Un amour d'enfance

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La demande

Attablés à la table familiale, mon frère, Paul et son amie, Anna, nous demandent à mon père et moi d’être attentifs à ce qu’il va nous annoncer.

Je jette un regard interrogateur à mon père qui a l’air aussi étonné que moi par cette entrée en matière peu habituelle de la part de Paul.

-       Jenny, papa, comme vous le savez Anna et moi sommes ensemble depuis 6 ans, nous en sommes très heureux et avons décidé de nous marier dans 6 mois.

A 35 ans, mon frère se décide enfin à se marier.

Mon père, ému, la larme à l’œil, se lève pour embrasser son fils et sa compagne. Je le suis, heureux pour Paul et Anna qui forment à mes yeux un couple parfait. Toujours attentifs l’un à l’autre, tout en se laissant une liberté ou la confiance est le maitre mot, leur amour est sincère.

Le couple sort le champagne et nous portons un toast. Avec mon père nous demandons des détails sur le lieu, le thème, le nombre d’invités…

Paul, avant de nous resservir une seconde coupe, me dit :

- J’ai quelque chose à te demander

- Je t écoute

- Veux-tu être mon témoin ?

Avec humour, je lui réponds :

-        je n’en attendais pas moins de ta part !

-       Nous avons choisi chacun deux témoins, enchaine Paul. Anna a sa sœur et sa meilleure amie et moi, donc toi, et mon meilleur ami.

A ma tête, Paul voit tout de suite que je m’interroge sur l’identité de son meilleur ami, même si au fond de moi, je sais de qui il parle.

Il me laisse à mes pensées un laps de temps suffisamment court pour ne pas que je me referme à l’annonce du nom qu’il va prononcer.

-       J’ai demandé à Brad d’être également mon témoin. Tu comprends bien que je ne peux pas me marier sans qu’il soit à mes côtés. Il a toujours fait parties de nos vies.

Brad.

 Cela faisait si longtemps que je n’avais entendu prononcer ce prénom. Un frisson parcourut mon corps. Et mon frère avait raison, il avait toujours fait parties de nos vies.

Mes pensées s’envolèrent et les souvenirs de jeunesse m’envahirent.

Retour en arrière

Brad était le fils de nos plus proches voisins. Il était toujours avec nous, c’était un frère pour Paul.

Quand j’avais 5 ans, Paul 5 de plus, ma mère a déserté la maison familiale, nous laissant mon frère et moi avec mon père. Sa présence ne m’a jamais manquée, elle était là sans y être. D’aussi loin que je m’en souvienne, c’est toujours mon père qui s’est occupé de moi. Alors, son départ malgré mon jeune âge, ne m’avait aucunement traumatisée.

A cette époque, des nouveaux voisins s’étaient installés. Lui était français, elle, américaine. Un couple charmant avec trois enfants. Brad était du même âge que Paul et les deux garçons s’étaient retrouvés dans la même classe. Tout leur temps libre, ils le passaient ensemble. Une belle amitié est née entre eux.

Mon frère, choqué par le départ de notre mère pensait du haut de ses dix ans que je ne supporterai pas l’absence maternelle, du coup, il me trainait partout avec lui. Je suis devenu la mascotte des deux copains. Paul et Brad étaient toujours au petit soin avec moi. J’avais du chagrin ? Je trouvais chez l’un ou l’autre une épaule, des bras, pour me consoler.

Les années passant, les deux garçons ont toujours eu une attitude protectrice envers moi.  Où qu’ils aillent, je n’étais jamais bien loin. À douze ans, j’allais en soirée avec eux. Mon père a piqué plus d’une crise de nerfs sur les sorties dans lesquelles m’embarquaient les gars. Mais seul contre trois, il finissait toujours par céder et me laissait aller avec eux.

Jusqu’à mes treize ans, je considérais Brad, comme mon frère. Mes copines d’école le trouvaient quant à elles, « trop beau » !

Lorsqu’il venait me chercher à la sortie du collège, et que mes camarades l’apercevaient, elles ne pouvaient s’empêcher de minauder devant lui. La situation m’amusait. Brad se sentait flatté.

Comment oublier ce premier baiser si éphémère, mais qui m’avait tant marqué.

Un soir, à l’approche de mon anniversaire, je demandais à mon père l’autorisation de fêter mes treize ans à la maison avec des amis de collège. A la date choisie, mon père étant absent, il me demandait donc de changer. Je lui expliquais que ce n’était pas possible car le week end suivant, c’était les vacances et qu’après ce serait trop tard. J’étais en pleine prise de tête avec mon père lorsque Paul et Brad arrivaient.

Paul demanda ce qui se passait. Enervée, je ne répondis pas et filais dans ma chambre. Quelques minutes plus tard, on frappait à ma porte. Brad entrait. Il me prit dans ses bras et me dit dans l’oreille :

-       On a réglé ton souci, jeune fille. Paul et moi, on sera tes chaperons !

De joie, j’embrassais Brad sur la joue, lorsque voulant arrêter mon assaut, ma bouche déviait et effleurait la sienne. Ça aurait pu s’arrêter ainsi sauf que pourquoi, comment, nous nous sommes retrouvés à nous embrasser. Une sensation de bonheur intense s’emparait de mon corps. A mon âge, ce genre de sensation était nouveau. Brad s’arracha à mon baiser auquel il avait répondu et ne dit mot sur ce qui venait de se passer.

Le jour de mon anniversaire, mes copines se battaient pour danser avec Paul ou Brad. A cette époque, les deux garçons nous prenaient pour des gamines et n’avaient certes pas tort. Quand je repense à ces moments, je suis aujourd’hui plutôt amusée mais sur le coup, il était dur pour nous, jeunes ados de ne pas être plus remarquées par des « grands » de 18 ans.

