je pouvais faire de l'argent facile, j'ai eu envie de taper plus haut. J'ai pris 7 ans mais j'ai été libéré au bout de 5.

Et tu vis où maintenant ?

Mes parents m'ont jeté quand j'ai été libéré. Je suis hébergé par un des seuls vrais amis qu'il me reste sur Paris. Pour l'aider à payer le loyer, je fais des missions d'intérim de temps à autre, entre, je suis au chômage.

A ton tour jolie demoiselle, présentes-toi :

Moi, c'est Angela, j'ai 25 ans aussi. Je suis Parisienne depuis toujours. J'ai grandit avec mon frère et mes deux parents. Je viens d'une famille aisée. Quand j'ai eu la majorité, mes parents ont divorcé...

Tu peux nous en dire plus, si ce n'est pas indiscret ?

Mon frère est... a eu... un accident de voiture en rentrant de boite. C'était le conducteur et il a été percuté de plein fouet par un chauffard. Il est resté deux mois dans le coma et est décédé. 

A partir de là, mes parents n'ont pas tenu le choc. Ma mère n'arrivait pas à faire son deuil, mon père à la consoler. Ils ont finit par se séparer. Je suis restée avec ma mère. Mon père, peut-être pour combler son abscence, nous versait beaucoup d'argent. J'ai quitté le foyer quand j'ai finit mes études.

Tu travailles ? 

Je suis styliste et gérante de ma propre boutique dans Paris. Je survie. Ma marque avait connu une belle ascension mais les temps sont durs maintenant.

Et toi, qui es-tu ?

Je suis Stefan, j'ai 23 ans.

Joli accent, d'où viens-tu ?

Made in London ! Je suis anglais, je suis arrivé en France à 16 ans avec l'aide de mes grands-parents. J'ai surtout grandit avec eux. Mes parents étant, comment dire ? Inaptes à élever mes deux soeurs et moi.

Pourquoi es-tu venu en France ?

Comme vous pouvez le constater, j'ai un physique longiligne et androgyne. Ma grand-mère m'a poussé à faire des photos. J'ai fait un book, je l'ai envoyé à plusieurs agences et ma carrière a commencé.

J'ai été beaucoup demandé sur Paris alors j'ai déniché une petite chambre de bonne que j'ai gardé de longues années.

Tu voyages beaucoup ?

Non, plus maintenant, c'est derrière moi tout ça. D'ailleurs je suis retourné quelques mois à Londres et je pense que je vais y vivre définitivement.

II) Le quotidien :

Nico, tu peux me raconter une journée ordinaire ?

Oui, si tu veux. Généralement, je me lève tard. Medhi, l'ami qui m'héberge part travailler avant que je me réveille mais je l'entend dans la salle de bain se cocotter au Paco Rabanne. Il est vendeur, il doit être classe. Je me lève, je glande, je range le bordel de la veille, je regarde la télé, je me lave, je regarde mon phone, et, selon les jours, j'attend mon dealeur. Medhi rentre, mange vite fait et ressort voir ses meufs. Et moi, je me met minable.

Comment-ça ?

Ok, je vais pas vous mentir, je suis un putain de camé.

Et ça fait longtemps ?

Depuis que je suis sorti de taule. Avant j'en vendais maintenant j'en prend. J'ai tiré 5 piges et je suis sorti pour bonne conduite avec mise à l'épreuve. Je me suis retrouvé à la rue parce que mes parents ne voulaient plus de moi. Heureusement, le destin m'a fait croisé Medhi. Il m'a sauvé de cette misère, c'est pour ça que je lui fait son ménage. 

Tu n'as jamais pensé à arrêter ? 

J'ai essayé plusieurs fois mais en vrai, je m'en fou de mourir jeune. J'ai pas envie de devenir quelqu'un, avoir des enfants...

Angela, parles-moi d'une journée type ?

