Un accouchement difficile.
Hervé Lénervé
- Monsieur, s'il vous plait, vous pouvez sortir de la pièce, un instant. Nous allons pratiquer une épisiotomie pour aider l'enfant à sortir, de votre femme. Ce ne sera pas long, nous viendrons vous chercher tout de suite, après.
L'interne n'avait pas menti. Hop ! Un coup de ciseaux et hop ! Un bébé tout neuf, comme le fruit qui se détache de l'arbre, se détache de sa mère. Hop ! Encore ciseaux (une autre paire), cordon sectionné. Hop ! Un peu de couture sur le périnée en pleure. Hop ! Des cris de vie ! Hop ! Un brin de toilette, pesé, désossé, emballé et tout est fini. Erratum : remplacer, désossé par débosselé.
La sage-femme pose délicatement le nouveau-né sur le ventre de sa mère. Un petit garçon. La mère éreintée enlace son bébé et pose un regard fatigué et las, là, sur l'objet de ses souffrances. Elle le repousse aussitôt d'un rejet-réflexe-épidermique aussi loin qu'elle peut. La sage-femme le rattrape de volée avant qu'il ne prenne la première gamelle de sa vie. La jeune mère s'écrit.
- Mais, enfin, il est noir ! Voyons, vous ne voyez pas ! Vous voyez bien que ce n'est pas mon bébé.
Il est vrai que la jeune maman est blonde comme les blés sont blonds pareillement.
- Mais, enfin, madame votre mari est noir !
- Oui et alors ! Est-ce une raison pour avoir un enfant noir ?
- Un peu, quand même. Votre enfant est indubitablement métissé.
- Il n'est pas métissé, il est noir comme la suie.
- Des fois, les proportions génétiques d'un sexe sont plus représentées dans le phénotype de l'enfant. Ecoutez, je vais aller chercher votre mari. Cela va bien se passer. Attendez une seconde.
La jeune maman attend, que pourrait-elle faire d'autre, partir pour participer à une course de haies ? Peu raisonnable ! Peu probable ! De toute façon, les inscriptions sont closes, depuis hier. Bref, elle attend.
Dans le couloir de la maternité.
- Vous pouvez, venir, monsieur, vous avez un fils en parfaite santé. Maintenant, nous avons un petit problème… votre femme semble ne pas vouloir reconnaître l'enfant.
- Il est noir ?
- Il est métisse, oui !
- Ça ne m'étonne pas, elle est raciste !
- Mais vous êtes marié ?
- Oui et alors ?
- Comment peut-elle être raciste, puisque vous êtes une personne de couleur ?
- Ah oui ! Vous êtes bien tous les mêmes, vous ! Vous croyez que le racisme n'est qu'une histoire de blancs ! Moi aussi, je suis raciste !
- Je ne comprends rien à vos histoires. Essayez de la raisonner.
- Avec elle ! C'est impossible, elle est butée comme une bourrique.
***
Une journée plus tard dans le bureau du psychologue de la maternité.
- Asseyez-vous messieurs dames, s'il vous plait.
- Vous auriez pu, par galanterie, dire Mesdames-Messieurs, je viens d'accoucher, quand même, souffrir autant pour ça !
- Madame, justement, nous sommes ici pour éclaircir ce point.
- Si vous pouviez éclaircir l'enfant, ça m'arrangerait.
- Madame, chez les couples mixtes, l'enfant est génétiquement le mélange du sang, de l'origine, de l'appartenance des deux géniteurs, c'est ainsi. Vous le saviez ?
- Comment pouvez-vous penser que si j'avais été informée j'aurais voulu avoir un enfant de macaque.
- Espèce de truie blanchie à l'urine, tu sens aussi mauvais qu'un poulet déplumé.
- Messieurs mesdames… pardon ! Mesdames messieurs s'il vous plait, restez calmes. Reprenez vos esprits, voyons ! Bien, bon, parlons calmement. Peu importe la couleur de cet enfant, il demande simplement l'amour d'un p… d'une mère et d'un père.
- Voilà, c'est un monde, le père ne comptera toujours qu'en seconde position ! C'est toujours la même chose avec vous, les blancs !
- Non, monsieur, bien sûr que non ! Le nourrisson a besoin de ses deux parents. L'un tout autant que l'autre. Il faut raisonner à trois à présent.
- Ah, et vous croyez qu'un noir illettré et inculte va faire la loi chez nous.
- Ma femme n'a pas tort, là ! Ce n'est pas une crevette de rien qui va commander à la maison.
- Bien dit mon chéri !
- T'inquiète ma biche, je vais le mater l'autre chiard.
Voix choral des deux parents.
- Nous sommes antijeunes !
- Très bien, je crois que l'on va s'arrêter, là, pour cette fois. Mais, puis-je vous posez une dernière petite question ?
- Faites !
- Si, ça peut vous faire plaisir !
- Une question naïve, pourquoi, vous êtes-vous marié ?
Voix choral des deux parents.
- A cause de ce putain d'Amour !
Ils n'ont pas tort les deux affreux. C'est connu, l'Amour est aveugle, il ne voit pas les couleurs.
je te laisse choisir un bon rouge qui prend son temps
· Il y a environ 7 ans ·gill
Du moment qu'il ne tache pas.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Va pour un court bouillon avec une fraiche salade un bon rouge......
· Il y a environ 7 ans ·gill
Ne pas oublier le vin! Ce serait sacrilège!
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Texte jouissif lecture de même
· Il y a environ 7 ans ·gill
Ma parole, t’es tombée dans ma marmite, ou qui, non ou quoi… plutôt ? Et bien heureux de te connaître parmi moi. Je te mijoterai un court-bouillon la prochaine fois.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Comment on peut avoir autant d'histoires dans sa tête ? Tu as du talent, sincèrement tu prends un sujet et bam tu nous tapes une histoire. Certains passages m'ont bien fait rire !
· Il y a environ 7 ans ·sousmaplume
Pour le talent, je te laisse seule juge, mais merci, même si ce n’est pas l’avis des marchands de mots.
· Il y a environ 7 ans ·Veux-tu jouer un jeu avec moi ? Je donne une idée et on écrit chacun un texte dessus, qu’on met ensemble sur le site, après, on en discute. Puis la prochaine fois, ce sera à toi de fournir la matière. Qu’en penses-tu ?
Hervé Lénervé
Moi je trouve que tu en as! Allons y pour le jeu, j'aime bien le défi ! En plus ça m'occupe de réfléchir !
· Il y a environ 7 ans ·sousmaplume
C’est parti ! « Notre Président de la République cache un lourd secret qui le mine et le détruit : Il ne sait pas faire la rosette de ses lacets de chaussures. »
· Il y a environ 7 ans ·A demain à se lire ! Ce sera notre secret à nous deux.
Hervé Lénervé