J’étais partie dans mes souvenirs, j’entendais au loin les voix de Paul, Anna et mon père mais j’étais happée par cette vie insouciante vécue, il y a maintenant tant d’années. C’était si présent dans mon esprit que j’avais l’impression que c’était hier.

Je me souviens lorsque Paul et Brad sont partis pour leurs études sur Paris.

Je les voyais moins. Lorsqu’ils venaient le week end, c’était toujours un grand moment de fête. Nous étions heureux de nous retrouver. Il m’arrivait aussi d’aller passer quelques  jours dans leur studio parisien. Ils me traitaient de moins en moins comme une gamine.  Je pouvais désormais avoir des conversations plus adultes avec eux sans perdre nos âmes d’enfants et ce lien qui nous unissaient tous les trois.

Un jour, je décidais de faire une surprise aux garçons et montais sans prévenir chez eux. Je frappais à la porte du studio et Brad ouvrit. Je me jetais dans ses bras comme à mon habitude en criant :

-       Surprise !

Il semblait gêné.

-       Paul est là ? Demandais-je

-       Non il est en cours !

Je m’apprêtais à poursuivre lorsque j’entendis une voix féminine dire :

-       Bébé, tu fais quoi ?

Un sentiment de jalousie jamais connu m’envahit !

-       C’est qui ? Dis-je

-       Une amie !

L’amie en question arrivait, s’agrippait à Brad, à ma place. C’était ma place, il n’y a que moi qui aie le droit d’aller dans les bras de Brad avais-je envie d’hurler !

-       Bonjour, Christine, la petite amie de Brad, se présentait elle.

-       Bonjour ! Répondis je plus que sèchement.

J’avais 16 ans, elle, une vingtaine d’années, comment pouvais-je rivaliser ! Depuis que mes lèvres s’étaient posées sur celle de Brad, il y a trois ans, j’étais amoureuse de lui. J’avais réussi à me persuader qu’il attendait mes dix huit ans pour me dire qu’il m’aimait aussi. J’étais naïve mais n’en étais absolument pas consciente. J’aimais Brad d’un amour si fort qu’il ne pouvait à mes yeux n’être que partagé. Et là voyant son attitude embarrassée, je continuais de me persuader que mes sentiments étaient réciproques.

Il demandait à son amie de partir, lui expliquant que j’étais la sœur de Paul et qu’il nous fallait discuter. Elle n’apprécia guère mais parti.

-       Quel bon vent t’amène ? me dit alors Brad

-       Je voulais vous faire une surprise et passer la soirée avec vous.

Nous n’avons à aucun moment parlé de cette fille. Je n’en avais pas envie et lui non plus.

Toujours dans mon flash back, je repensais à nos vacances ensembles, aux années qui n’ont fait qu’accentuer mon amour pour Brad.

Mon corps d’adolescente se transformait en un corps de femme, sur lequel se posaient désormais les yeux masculins.

Un jour, alors que nous étions sur la plage et que le soleil chauffait, mon frère me suggéra de me passer de la crème solaire avant qu’il ne soit trop tard. Je pris le tube, me tartinais et pour le dos, je demandais à mes compagnons de l’aide. Paul dit :

-        je vais me baigner demande à Brad.

Allongée sur ma serviette, les mains de Brad appliquaient la crème sur mon dos. Mon corps réagit aussitôt en frissonnant. Il ne put l’ignorer mais ne dit rien. J’avais 16 ans passés, lui 21, et mon amour pour lui ne faisait que s’accroitre sans que je n’ose lui en parler.

Les années filèrent, mes sentiments envers Brad s’accentuaient d’année en année. Je ne connaissais pas les siens à mon égard même si parfois des situations me laissaient penser qu’ils étaient partagés.

Le jour de mes dix huit ans, je n’attendais qu’un cadeau, que Brad me déclare son amour. Il n’en fit rien. Je doutais mais j’étais toujours amoureuse de lui. Quand je me retrouvais dans ses bras, mon corps réclamait le sien. Un doux frisson me parcourait, frisson que seul le contact de Brad me procurait.

Personne, pensais-je, ne savait l’amour que je portais au meilleur ami de mon frère. Pour tous, nous étions le clan des trois amis plus frères et sœur d’ailleurs qu’amis. Lorsqu’un de nos parents nous demandait si nous avions petit ou petite amie, seul Paul répondait positivement. Brad avait des aventures mais ne m’en parlait jamais. Pour ma part, j’étais tellement branchée sur lui depuis des années, qu’aucun garçon ne m’intéressait.

Un jour, je m’étais amusée de l’attitude de Brad. Il était venu me chercher au lycée et j’étais entrain de chahuter avec un camarade de classe. Je ne l’avais pas vu arriver. J’entendis soudain :

-       Jenny ! je te signale que je t’attends !

Le ton sec et cassant sur lequel il avait prononcé cette phrase refroidit tout le monde. Je saluais les élèves avec lesquels j’étais et parti sans un mot, avec Brad. Tout le monde nous regardait et Brad, je ne sais pourquoi mit son bras autour de mes épaules comme s’il voulait marquer son territoire. Je le regardais certainement complètement énamourée et lui dis avant de lui claquer un baiser sur la joue :

-       tu viens de jeter un sacré froid ! Ils vont tous croire que tu es mon mec et qu’en plus tu es jaloux !

Il répondit :

-       si tu veux qu’ils le croient, je peux, ne me cherche pas Jenny !

-       comment ?

Et là, surprise ! Brad m’embrasse comme jamais jusqu’à maintenant personne ne m’a embrassée. Je fonds littéralement de bonheur, réponds avec tout l’amour que j’éprouve pour lui à son baiser. Je n’ai pas envie que ce moment s’arrête, lorsque je sens qu’il va cesser de m’embrasser, ma langue se réapproprie la sienne avec fermeté. A bout de souffle, nous nous arrêtons ! Nos regards s’accrochent, j’essaie de lire en lui. Il ne laisse rien transparaître. Mes jambes me tiennent à peine tant ce moment est intense. Brad finit par dire :

-       on y va, maintenant qu’on a calmé ta petite bande.