Moi, je me lève à 7h, je prend un bol de muesli, un jus, un double café et une clope. Après je prend mon temps dans la salle de bain et je pars ouvrir la boutique jusqu'à ce que ma vendeuse, Marie, arrive. Dès qu'elle est là, je pars en arrière boutique dans le petit bureau que j'ai emménagé. Je check mes mails, dessine de nouveaux patrons, vérifie les stocks, les commandes... Bref, contrairement à Nico, je n'ai pas me temps de glander. Souvent,  je téléphone à mon père qui m'aide à payer le loyer du commerce. J'ai tellement peu de temps devant moi que je saute régulièrement le déjeuner et ramènes du boulot à mon appart. Le mercredi, je laisse Marie fermer la boutique et je file voir mon psy. Le soir, je rentre tard, travaille encore, mange sur le pouce, reprend une douche, me sers un verre, parfois deux, parfois trois...

Tu bois depuis longtemps ?

Oui. Avant je t'aurai dit que je ne bois pas mais oui, depuis le lycée. D'abord entre potes, en soirée étudiante, dans les cocktails... Crescendo, j'ai commencé à boire seule chez moi... Mais depuis que je consulte un psy, je me restreint. Maintenant, certains soirs, je ne bois plus.

Stefan, une journée classique ?

Je vais vous conter ma vie d'avant alors. Je n'ai pas vraiment de "typical day" vu que je suis appelé un peu partout, qu'il m'arrivait de partir plusieurs jours un peu partout dans le monde. Je dois faire une routine sur YouTube ? Nan, sérieusement, je me lève tôt, je fais de l'entraînement et je prend beaucoup soin de moi. Après j'allais soit en séance photo, soit aux castings, soit en préparation pour les défilés. Le soir, je faisais un peu la fête dans des endroits branchouilles de la capitale. Endroits où les alcooliques mondains côtoient les grandes folles comme moi shootées aux anxiolytiques. Mais je ne rentrais pas trop tard pour ne pas que ça se voit à mon teint.

Une folle sous anxiolytiques ?

Je suis un cliché à moi tout seul. Je suis mannequin, gay, dépressif et plein d'égo. En réalité, je crois que je soignais ma profonde solitude à l'aide des médocs, ces drogues légales prescrites par nos médecins. 

Tu n'as jamais essayé d'arrêter ? 

Si, justement, j'ai arrêté ! J'ai tout arrêté !  Les médocs, les catwalks, les soirées mondaines, les crises d'hystérie, de me sentir seul après une journée entourée de gens. I'm a new man, now !

III) La rencontre :

Vous vous connaissez tous les 3, Nico comment as-tu connu Angela ?

Comme je l'ai dit précédemment, de temps en temps j'accepte des missions. Après ma mise à l'épreuve, j'ai fait plusieurs stages et repassé mon permis. Bref, je me suis réintégré à la société. Du coup, une connaissance de Medhi m'a parlé d'un plan dans une boite d'intérim. Un petit job de coursier. Il fallait transporter des fringues pour une exposition. Je suis arrivé devant la boutique, c'était l'hiver et une gentille vendeuse m'a dit d'entrer. Une autre femme m'a apporté les colis et enfin la grande patronne est arrivée complètement stressé et m'a donné mille consignes. C'était Angela.

Angela, tu rumines, tu n'es pas d'accord avec sa version ?

Je trouve juste que Marie est trop gentille, elle aurait dû le laisser devant la porte. Je pense que Cynthia mon ancienne collaboratrice aurait dû lui jeter les cartons ! Ce n'était pas une exposition mais un concours de jeune créateur...

Nico, tu rigoles ?

Elle est tout le temps comme ça !  Non, je n'ai pas finit de vous décrire la scène. Elle était tellement sur les nerfs qu'elle semblait sur le point de pleurer. Je l'ai trouvé touchante. En fait, je crois que j'ai eu un énorme coup de coeur mais je ne suis pas sûre que c'était réciproque. Elle était tellement stylée, une vraie femme fatale perdue dans sa vie... Mais elle, elle ne pensait qu'à cette présentation...

Angela, tu veux ajouter quelque chose ?

Tout ce que j'ai vu c'est un mec qui allait me mettre en retard parce qu'il louchait sur moi ! Et effectivement, le béguin n'était pas réciproque. J'aurai dû m'arrêter à cette première impression.

Et toi Stefan, comment tu les as connu ces deux là ?

