Trop grand

louzaki


Ça faisait pas mal de temps que je ne l'avais pas vu. Qu'il n'était pas sorti de chez lui.
21h06. Sa porte s'est ouverte très vite. Les épaules en avant, il est sorti. Il avait un manteau trop grand, noir et en cuir sur les épaules. Beaucoup trop grand à vrai dire. Il semblait lourd, ce manteau. Il semblait l'écraser.

Moi, j'étais occupé à regarder le ciel. Je profitais du silence de notre rue étroite. Des quelques étoiles qui se faisaient la malle de l'immensité du ciel et qui venaient se caler ici. Entre deux baraques pas très droites, pas très belles. Et puis, je fumais ma dernière cigarette. Sous le ciel nocturne.
Il ne devait pas s'attendre à me voir ici, comme ça, en silence. Il a haussé un sourcil, puis deux et a baissé les yeux.
Ses cheveux comme si il venait de se lever, de se réveiller, d'émerger d'un rêve qui semblait agréable. Brun, bouclés presque.
Il est passé devant moi, sans un regard, sans un souffle.
J'ai fais semblant de m'intéresser encore un peu au ciel. J'ai fais semblant de ne pas le regarder quand il est passé devant moi, portant un odeur de parfum de femme dans ses cheveux.

Une fois loin, je me suis penché. Loin de mon promontoire et j'ai regardé. Je n'ai vu qu'une silhouette noire, loin, très loin. Je savais que c'était lui. Je ne savais rien de plus. Une silhouette qui s'efface progressivement.

Il y a eu un peu de brume ce soir là. Après 21h06. Et alors, j'ai définitivement perdu sa trace. 
Signaler ce texte