J’eu du mal à croire qu’un homme embrasse aussi intensément une nana sans qu’il n’y ait de l’amour. Ma réserve vis-à-vis de Brad par rapport à mes sentiments m’empêchait de lui demander s’il était amoureux de moi ou s’il jouait tout simplement. J’aurais aimé trouver une oreille attentive à qui parler de tous ça. Mon père n’aurait certainement pas compris, Paul était trop proche de Brad et ses parents, sa sœur ou son frère me taquinaient tellement souvent  sur ma relation avec lui, que je ne pouvais en parler.

Ce soir là dans mon lit, je me rappelle, je rêvais d’une vie de couple avec cet homme qui occupait toute la place dans mon cœur. Le rêve fut de courte durée. Je redescendais vite sur terre en me disant qu’il fallait que j’arrête de fantasmer sur lui car après avoir passé la soirée avec lui, on s’était dit au revoir, sans s’embrasser que ce soit sur la joue ou la bouche. J’en avais été déçue. Profondément. Je lui en voulais de m’embrasser et de faire ensuite comme si de rien n’était.

Ce qui était étonnant avec lui c’est que nous pouvions discuter des heures sur tout et rien, mais jamais, nous abordions ce qui se passait entre lui et moi. Jamais nous ne parlions de nous. Je devais prendre du recul.

Les jours passèrent quand un samedi matin, alors que je me levais juste, Brad arriva dans la cuisine, mon cœur se mit à battre plus fort qu’il n’aurait du. Brad me dit de but en blanc :

-        il y a un problème avec moi Jenny ?

J’écarquillais les yeux et lui demandais pourquoi cette question.

-       Avant, dès que j’arrivais tu me sautais dessus, tu me bisais à tout va le visage et depuis que je t’ai embrassé devant ton lycée, tu te mets à quinze mètres de moi, tu m’évites ?

-       Tu n’exagères pas un peu là ! sachant qu’il avait raison, je prenais mes distances.

-       Je ne pense pas. tu me dis bonjour et au revoir d’un signe de la main. Et franchement je préfère quand tu te jettes sur moi, dit-il moqueur.

Je ne sais pas ce qui m’a prit mais je me suis jetée sur lui. Retrouver cette douce plénitude que seul ses bras autour de moi me donnaient, me fit pousser des ailes. Je le regardais droit dans les yeux et lui dit :

-       j’ai adoré ta façon d’embrasser !

Il ne dit rien et posa ses lèvres sur les miennes sans chercher à aller plus loin et me dit :

-       Jenny, je n’aurais pas du t’embrasser comme ça ! Je ne sais pas ce qui m’a pris.

-       Je t’aime Brad

-       Moi aussi je t’aime, Jenny, mais tu es comme ma sœur, on ne peut pas avoir des sentiments amoureux l’un envers l’autre.

-       Je ne suis pas ta sœur et oui, nous pouvons avoir des sentiments amoureux l’un pour l’autre.

-       Jenny, nos familles ne comprendraient pas ! On se connait depuis qu’on est gosse !

-       Et alors ! Ça fait des années que je suis amoureuse de toi et ce que les autres pensent, je m’en fous !

-       Pas moi, je suis désolé mais je préfère que les choses restent comme elles sont plutôt que de les compliquer.

-       Tu es un lâche, Brad.

Il ne pouvait répondre, mon frère et mon père arrivaient dans la cuisine. Je l’avais vexé, blessé en le traitant de lâche, je le voyais à l’expression de son visage. Il venait de me faire très mal, je voulais lui rendre la pareille. Même des années plus tard, je ressens encore la douleur ressentie ce jour là.

J’étais furieuse contre moi, contre lui. Il avait vingt quatre ans et pensait comme un vieux. Paul sentait la tension et demandait ce qui se passait.

-       Rien d’intéressant, clamais-je

Je quittais la pièce, le cœur brisé et montais me doucher. Je pleurais de rage, d’incompréhension, de tristesse un long moment. Je finis par sortir de la douche, m’habillais et retrouvais mon père dans le jardin. Celui-ci me connaissant bien me demandait ce qui m’arrivait.

-       Rien papa ! Ne t’inquiète pas.

Il n’insista pas à mon grand regret. J’avais besoin de parler, de comprendre l’attitude de Brad. Mais mon père était un homme qui savait respecter mes silences même s’il sentait qu’il y avait de la souffrance derrière.

De ce jour, une relation nouvelle avec Brad moins insouciante débutait. Pendant un mois, j’évitais d’être en sa présence, il me fallait digérer son choix qui n’était évidemment pas le même que le mien. Il ne faisait rien non plus pour se retrouver avec moi.

Un soir alors que j’étais seule à la maison, allongée sur le canapé à regarder la télévision, il me surprit.

-       Salut ! Tu es toute seule ?

-       Oui, Paul est sorti et papa dîne chez tes parents.

Je me relevais, lui demandais s’il voulait boire quelque chose.

-       Non merci ! On peut parler tout les deux ?

-       De quoi veux-tu parler ? 

Il s’asseyait sur le canapé et me dit :

-       tu vas m’éviter jusqu’à la fin de tes jours ?

-       Je ne t’évite pas !

-       Arrête, Jenny, dès que j’arrive tu fuis ! Eteins cette télé s’il te plait et regarde-moi ! dit-il agacé.

J’obéis et le regardais droit dans les yeux. Une folle envie de me blottir dans ses bras s’emparait de moi. Il dut lire mon envie dans mes yeux car naturellement il m’ouvrit ses bras et m’y invitait d’un simple regard. Je me serrais fort, et pleurais toutes les larmes de mon corps. Je souffrais, il le savait, comme il savait que pleurer me faisait le plus grand bien. Il ne dit mot. Je ne sais pas combien de temps, je suis restée à pleurer pour lui, avec lui, contre lui mais la nuit était tombée et nous étions dans l’obscurité.