J'ai d'abord connu Angela. Je l'ai rencontré lors d'un salon du prêt-à-porter. Je bossait pour une autre marque mais mon chemin à croisé ce petit bout de femme. Sa collaboratrice connaissait pas mal de monde, mais elle, elle était un peu dans son coin, toute mignonne, impeccable. J'ai capté son aura dans l'obscurité de la salle, et comme je ne suis pas timide, je suis venu lui parler. J'ai tout de suite adoré sa petite voix fluette. De coupe de champagne en coupe de champagne, on a finit par échanger nos numéros. Je l'ai invité à une autre soirée pour la brancher avec mes contacts et de fil en aiguille, elle est devenue ma meilleure amie.

Nico, lui, c'est Angela qui me l'a présenté quand ils étaient en couple. C'est un gars marrant et pas prise de tête. Je les aimais bien ensemble, mais bon, je comprend aussi leur choix !

IV) La relation :

Alors, Nico, comment as-tu fait pour séduire Angela ?

Après ma mission, je n'ai pas arrêter d'y penser. Je soulais Medhi avec cette fille. Lui, c'est un Don Juan, il m'a dit d'aller au magasin et pretexter vouloir acheter un vêtement pour ma soeur. Medhi m'a prêté de la thune et m'a dit de prendre un haut en taille 38. En fait, il allait l'offrir à sa copine de l'époque, comme ça, on faisait une pierre deux coups.

J'ai suivit ses conseils. La première fois, elle n'était pas là, alors, je suis reparti en disant que je réfléchissais. La deuxième fois, c'était le soir, avant que la boutique ferme.

Elle était en caisse et je lui ai demandé quel haut elle aimerait porté. Elle a dit tous, puisque c'est elle qui les avait imaginé. Je suis resté bête. Alors, je lui ai demandé celui qu'elle porterait pour un grand évènement. Elle a longtemps hésité et choisit un top brodé de perles. J'ai payé, je lui ai dit que ma soeur allait aimer et je lui ai avoué que je voulais la revoir un soir. Elle a baissé la tête puis a répondu : "Pourquoi pas mais avec ou sans votre soeur ?"

Angela, la suite ?

Oui, donc, notre histoire a débuté sur un premier mensonge vu qu'il n'a pas de soeur ! Je lui ai laissé ma carte avec mon numéro professionnel pour ne pas qu'il m'harcèle de messages. On s'est vu un mercredi soir, du coup, on a été boire quelques verres. Je pense que j'avais trop picolé, car, ce soir là, il s'est transformé en Prince charmant. Bon d'accord, je le trouve très beau. Il s'habille bien malgré ses cernes, ses joues creusées et sa tonne de gel.

J'ai pas cédé le premier soir, je les connais les lascars ! J'ai fait pire, je lui ai laissé mon vrai numéro et proposé de passer chez moi la semaine d'après. On a bu, on a fumé de la weed et on a finit par partager mon lit. Puis on a remit ça deux, trois, quatre fois par semaine. Il a laissé un peu de liberté à Medhi pour venir faire le ménage chez moi !

Stefan, pourquoi tu es mort de rire ?

Ils étaient inséparables ! Je m'attendais à ce qu'ils m'annoncent un jour leur mariage, mais, peut-être que ça aurait été un peu trop décadent ! 

V) Les problèmes :

Nico, que s'est-il passé ?

C'est un tout. On rentre dans le vif du sujet du coup. Ben, il y avait son boulot, nos passés, nos addictions, mes mensonges... Angela travaillait comme une folle, moi, j'étais inutile. Le soir, on avait l'habitude de se détendre. On tisait, on fumait, je sniffais... Je sais pas pourquoi, je lui ai fait essayer. C'était pas trop son kiff, elle tapait que de temps en temps. J'ai pris trop de place dans sa vie je crois, au détriment de son travail. Cynthia, sa collaboratrice a annoncé son départ pour le sud de la France. Angela s'est retrouvé seule à tout gérer, elle a un peu mis la boutique de côté pour être avec moi, je ne sais pas. Après 6 mois de vie commune, elle rentrait et se mettait à pleurer sans raison. Je la voyais descendre des bouteilles mais moi, j'étais trop stone pour comprendre. On soignait tous les deux nos peines avec nos pires tentations, ça ne pouvait pas durer...

Angela, tu ne sembles pas bien ?

