Tu parles d'un choix....

mathieub

Des souvenirs lui remontaient en mémoire, par bribes, lambeaux d'une vie passée, d'une jeunesse insouciante perdue à jamais. Sempiternellement les mêmes images, sensations, les plus agréables bien entendu, on ne se souvient que du meilleur !

Après plus de quinze années d'union, douze de mariage, et quatre depuis l'Erreur, que restait-il de sa vie ? La pseudo stabilité des enfants justifiait-elle le sacrifice de son existence ? Il avait toujours été tenté de dire oui, et c'est ce qu'il réalisait dans les faits, sa femme ne l'aimait plus, le lui avait déclaré et le lui faisait bien sentir au quotidien. Selon elle, tout était mort entre eux, et elle ne le retenait pas. D'un autre côté, elle ne voulait pas le quitter et inspectait en s'inquiétant le moindre de ses mouvements... Contradiction...

Alors pour ne pas sombrer, il s'évadait dès qu'un espace de liberté s'offrait à lui, du trajet pour se rendre à son travail à la promenade du chien, pas un de ses trop rares instants de répit qui n'était employé et rentabilisé à laisser libre cours à sa mémoire qui ne manquait pas de l'abreuver des images magnifiques et des douces sensations éprouvées jadis.

Et puis il y a cette fille.

Cette fille qui aurait bien pu n'en être qu'une parmi d'autres avec qui il avait eu l'occasion de partager des sentiments et différents stades de complicité charnelle dans ses années collège, lycée, prépa, fac... Cette fille qui, il en était conscient aurait du n'en être qu'une parmi d'autres. Mais cette fille qu'il n'avait jamais pu oublier, qu'il avait gardée bien au chaud contre son cœur, toutes ces années ; oh bien sûr officiellement pas dedans, juste tout contre, il était trop droit et trop « carré » pour accepter l'idée de se partager. Elle était donc restée en sourdine, compagne translucide et inconsciente. Et le voilà, cet homme sûr de lui et de ce qu'il a bâti qui perd en un instant ce qu'il avait de plus cher : l'amour de sa femme, ciment de la construction de sa vie d'homme, de mari, de père. Et en cascade son amour propre, une partie de ses convictions, et sa si chère rectitude s'envolent sans espoir de retour.

Il pèse chaque jour le pour et le contre, « on sait ce que l'on perd mais pas ce que l'on va gagner ». Doit-il perdre ses enfants et le secret espoir qu'il a de revoir sa femme revenir à de meilleurs sentiments à son égard et que tout redevienne comme avant (c'est beau, c'est con mais c'est beau !), ou tout abandonner et tenter de reconstruire autre chose ailleurs ? Et s'il décidait de partir, devrait-il tenter de la retrouver, cette fille, cette dame de coeur qui ne le quittera jamais ? N'est-il pas extrêmement égoïste de simplement y penser.

Si.

Responsabilité ou égoïsme, tu parles d'un choix !!

Choix d'autant plus évident qu'il est aussi inexistant et impossible qu'une quadrature de cercle... Le comprendras-tu?

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