-       Je vais allumer dit-il.

-       Non laisse comme ça !

Je ne savais que dire, que faire. Le temps semblait être une éternité, il ne parlait pas et moi encore moins.

Il coupa ce silence qui devenait pesant par un :

-       on se regarde un film ?

Je saisis l’occasion pour lui dire oui et rallumer la télé.

J’aurais aimé que nous revenions sur notre relation mais Brad, n’était pas prêt à en discuter, à affronter certaines vérités.

-       Allonge toi avec moi sur le canapé comme  lorsque nous étions gamin, proposa t-il.

Il se positionnait le premier, je me calais contre lui. Naturellement, son bras entourait mon corps, qui ne put réprimer le plaisir qui l’étreignait.

Je choisis un film et le lançais. Je sentais le souffle de Brad sur mes cheveux. Je posais ma main sur la sienne, il l’a pris.

Je ne me ferais jamais à la décision de Brad de ne pas aller au-delà d’une amitié mais tout moment partagé avec lui, était un plus qui l’emmènerait peut être à avoir une autre vision, c’est ce que je m’imaginais à l’époque.

Mon père nous coupa, en rentrant de son dîner, en plein film. Il ne marqua aucune surprise à la vue de Brad allongé avec moi sur le canapé, au contraire, il s’en amusa.

-       Alors les gosses, on profite que papa soit sorti pour regarder la télé tard ?

On lui suggérait d’aller se coucher. Il se pencha sur moi pour me souhaiter une bonne nuit, salua Brad et éteignit la lumière. Je me recalais contre Brad et fis tomber la télécommande. Je me penchais pour la rattraper, faillit tomber. Brad me rattrapa, je me retournais vers lui pour le remercier et sans savoir pourquoi, nous nous sommes retrouvés à nous embrasser comme la première fois devant mon lycée. Nous étions adultes maintenant et nos envies avaient également grandi. Les mains de Brad parcouraient mon corps. Nos respirations haletantes n’étaient que le constat du feu qui brulait en nous. Brad glissa ses mains sous mon tee shirt. Mon corps frissonnait de désir, ma poitrine gonflait d’envie. Je sentais le désir de Brad. Il sortit mes seins de leur écrin, joua avec les pointes. Sa bouche les titillait avant de revenir m’embrasser.

Comment pouvait-il me dire qu’aucun sentiment d’amour ne pouvait nous unir et m’embrasser avec une telle passion. Tout son être me montrait l’envie que je lui inspirais. Un frisson me parcourt à la pensée de cette scène. C’était si intense qu’encore aujourd’hui, je sens ce contact charnel en y songeant.

Nous avons été stoppés net dans notre corps à corps par l’arrivée de mon frère. La voiture venait de se garer, la porte qui claquait nous a fait redescendre sur terre. Comme si de rien n’était, nous avons repris notre place, et poursuivis le visionnage du film, malgré le tumulte de nos corps qui avaient bien du mal à retrouver une certaine sérénité.

Lorsque Paul est entré, il nous a trouvé en apparence, plongés en plein film. Rien ne montrait qu’à peine quelques minutes plus tôt, Brad et moi étions en osmose totale.

Une fois de plus, je mis sur pause, le temps d’écouter mon frère nous raconter sa soirée. Il prit place sur le fauteuil et regarda avec nous le film. A peine le générique de fin lancé, il prit congé. Brad me dit qu’il allait aussi y aller. Je l’accompagnais jusqu’à la porte, il m’attira contre lui.

Il me chuchotait à l’oreille :

-       tu me rends fou Jenny !

Je l’embrassais pour lui dire bonne nuit. Il passa ses mains dans mes cheveux, prit ensuite mon visage entre ses mains, colla son front contre le mien, resta ainsi un moment avant qu’il se décide à poser ses lèvres sur les miennes. La passion qui nous avait envahit plus tôt reprit de plus belle. Il m’embrassa le cou, souleva de nouveau mon tee shirt et ses baisers embrasèrent mon corps. Mes mains, à leurs tours, s’aventuraient sur son torse, je le caressais avec douceur. Il se releva, me serra si fort dans ses bras qu’il aurait pu me briser les os. Il s’éloigna de moi et me dit :

-       tu es tellement désirable, Jenny !

Je me rapprochais de lui, déposais un baiser sur sa bouche. Il ne chercha pas à aller plus loin.

Il ouvrit la porte et me dit à demain.

Je partis me coucher, repensant au feu que cet homme que j’aimais plus que tout faisait bruler en moi.

Le lendemain matin, mon père alors que nous petit déjeunions me demandait ce qui se passait entre Brad et moi.

Je lui répondis d’un ton triste :

-        rien.

-       Tu es amoureuse de lui hein ?

Je ne dis rien. Il ajouta :

-       je t’ai vu évoluer avec lui depuis tant d’années, Jenny. Je t’ai vu le regarder différemment, j’ai vu l’attitude que tu avais avec lui. Il connait tes sentiments ?

Mon père que je ne pensais pas un brin observateur, était finalement attentif à son entourage.

-       Oui, il connait mes sentiments mais ne veut pas en entendre parler. Il préfère me considérer comme sa sœur!

-       Il a peur du qu’en dira t-on ?

-       Oui je pense ! Je suis persuadée papa qu’il a des sentiments amoureux pour moi, je ne crois pas à sa version « tu es une sœur pour moi, je t’aime en tant que tel »

-       Laisse faire le temps ! Ne le brusque pas ! Il finira par lâcher prise et se moquer de l’avis des autres ! Car, ce garçon est fou amoureux de toi et ça se voit rien qu’à la façon dont il te regarde !