Il est pas complètement fautif. Je n'arrivait plus à me gérer. J'aurai dû lui parler un peu plus. Lui dire dès le début que mon boulot allait prendre trop de place entre nous. J'aurai dû voir que j'avais un problème avec l'alcool et lui expliquer ce qui me rongeait comme ça. En fait, on était ensemble mais on ne se connaissait pas si bien. J'ai vu que lui aussi se détruisait. On a finit tant de nuit dechiré tous les deux, dans le canap, sans avoir eu de véritables discussions. On a passé tant de jours en se croisant à peine...

Stefan, tu sembles triste ?

Oui, j'étais témoin de leur détresse. J'aurai aimé secouer Angela et ouvrir les yeux à Nico. J'ai passé plein de soirées avec eux. Je me suis défoncé avec eux et ils m'ont sauvé la vie d'ailleurs. J'aurai dû leur donner la pareille.

VI) La grande peur :

Stefan, tu as frôlé la mort ?

Oui, j'étais chez eux ce soir là. J'avais envoyé un message à Angela. J'avais reçu une mauvaise nouvelle d'Angleterre mais je ne pouvais pas m'y rendre à cause du boulot. J'avais besoin de voir des gens. Mon grand-père venait de décéder et laissait seul derrière lui, ma grand-mère qui est tout pour moi. Lui, il a été comme un père, si ce n'est mieux et je pouvais pas être près de lui. 

À cette époque je souffrait   d'anorexie, je pense. Pas à cause du métier que j'exerçais, j'étais bien trop exigeant avec mon corps et par dessus ça, je vidais des boites de calmants, de somnifères à vitesse grand V. Je pense que mon docteur ne me limitait pas assez. Après lui, j'ai été pris en charge par de bons médecins qui ont su me restreindre. Mais je ne lui rejete pas la faute, je suis grand, j'aurais dû me contrôler.

Revenons à ce soir là. J'ai abusé de cachets, j'ai commencé chez moi avec quelques shooters de vodka. Quand Angela m'a ouvert, elle ne le savait pas. Ils m'ont proposé l'apéro gentillement. Je n'avais rien mangé depuis au moins deux jours. J'ai filé aux toilettes m'enfiler d'autres cachetons. Au deuxième verre, j'ai commencé à pleurer. Puis, les effets arrivant, j'avais du mal à respirer. Je me suis levé en leur disant que j'allais rentrer chez moi. Angela voulait appeler un taxi. Je me souviens m'être aggripé à son porte-manteau, ensuite, trou noir...

Nico, tu te souviens ?

Oui, Angela et moi on l'a vu s'écrouler en suffocant. Il avait des spasmes et commençait à s'étouffer. Je l'ai allongé sur le côté de peur qu'il ne vomisse. Angela pendant ce temps appelait les pompiers tout en rangeant la table pour cacher la tise et mon matos. Elle était très mal car elle l'avait fait boire. Les pompiers sont arrivés et on est parti avec eux aux urgences. Il a subit un lavage d'estomac mais il est resté la nuit dans le coma. Ils l'ont gardé plus longtemps pour l'aider à s'alimenter et le diriger vers de bons professionnels. On est venu le voir tous les jours. On a eu vraiment eu peur de le perdre. Angela revivait un cauchemar et moi, j'avais l'impression de tuer un homme pour la deuxième fois...

Angela tu es bouleversé ?

C'est après ça que Nico et moi ont a décidé de mettre un terme à notre relation. J'ai vu mon meilleur ami faillir sous mes yeux. Je revivait le drame d'avoir perdu mon frère et j'ai realisé que mon homme m'avait menti plusieurs fois...

Le coup de la soeur qui n'existe pas, c'était pas très grave, soit... Mais cette semaine là, je lui ai expliqué pourquoi j'étais si mal depuis mes 18 ans. Je lui ai dit que j'avais perdu un frère fauché par un taré au volant. Je lui ai détaillé la peine de ma mère, le divorce de mes parents, mon alcoolisme grandissant.

J'ai bien vu qu'il semblait mal quand je lui parlais de cette histoire. Il n'a rien dit. Il n'a rien dit pendant deux semaines. C'était devenu un zombie qui errait dans le salon avec de la dope plein le nez. Toujours plus high ! En rentrant du boulot, trop crevé, je suis partie directement me coucher mais monsieur était enfin décidé à me parler. Il est venu dans la chambre, dans la pénombre, sous drogues dures et m'a expliqué la vraie raison de son séjour en prison. Il n'avait pas fait de délit de fuite pendant un go fast, non, il avait fait pire !

