Tu n'iras nulle part...

franekbalboa

Nous étions deux dans une pièce noire, seule une fenêtre triste nous offrait quelque peu de luminosité. Je me réveillais seulement après mon enfermement, et constatait alors l'horreur de la situation. Enfermé... Comment était-ce possible? D'ailleurs que faisais-je ici? Ma mémoire altérée m'empêchait une quelconque réflexion et chaque idée qui semblait se matérialiser était aussitôt dissoute comme une fumée qu'on essayait de saisir.

"Tu vas bien?"
Une petite voix douce avait fendu l'air, quelque chose d'à la fois rassurant et terrifiant en émanait.
"Ca va... On est où? m'entendis-je répondre
-Aucune idée... T'es arrivé après moi.
-J'me rappelle de rien...
-Moi non plus...
-On est genre dans une prison pour amnésiques tu crois?
-Aucune idée. Peut-être nous a-t-on lavé le cerveau?
-Possible. J'ai l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur... J'ai mal partout.
-J'ai entendu des cris et des bruits de lutte. Si c'était bien toi, tu dois pas être le seul à avoir mal ricana la jeune fille
-Tu crois?
-J'en suis sûre. Ca a swingué... Y'a eu du mobilier de cassé.
-Bon comment on sort d'ici?
-Tu penses à sortir? T'as vu les murs? La porte? Les barreaux?
-Oui, j'en ai déjà marre. Immobile? Ca me fatigue déjà. J'veux me barrer.
-T'as pas d'outil, comment tu comptes faire?
-J'ai ma tête.
-Si elle peut te servir à défoncer un mur, je piétinerai les restes de ta cervelle pour sortir ria-t-elle
-Peut-être, va savoir...
-Sérieux?
-Non. J'suis pas assez idiot pour essayer.
-Et du coup? Une idée géniale?
-J'réfléchis.
-A quoi bon? T'as des barreaux aux fenêtres, des murs épais, une porte blindée... Tu veux sortir comment.
-J'en sais rien, c'est à ça que je réfléchis tiens. J'veux sortir, c'est tout.
-Et donc? Monsieur a une géniale idée?
-Déjà te bâillonner? Je pourrais réfléchir lança le garçon avec sarcasme
-Oh ça va...
-Relax, j'vais pas l'faire. D'autant qu'il manque le bailla ria-t-il
-N'empêche que t'es toujours pas sorti.
-Parfois l'évasion est simplement spirituelle. L'esprit gagne, mais le corps reste. On va commencer par ça.
-Comment ça?
-Si tu es prisonnier physiquement, il te reste ton esprit pour être libre. Personne ne peut t'empêcher d'imaginer un monde où tu volerais à travers les nuages, tu comprends?
-Je comprends, mais la réalité te rattrapera non?
-L'esprit le plus vif est aussi le plus à même de s'extirper de sa condition.
-Je ne suis pas sûre de comprendre...
-Essaie de le faire. Si tu y arrives, tu comprendras.
-Mmmh..."
Et nous nous employâmes alors à nous évader par la pensée. Après quelques minutes, nous dormions et nous retrouvions dans un monde vert et pur, loin des barreaux de cette sinistre cellule.

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