Mon cher père à qui je n’avais jamais parlé de ma vie sentimentale m’étonnait et me rassurait. Depuis des années, j’étais persuadée que mon amour ne pouvait être vain, il me confirmait par une simple discussion que je ne me trompais certainement pas !

La vie continuait, mon frère et Brad avaient terminés leurs études, ils étaient maintenant dans la vie active. Nous nous voyons beaucoup moins. Ils étaient toujours colocataires mais d’une maison maintenant. Pour ma part, je vivais toujours avec mon père. Parfois le week end, je voyais mes deux compagnons d’enfance. Une seule chose n’avait pas changée, nous partions toujours en vacances ensemble. Si le camping avait été remplacé par les hôtels-clubs, nous mettions un point d’honneur à toujours partager ce moment.

Depuis ce qui c’était passé sur le canapé familial, Brad et moi avions échangé quelque fois des baisers sans que ça aille plus loin et sans que nous en parlions non plus.

Une tristesse m’envahit, alors que j’étais encore plongée dans mes pensées. Le souvenir de notre dernier été avait également mis fin à ma relation avec Brad.

Cet été là signifiait ma fin d’étude et mon entrée dans la vie active. Les garçons avaient décidé de marquer le coup et si nous partions d’habitude une dizaine de jour ensemble cette fois ci nous avions trois semaines ensemble et aux Antilles.

Mon frère ne serait avec nous qu’une quinzaine de jours car étant chef d’entreprise il ne pouvait s’accorder plus. J’avais vingt quatre ans et je passais mon dernier été d’insouciance.

Le jour J, mon père nous déposait à l’aéroport. Nous étions excités comme des puces. Les neuf heures d’avion, nous permirent de décider ce que nous voulions faire de notre séjour.

Lorsque nous sommes sortis de l’aéroport de Pointe à Pitre, la chaleur des Antilles nous laissait présager un superbe séjour. Paul s’occupait d’aller récupérer le véhicule que nous avions loué. Pendant ce temps, Brad et moi étions devant l’aéroport, à regarder les guadeloupéens s’afférer auprès des voyageurs.

Nous avions réservé du côté de Basse Terre, un gîte dans un cadre idyllique. Fleurs et plantes exotiques parfumaient le lieu. Tout était là, pour que le séjour soit paradisiaque.

Chacun déposait ses bagages, prit son maillot de bain et se jetait dans la piscine. Le décalage horaire se faisait ressentir. Nous avons diné tôt, et nous nous sommes couchés aussi tôt après.

Le gîte n’avait que deux chambres. Chaque année, je partageais toujours le lit de Brad. Mon frère, depuis gamin refusait de dormir avec sa sœur. Je n’avais jamais été gênée de dormir avec Brad. Ces 4 dernières années un peu plus, mon envie de lui, s’accentuait, au fur et à mesure que mes envies de femme grandissaient avec l’âge.

Au moment, d’aller rejoindre nos chambres, je lançais :

-       qui dort où ?

Les garçons me regardèrent comme si j’avais sorti une absurdité. Paul répondit :

-       on fait comme d’habitude, toi avec Brad et moi tout seul !

-       Ça te dérange de dormir avec moi. ? un brin moqueur.

-       Non dis-je comme si je m’en fichais.

On se souhaitait tous bonne nuit et allions nous coucher.

Je m’allongeais la première dans le lit. Brad me rejoignit assez rapidement. Je ne voulais pas que nos corps se touchent. Je ne me sentais absolument pas capable de contrôler mon envie de lui. Et surtout, je n’avais aucune envie de la contrôler.

Il était allongé sur le dos, le silence était pesant. J’étais en chien de fusil tellement proche du bord du lit que j’aurais pu en tomber à tout moment.

Il engagea la conversation.

-       Le peu qu’on a vu de la Guadeloupe est prometteur non ?

-       Oui et d’après ce que nous disais le patron des gîtes, nous avons pas mal de choses à découvrir.

Et pendant dix minutes, nous discutions de notre destination sans qu’aucun de nous ne bouge de sa place.

La conversation s’interrompit, laissant chacun dans ces pensées. Brad brisa ce silence.

-       Tu comptes rester coincer au bord du lit toute la nuit ?

-       Je ne suis pas au bord.

Il bougea, s’approcha de moi pour constater qu’effectivement je mettais une distance entre lui et moi, quitte à tomber du lit en pleine nuit.

-       Tu as quelqu’un dans ta vie Jenny ?

-       Non pourquoi ?

-       Pour te caler au bord ainsi, je pensais que tu voulais te donner bonne conscience vis-à-vis d’un éventuel mec.

Je ne répondis pas.

-       Jenny, viens prés de moi chuchota t-il si bas que j’eu peur de mal comprendre.

Il m’attira contre lui. Mon corps s’enflamma directement. Je devais me calmer, je respirais profondément. J’avais envie de lui, j’avais envie de sentir ses mains caresser chaque once de mon corps, j’avais envie de ses baisers passionnés, j’avais envie qu’il m’aime tout simplement.

J’étais collée contre son corps. Mon envie de poser mes lèvres sur son torse était si forte. Je réfrénais mes désirs. Je m’endormis frustrée dans les bras de l’homme que j’aimais le plus au monde. Le décalage horaire aidant, je m’endormis relativement vite.

Lorsque j’ouvris les yeux, je me demandais deux secondes où j’étais et avec qui. Je cherchais à sortir des bras de Brad. Il se réveillait et encore endormi dit :

-       reste là Jenny !

Était-il inconscient ? Je mourrais d’envie de lui, je n’aspirais qu’à une chose qu’il me fasse l’amour et il me demandait de rester dans ses bras ! Ce mec était fou ou aveugle !

J’essayais de me dégager de son emprise. Il m’enlaçait plus fort à chaque tentative.