Nico, tu veux nous en parler ?

Oui j'ai menti. Oui, j'ai tiré 5 ans de prison. Oui, j'ai plongé dans la drogue suite à ça. Oui, je suis un meutrier...

Avec un pote à l'époque ont s'est pris pour des caïds. On a voulu rendre service à un grand du quartier et on a accepté sa mission. C'était pas un long trajet et on avait pas beaucoup à transporter. Au retour, on a croisé pas mal de flics. On était jeunes et inconscients. On a voulu rouler plus vite pour être sûr de les esquiver. Quand on est arrivé dans la ville, lors d'une intersection, la voiture a percuté une vieille caisse qui ne s'est pas arrêté au stop. Le problème s'est qu'il n'avait ni bon freins, ni bons amortisseurs... La vieille caisse a fait un 360 et a finit violemment dans un mur. Le conducteur a pris ce mur. Il n'y avait pas de témoin mais j'ai dit à mon pote de se tirer avec les prods et que j'allais assumer mes actes. J'ai appelé les pompiers et expliqué que j'étais arrivé trop vite et que la victime n'avait pas respecté le code de la route. A l'époque j'avais pas de casier, j'étais clean. J'ai été vite jugé, j'ai reconnu mes tords. J'ai pris 7 ans ferme pour circonstances aggravantes mais je suis sorti pour bonne conduite au bout de 5. Pendant toutes ces années et encore maintenant, je repense à l'accident. Je revois le visage de cet homme qui est mort sur le coup. J'ai appris qu'il était père de famille et qu'il rentrait du travail. En fait, j'ai honte et c'est pour ça que je ne dis pas pourquoi j'ai été en zonz. J'ai tué un homme en jouant les bandits. 

Mon pote s'est fait coffrer quelques années plus tard pour une histoire similaire. Il avait jamais quitté son rôle de kaïra. En sortant de prison, il s'est suicidé. Peut-être que si ce soir là, je lui avais dit de rester, il serait encore là. On aurait pris plus, mais lui, toujours en vie. L'homme que j'ai tué n'était pas le frère d'Angela mais l'ayant perdu dans les mêmes circonstances, elle n'a pas pu le supporter...

VII) Le changement :

Stefan, après ton séjour à l'hôpital, tu as fait quoi ?

J'ai décidé de me soigner. J'ai appris la séparation de mes amis et essayé de consoler Angela. J'ai eu envie de voir ma grand-mère à Londres. Elle ne m'en voulait pas de ne pas avoit pu me rendre aux obsèques de mon grand-père. Elle a lu sur mon visage que j'avais fait un burn out. Je devais resté que 3 jours, je suis resté 3 mois. Elle m'a fait manger, je l'ai fait rire. J'ai revu mes soeurs. Mon père a été malade mais ne donne plus de nouvelles depuis que m'a mère s'est fait interner. Ma grand-mère me rappelle tous les jours que le temps passe vite, je vais retourner vivre là-bas. J'ai arrêté le mannequinat, non pas par dégoût du métier mais parce qu'il avait trop d'emprise sur mon état émotionnel. Peut-être que je vais devenir aide soignant. Je suis jeune, et j'ai envie de m'occuper un peu des autres.

Angela, tu pleures ?

Ça va être dur sans lui, c'est un rayon de soleil. Plus rien n'est pareil maintenant. Après ma séparation, j'ai repris un peu la main sur ma vie. Depuis, je vois un psy. J'essaye de me défaire de l'alcool car je veux être fière et suivre le model de Stefan. Mon chiffre d'affaire a un peu chuté. J'ai déménagé dans un autre arrondissement. Ma mère est en dépression, mon père va se remarier. Je vais me donner du temps et essayer de me défaire de mes démons.

Nico, tu sembles pensif ?

Oui, car j'aime toujours Angela et elle le sait. Depuis notre séparation la vie semble longue. Je l'avais recontacté mais, elle n'a plus confiance.

