Tu vois
targonomis
La voiture s'élance à travers les vents et les champs, léchant de sa langue d'acier la route, cette fange de béton informe jetée au creux des mondes extraordinaires. Et toi dans cette boite de métal qui fonce à 100 à l'heure tu ne regardes rien, tu ne vois rien, pas même le présent qui t'entoure à chaque instant. Tes yeux ouverts, aveugles, s'agitent vainement dans leurs orbites. Jeune et plein d’insouciance tu n'as pas peur de la mort, mais ta gorge se serre parfois et tes tripes te tiraillent souvent, car tu crains la vie, cette vie qui peut te rendre ta liberté. Elle est tout ton univers, à la fois en toi sans être toi. Tu en as peur car elle reflète ton âme, et te montre son vraie visage, sans détours, c'est trop cru pour toi. Comment l'accepter ?
Aucune fuite n'est possible. Alors tu fermes les yeux, tu refuses le présent. Dans cette voiture qui rugit et ronfle et agresse tes oreilles, tu respires faiblement. Les vitres, transparentes, légères, infranchissables pour tes pauvres mains moites, te protègent du monde, de cette vitesse vertigineuse, de la pollution, de l’aventure. Toi tu es là sur un siège, trop dur, trop droit, mal adapté à ton corps, mal adapté à ta liberté, tu es serré, tu étouffes, tu souffres.
Aujourd'hui le soleil est majestueux, son éclat est pur dans le ciel d'un bleu immense.
Tu ne penses qu'à ta peine. Ton dos te fait mal, tes yeux sont douloureux, rougis, abîmés par la surconsommation de l'écran bleuté, pixelisé, de ton ordinateur. Celui ci raconte un rêve, et le mélange à ta propre histoire, s'en empare et l'empoisonne tendrement. Mais toi tu t'en fiches, tout le monde s'en fiche. Un jour tu avais essayé de t'en détacher, de lever les yeux vers un ailleurs, mais la peine augmentait encore.
Insupportable. Insurmontable.
Ce jour là pourtant, quelque chose avait germé dans ton âme, et l'avait apaisé. Tu avais, cette fois là, regardé le monde avec innocence, avec plaisir. Tu avais goûté à la pleine satisfaction, sans rien, sans drogue, sans livre, sans personne. Tu avais fais l'expérience unique et spontanée du monde.
Dehors la voiture court toujours après le future, après ton future.
Tu as une idée fixe en tête, tu oublis le monde. Mais le monde est toujours là, bien présent presque comme une photo mais pas tout à fait. Autour de toi, tout ce qui appartient au monde, tout ce que tu trouves beau, grandiose, respectable, tout ce que tu aimes, tout cela bouge, tout le temps et à jamais. Tout cela vit, vit trop vite pour toi. Tu n'y peux rien, sauf essayer de vivre avec, de bouger avec. Mais tu souffres car c'est dur, les choses belles, celle que tu aimes, s'en vont et meurent, et tu ne peut les suivre.
Alors tu t’arrêtes et tu pleures comme l'enfant perdu au supermarché. Lorsque tu regardes en toi, les choses bougent aussi , mais à ton rythme cette fois. Ces choses en toi, en ton esprit, en ton cœur, en ton corps, ces choses t'attendent, t'entourent, et t’apaisent. Alors tu restes avec elles. C'est ton monde intérieur, ton jardin secret. Toi seul en connais l’existence. Tu t'y plaît. Personne d'autre ne peut en faire l'expérience. Une fois que tu t'es repu de cette chaleur, que celle ci t'as pris dans ses bars maternelle et t'a consolé, tu retrouves le courage de regarder dehors, encore.
Et le soleil t’éblouis un peu, encore. Tu regardes les gens et les choses et tu les aimes à nouveau. Parfois avec espoir et non sans craintes tu leur parles des merveilles qui se cachent en toi, de tes découvertes, de ton jardin secret, de tes souvenirs, de tes joies, de tes trésors. Mais les gens, tournés vers toi avec un sourire, ne t’écoutent pas. Cette fois tu ne pleures pas, tu n'abandonnes pas, tu décides de résister.
Tu serres les dents.
Et soudain dans le brouillon de tes pensées l’excitation t’envahit, un fauve enragé rugit en toi, rien ne peut plus le retenir, tu as une furieuse envie d'embrasser le monde autour de toi ! Tu es enfin prêt à te défendre ! Alors tu commences à combattre avec acharnement, mais tes poings se perdent dans l'air, vide. Car seul toi flambe et brûle de désir. Tu n'as pas d'adversaires, le reste est amorphe, déjà mort. Que faire ?
Rien.
Un rire, un sourire te viens, tes lèvres frémissent et se plissent et remuent dans un mouvement délicieux, ton visage exprime le bonheur, tes yeux se contractent dans un sursaut de plaisir, tes dents impériales, découvrent leur blanc gracieux sous leur jupe pourpre. Alors dans cette voiture au fond de nulle part, tu ouvres la fenêtre, et tu respires, et tu vas bien, le vent coule sur tes joues heureuses et détendues, et tu regardes, tu regardes les choses, le monde, les arbres, qui défilent à l'infini, le ciel surtout le ciel et le soleil, astre d'or bienveillant. La vie est propice au bonheur, et dans cette atmosphère puissante de sens, tu lèves les yeux en l'air et tu vois, enfin...
Tu vois.
Malgré quelques petites coquilles, ce texte est absolument magnifique, la lecture suit un mouvement naturel et inaltérable, c'est oxygénant, vrai, et le "tu" donne cette note qui invite le lecteur à se regarder lui-même. C'est puissant et efficace.
· Il y a presque 11 ans ·luz-and-melancholy
Y a des petites fautes semées en route et c'est fort dommage, un vrai souffle, surtout dans le début un rythme qui agrippe au volant, un regard. J'ai dévalé le début, un peu freiné à cause des anicroches, mais avec un petit passage au correcteur, se serait vraiment un très chouette texte!
· Il y a environ 11 ans ·hel
J'ai toujours eu un problème avec l'orthographe ! Merci du conseil en tout cas, c'est sympa, cela donne envie de faire plus attention aux fautes pour que la lecture soit le plus agréable possible.
· Il y a environ 11 ans ·targonomis
Voilà j'espère avoir corrigé quelques fautes et encore merci !
· Il y a environ 11 ans ·targonomis
cet atmosphère puissant -> Cette atmosphère puissante.
· Il y a environ 11 ans ·Je suis pas sur mon pc, pour pouvoir t'aider plus là tout de suite.
Je relirais si tu veux, plus tard.
hel