-       Arrête de t’agiter supplia-t-il dans un demi-sommeil.

-       Laisse-moi partir Brad ! Implorais-je

Il me délivra et j’en profitais pour me lever. Il m’attrapa par le bras, me fit retomber sur le lit et quémanda un bisou en guise de bonjour. Je m’approchais de lui, l’embrassa sur la joue tout en lui souhaitant le bonjour.

-       Sauve-toi vite Jenny !

Je ne me fis pas prier. Je sortis de la chambre, prit un café. Mon frère se leva, suivi de peu de Brad. Celui-ci les yeux malicieux s’approcha de moi, me prit dans ses bras et me dit :

-       je n’ai pas eu mon câlin ce matin, tu avais l’air pressée de te lever !

Je ne dis mot.

Les huit premiers jours filèrent vite. Nous visitions, et profitions au maximum de notre séjour. Entre plage de rêve, plongée, visite de site, nous étions heureux. Mes nuits avec Brad n’atténuait en rien le désir que j’avais pour lui, bien au contraire. Mon corps en était douloureux d’envie.

La nuit du neuvième jour, je fus réveillée par les caresses de mon compagnon. Je me réveillais à peine, profitant de cet instant. Je le laissais à sa découverte. Nos lèvres n’eurent pas à se chercher, elles se trouvèrent dans un baiser plus que passionné. Nos mains caressaient avec douceur nos corps emplis de désir. Brad me débarrassa de ma nuisette. Sa bouche dégusta ma poitrine tendue. Mes gémissements l’incitèrent à aller plus loin. Il descendit en prenant le temps d’embrasser chaque parcelle de mon corps jusqu’à mon entre jambe. Mon désir s’écoulait. Il le but me faisant geindre de bonheur.

Il remonta tout aussi doucement qu’il avait été à la rencontre de mon intimité. D’un baiser, il fit taire mes gémissements.

-       J’ai tellement envie de toi Jenny

-       Prends-moi Brad

Toujours avec douceur, il s’appropria mon être. Je me donnais à lui avec cette passion qui me dévorait depuis si longtemps. Nos corps ne faisait plus qu’un, nos baisers étaient à l’image de l’amour que j’avais pour lui et qu’il devait aussi avoir pour moi.

L’osmose fut atteinte trop rapidement à mon goût. Mais il resta en moi, me couvrant de baisers.

-       Tu es tellement belle, tellement désirable ma Jenny susurra t-il

-       Je t’aime tant Brad !

Il me fit taire par un baiser.

Nous nous sommes rendormis sans un mot.

Le lendemain matin, lorsque je me réveillais, j’étais seule. Ma déception était à la hauteur du bonheur vécu dans la nuit.

Je me levais, seul mon frère était là !

Je lui demandais ou était Brad, il répondit à la piscine.

-       D’ailleurs, ajouta t-il,  j’y vais tu nous rejoins après ?

-        oui

J’avalais mon petit déjeuner, pris une douche, enfilais mon maillot de bain et m’apprêtais à sortir lorsque Brad arrivait.

-       Je venais voir ce que tu faisais me dit-il avant de me prendre dans ses bras et me demander si j’avais bien dormi.

-       Et toi ? lui dis-je

-       Merveilleusement bien.

Il ne parla pas, comme à son habitude de notre nuit, se contenta juste de m’embrasser sur la bouche.

La journée passa ainsi sans aucune allusion à notre corps à corps. Le soir, Paul dînait avec les personnes qui occupaient le gîte prés du notre. Il avait lié connaissance à la piscine avec le couple. Brad proposa qu’on aille tous les deux au restaurant. Nous sommes donc allés diner, échangeant sans interruption sur tout et rien.

Il proposa une balade avant de rentrer. Naturellement, nos mains se joignirent. La promenade était silencieuse. Nous avons regagné la voiture dans le même silence. Le chemin du retour fut dans les mêmes conditions. Etrangement ce silence n’était pas pesant. Au contraire, il apportait une certaine plénitude. Arrivé au gîte, Paul avait laissé un mot, ne m’attendez pas, je rentrerais tard ou pas. Bisous.

Il était déjà tard, nous sommes donc allés nous coucher.

J’avais envie de parler de la nuit précédente. J’attendais vainement depuis le matin que Brad aborde le sujet. Depuis toujours, le seul sujet qu’il n’abordait pas, était celui nous concernant. A presque trente ans, il avait toujours la même attitude. J’aurais pu en parler mais la seule fois, où je l’avais fait, sa réaction m’avait tellement vexée que je m’étais promise de taire mes sentiments même s’il ne pouvait les ignorer, lui ayant redis dans la nuit.

Je lui tournais volontairement le dos. J’étais lasse et si amoureuse. Il se colla à moi, m’enferma contre lui avec son bras. Mon cœur battait si fort qu’il en résonnait dans toute la pièce. Il déposa un puis deux baisers dans mon cou. Le feu qu’il animait en moi, se mit à flamboyer. J’étais totalement incapable de lui résister. S’en rendait-il compte ? Jouait-il avec moi ? Je n’en savais fichtrement rien.

-       Viens dans mes bras Jenny.

Je ne sus refuser. Je me retournais et me blotti contre lui. Je perçus son envie contre moi. Je m’agitais contre lui. Je le voulais encore. Je mourrais d’amour pour lui. Je ne pensais qu’à une chose que nos corps s’unissent une fois encore.