J'ai trouvé un job qui peut aboutir à un CDI, je commence la semaine pro. J'aimerai vous dire que je vais tout arrêter mais je n'arrive pas à y croire. Mon nouvel objectif est de me trouver un appart'. J'ai pas envie de mourir vieux mais je veux montrer que je suis indépendant. 

IV) Les souhaits :

Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter alors ? Stefan ?

Qu'Angela rebondisse et soit enfin sûre d'elle, que Nico comprenne qu'il ne trouvera jamais de réconfort dans le vice et moi, de ne plus jamais martyriser mon âme et mon corps.

Angela ?

Je veux voir Stefan heureux toute sa vie et qu'il revienne de temps en temps me voir à Paris. Je veux que Nico ne se perde plus dans ses mensonges et prenne conscience de ceux qui sont autour de lui. Et moi, de me recentrer sur mes objectifs et de savoir ce que je veux vraiment.

Nico ?

Que Stefan continu à s'éclater et qu'il garde sa fraîcheur et son humour. Je voudrais qu'Angela s'épanouisse et ne s'oublie pas non plus à travers son travail. Elle ne souffre pas que d'alcoolisme, elle est aussi work-alcoolique. J'espère qu'un jour elle entendra mon pardon. Moi, j'aimerai fermer les yeux sans penser à l'homme que j'ai percuté. Je veux décrocher mon CDI et laisser la liberté à cet ami qui un jour m'a ouvert sa porte...

Mais toi qui nous pose des questions depuis tout à l'heure, qui es-tu ?

D'accord, à mon tour.

Moi c'est Medhi, j'ai 27 ans, je suis vendeur en téléphonie. J'ai grandit dans un pavillon en grande banlieue avec mes grandes soeurs et mon petit frère. J'ai une famille très aimante. Je suis un peu l'ovni de la famille car au grand désespoir de mes parents, je ne suis pas marié.

Je connais Nico depuis le lycée. Un soir en rentrant du taf, à la sortie du métro, je l'ai vu dehors. Mon coeur s'est fendu ! Je lui ai dit de venir s'installer chez moi. C'est vraiment le coloc le plus cool du monde. Il range, il va chercher à manger... Quand il m'a parlé d'Angela, j'ai su qu'il était accroc. Stefan, je l'ai rencontré lors d'une teuf chez Angela. Je ne pensais pas que les anglais pouvaient être drôle avant lui et je crois qu'il a envie de me tuer maintenant.

J'ai pas eu un passé difficile mais j'ai comme même une addiction, les femmes, non pire, le sexe !

Je ne me suis jamais mis dans de mauvaises situations, ni m'y mal pour ça. Mais, ça m'a ralenti un peu dans ma vie. J'ai fait pleurer des femmes pour d'autres femmes. Je fais râler mes parents car je suis "célibataire à mon âge". J'ai fait croire à mes parents que je venais sur Paris pour mon boulot mais je me rapprochais surtout de quelques unes de mes exs.

J'étais tellement préoccupé par elles que je n'ai pas vu l'état de Nico, le mal-être dans son couple. Je n'ai même pas été voir Stefan à l'hôpital car j'étais parti en vacances avec la plus chaude de mes copines.

J'ai raté pas mal de bons moments avec mes vrais amis pour des coups d'un soir.

Dans tous les cas, merci d'être venu aujourd'hui et d'avoir accepté de tourner cette vidéo souvenir.

A travers toutes ces questions, je voulais qu'on se souvienne comment nos vies se sont croisées et pourquoi nous avons été séparé.

En fait, j'ai une bonne nouvelle, je crois avoir trouver la bonne et je voudrais que vous veniez tous à mon mariage.

Nico, garde l'appart pour le moment, si l'agence le veut bien et dès que tu pourras, on fera un glissement de bail. 

Angela, ma fiancé aimerait que tu lui dessines sa robe si tu acceptes.

Stefan, je compte sur toi pour faire des blagues à mes invités.

Sur ce, mes amis, je coupe la caméra et je propose qu'on trinque ensemble, sans alcool bien sûr, à ce moment unique que nous venons de passer tous les 4 et je vous souhaite à tous d'atteindre vos objectifs et de vois défaire de tous ce qui peut vous ronger. Longue route à nous !





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