Trouble de jouissance

                  Trouble de jouissance

C’est le ramdam dans mon allée

Y’a des gamins, plein l’escalier

Se chamaillent à longueurs de journées

Barrent le passage, d’un pied de nez

Dans les couloirs, ne vous dis pas

Couverts d’ordures et de crachats

Murs tagués, carreaux cassés

Pas un immeuble, un vrai clapier

Dans l’HLM qui monte au ciel

On en voit toutes les couleurs

Loyer modeste, la belle aubaine

Tu comprends vite ta douleur

Trouble de jouissance, à double sens

Mais par comble de malchance

On n’en perçoit que les outrances

Pas question de concupiscence

Comme Fort Chabrol, est verrouillé

Appart douillet, intimité

Plusieurs serrures, on faut des clés

T’oublies le code, tu es refait

Les ascenseurs condamnés

Tu comptes les marches, jusqu’au grenier

Chargé de courses, tellement vidé

T’écroules enfin, sur ton plumier

Tu crois pouvoir, te délasser

Manette télé, à ta portée

Un apéro, pour t’apaiser

Soirée commence, sur canapé

Cloisons épaisses comme du papier

Aux 4 coins tu es cerné

Voisins sans gêne, le verbe haut

Même quand ils pissent, t’entends leurs flots

Cages à lapins, bien barraudées

On ne peut pas y échapper

C’est anonyme communauté

Parfois on joue, les indiscrets

Chacun mène sa petite vie

C’est une sacrée cacophonie

En bas, on pleure, en haut, on rit

Tu te replies, dans ton abri

Le moindre meuble déplacé

Menue cuillère, échappée

Suffisent à te faire sursauter

C’est du direct, pas du ciné

Ça tourne parfois, à déraison

Bien agacé, hausse le son

Chacun rajoute sa partition

On n’est pas tous au diapason

Un vieux garçon de mon étage

Reste cloitré, sage comme image

Mais à sa mine renfrognée

Un de ces jours va exploser

Il collectionne les armes à feu

Para, jadis, légionnaire

M’étonnerait pas, carton va faire

Pour dégommer, petits morveux

Trouble de jouissance, avertissement

Pour désigner, tout ce bordel

Se pointent jamais, flics pleins de zèle

Poubelle-city, notre slogan

Les vieux, les gueux, crèves la faim

Sont les victimes désignées

Des glandouilleurs, qui rongent leur frein

Rien d’autre à foutre, que faire chier

Y’a bien longtemps que la régie

A renoncer à mettre les pieds

Dans notre taudis, on est maudits

Vit à l’écart, high-society

Toute la journée, le rodéo

BM, gonzesses, gus fiérots

Tout propre sur eux, les poches pleines

Sans travailler, comment s’y prennent

Mais la réponse, on la connait

C’est l’omerta, dans le quartier

Car si tu caftes, t’es repéré

Les paraboles sont orientées

Je me calfeutre, dans mon 3 pièces

Loi du Milieu, ne la transgresse

Trouble de jouissance, à ma façon

C’est mon plaisir, inspiration

« Dis laid, dis l’heure », malgré les gnons

JC Blanc                       janvier 2013