Sans conviction, il me demanda d’arrêter. J’ignorais volontairement sa demande et continua à jouer avec son sexe. Il me plaqua contre le matelas, se positionna sur moi. Son corps s’écrasa sur le mien. D’instinct, mes jambes s’écartèrent. Il essaya de se dégager. Il luttait pour ne pas succomber. Il s’allongea à son tour. Je ne réfléchis pas et me glissai sur lui. Par de tendre va et vient, je pris possession de lui. Il m’embrassa fougueusement. Je lui faisais l’amour. La nuit précédente, il m’avait possédé, cette nuit c’était moi. Il grognait des arrête Jenny ! Je ne les entendais pas. Il me repoussa sur le lit et me prit à son tour avec force. Il me murmurait des tu me rends fou. J’étais la plus heureuse des femmes. Le bonheur que nous partagions était à la hauteur de la jouissance que nos corps unis nous procuraient.

J’avais envie de lui hurler : je t’aime Brad ! Mais n’en fit rien. Je ne savais pas où il voulait en venir. Nous étions passés à un stade supérieur de notre relation si ambigüe. Il ne pouvait ignorer ce que j’éprouvais pour lui. Pour ma part, j’étais dans le flou le plus complet en ce qui le concerne.

Nous avions depuis des années passées tant de nuit ensemble sans qu’il ne se passe rien. Pourquoi aujourd’hui, osait-il me faire l’amour. Qu’étais-je pour lui ? Une banale aventure de vacances ? Un plan cul pour alléger ces besoins masculins ? Ou tout simplement assumait il l’amour qu’il me vouait ?  A vrai dire, dès que nos corps s’unissaient, je ne me posais plus aucune question. Je vivais cet amour comme s’il était partagé. Et je le pensais réellement partagé depuis si longtemps.

Une fois le tumulte de nos corps calmés, je m’appropriais ces bras. Il m’embrassa un long moment avec une telle tendresse que mes larmes coulèrent. Il les essuyait avec des baisers.

Il ne me posa aucune question. Pour la première fois, j’ai eu l’impression que ce type était vraiment amoureux de moi.

Les jours passaient, les nuits aussi, rythmé par des corps en corps de plus en plus passionnés. Et toujours aucune déclaration de part et d’autre.

Départ de Paul

Ce jour là, nous accompagnions mon frère à l’aéroport. Une fois celui-ci embarqué, nous sommes retournés au gîte. C’était la première fois depuis des années que nous étions tous les deux.

L’après-midi plage fut un moment de bonheur entrecoupé parfois par des instants de tristesse engendrés par l’inconnu de ma relation avec Brad.

Une fois rentré au gîte, nous avons pris notre douche et devant un planteur, nous discutions.

-       Pourquoi par moment je lis de la tristesse dans tes yeux Jenny ?

Je le regardais étonnée. S’il lisait ça, il devait aussi voir mes yeux pétillants d’amour pour lui. Depuis des années, je traînais cette fichue tristesse, sorte de nostalgie. Lorsque l’on  me voyait, je ressemblais à toutes ces jeunes femmes épanouies, heureuses, vivant leur vingtaine avec insouciance. Mais au fond, je souffrais terriblement. Par moment, la douleur d’aimer sans retour, sans espoir que les choses changent,  me plongeait dans un désespoir immense.

Que pouvais je dire à Brad ? Que c’était sa faute ? Qu’à cause de lui, je n’arrivais pas à avoir une vie sentimentale ? Que je ne souhaitais qu’une chose, lui ? A  quoi bon ! Depuis que nous faisions l’amour, jamais il ne m’a montré ce qu’il ressentait, il a continué à être comme il a toujours été avec moi.

Crânement, je l’affronte et lui dis :

-       quelle tristesse ?

-       Jenny, je te connais par cœur !

-       Je ne crois pas ! J’ai grandis, je suis une femme maintenant

-       Oui je sais ! ne t’inquiète pas, j’en sais quelque chose !

Nos regards se croisent. Sa main se pose sur la mienne. Je n’ose le regarder. Dés qu’il me touche, je perds le contrôle. J’essaie de changer de sujet, il ne me laisse pas faire.

-       Tu n’as pas répondu à ma question.

-       je n’ai pas de réponse à te donner.

Je vois sa déception mais je ne prendrais pas le risque de lui dire combien je l’aime.

Il finit son verre et propose de préparer le diner. Je le laisse s’agiter dans la cuisine. Il me demande de mettre le couvert, je me lève et le retrouve derrière les fourneaux.

-       Goûte moi ça !

Je m’approche, goûte son plat.

-       Super bon !

-       Mieux que ça demande t-il en m’embrassant sauvagement et sans attendre de réponse. Je fonds, je m’abandonne une fois encore à cet homme qui peut me faire autant de bien que de mal. Il finit par me lâcher et dit

-       alors ?

Je le taquine:

-       je préfère le plat.

Gentiment moqueur il répond,

-       je ne te crois pas une seconde !

-       Tu as tort !

Je m’apprête à aller chercher les assiettes lorsqu’il m’attrape, me jette sur son épaule et m’emmène dans la chambre.  Sans aucune délicatesse, il me pose sur le lit.

-       Je vais te proposer autre chose qui sera meilleur que mon plat, jeune impertinente !

Il se déshabilla devant moi, une fois nu, il m’arracha presque ma robe. Il joua avec moi, m’embrassant, me caressant, me tenant les poignets pour ne pas que je le touche. Il effleurait mon intimité sans jamais se l’approprier.

-       Tu vas voir si mon plat est meilleur que moi me narguait-il

Je dégoulinais de désir, il me faisait monter au summum de celui-ci. Je le suppliais à maintes reprises d’aller plus loin.

-       Tu patienteras, ma belle ! il faut qu’on aille dîner, c’est prêt !

Il se releva, prit juste son short et quitta la pièce, me laissant seule avec mon désir. Je repris mes esprits, bien décidée à lui faire payer son assaut.

Je le retrouvais dans la cuisine. Il ne dit mot. Son regard pénétrait tout mon être. Je frissonnais.

-       On mange ! clama t-il.

Le diner se passait comme si rien n’avait eu lieu quelques minutes avant. Brad était décidemment le roi du non-dit. Nous avons parlé de tout et rien, échangé sur notre programme du lendemain.

Alors que nous nous apprêtions à nous coucher, mon téléphone sonnait. Mon frère Paul venait aux nouvelles. Je restais un long moment en ligne avec lui. J’aperçus Brad, aller se coucher.

Après avoir discuté avec mon frère, le sommeil ne me gagnant pas, je pris un livre et lu.

Je retardais le moment de rejoindre mon lit. J’avais envie de Brad mais après ce qu’il m’avait fait quelques heures plus tôt, j’étais décidée à ne pas lui donner ce qu’il voulait. Je le voulais, frustré, comme il m’avait laissée quelques heures plus tôt.

A deux heures du matin, j’allais me coucher. Brad dormait. Je me glissais délicatement dans le lit. Dans son sommeil, il dut me sentir car à peine deux minutes, plus tard, il m’enlaçait. Epuisée, je m’endormis. Le matin, au réveil, j’étais seule.

Je pris mon petit déjeuner, m’habillais et me demandais bien ou était Brad. En milieu de matinée, il arrivait de la piscine.

-       Bonjour, bien dormie ma belle dit-il en m’embrassant.

-       Oui et toi ?

-       J’ai eu du mal à m’endormir.

Les jours passèrent, rythmé par la plage, des visites, piscine et corps à corps passionnés. Nous ne parlions pas d’avenir commun. Le sujet était tabou pour Brad. Le jour du départ arrivait. Les questions se bousculaient sans mon esprit. Qu’allait-il se passer entre Brad et moi à notre retour ?  Envisageait-il une relation avec moi ? Allait-il m’avouer ses sentiments ? En avait-il au moins ? J’étais perdue !

Notre dernière journée, nous l’avons passé à nous aimer, passionnément. Le soir, nous sommes juste sortis dîner.

Je voulais savoir ce qu’avait Brad dans la tête.

-       Brad ?

-       Oui ?

-       Qu’est ce qui va se passer entre toi et moi à notre retour ?

-       Comment ça ?

-       On vient de passer trois semaines à faire l’amour, à s’embrasser, est ce que ça va continuer ou c’était juste le temps des vacances ?

-       Jenny, ne te pose pas autant de questions.

-       Pourquoi tu ne veux jamais parler de nous, Brad ? Tu connais mes sentiments à ton égard, ils n’ont pas changé, bien au contraire. Que ressens-tu, toi?

-       Jenny, ce n’est pas le moment de parler de tout ça. C’est notre dernière soirée ensemble, j’aimerais qu’elle soit comme ces trois dernières semaines.

-       Tu n’assumeras donc jamais ! Quand on est à des milliers de kilomètres, tu me fais croire que tout est possible, quand on est que tout les deux, c’est le paradis mais vis-à-vis des autres, de nos familles, tu es incapable d’assumer tes sentiments. Pourquoi bon sang ? Pourquoi ?

Il ne répondit pas. Comme à son habitude. Je lus dans son regard une immense tristesse. Tout à la mienne, je me moquais qu’il fut mal. Il me brisait le cœur et le pire, c’est que j’étais consentante.

Le diner se terminait dans un silence pesant. Chacun était dans ses pensées. Arrivés au gîte, nous avons terminé nos bagages, notre avion décollait en fin de matinée. J’en voulais à Brad terriblement de se taire mais mon envie de lui était plus forte que ma rancune. Je me couchais avant lui. Il me rejoignit quelques minutes plus tard. Je me blottis dans ses bras. Je l’embrassais. Je savais que c’était ma dernière nuit avec lui. Si demain, il ne m’avouait pas ces sentiments, je mettrais un terme à notre amitié qui n’en était plus une depuis si longtemps. Je n’allais pas passer le reste de mon existence à attendre un homme qui ne se déciderait certainement jamais à reconnaitre qu’il m’aime.

Nous avons fait l’amour une bonne partie de la nuit. Il était à la fois tendre, à la fois sauvage. Comme s’il se débattait avec lui-même.

Nous étions dans l’avion, dans quelques heures, nos chemins allaient se séparer, et rien ne me ferait changer d’avis. Depuis des années, j’attendais un signe de Brad, il ne me l’avait toujours pas donné et je savais qu’il n’était pas encore prêt à me le donner. Une chose avait cependant changé, j’étais quasiment sur qu’il m’aimait aujourd’hui.

Nos bagages chargés dans le taxi, Brad m’accompagna jusqu’à chez moi ou il avait laissé sa voiture à notre départ. Nous avons passé un moment ensemble avant qu’il ne se décide à partir. Il m’embrassa comme si ça vie en dépendait. Sur le pas de la porte, je lui posais une dernière fois la question qui me taraudait.

-       Brad, est ce que tu as des sentiments d’amour pour moi ?

-       Jenny, on ne va pas reparler de ça !

-       Si on va en reparler ! J’en ai marre que tu évites de répondre ! J’ai besoin de savoir ! Je t’aime Brad, je t’aime comme personne ne t’aimera jamais. J’ai envie de faire ma vie avec toi.

-       Jenny ! dit il en me prenant dans ses bras, jenny, nos familles ne comprendraient pas, tu le sais !

-       Je n’en ai rien à faire de nos familles et je suis persuadée qu’elles seraient super heureuse pour nous ! De quoi as-tu peur ?

-       Je n’ai peur de rien !

-       Alors réponds-moi, m’aimes-tu ?

-       Je ne te répondrais pas Jenny !

Je me reculais, le regardai les yeux embués de larmes et lui dis :

-       Tant que tu ne me répondras pas Brad, je préfère qu’on ne se voit plus ! Le jour où tu assumeras, viens me le dire, je serai là. Mais pour le moment, je préfère que nous n’ayons plus aucun contact. Cette situation me rend tellement malheureuse ! Autant que je le sois pour quelque chose dis-je d’une traite, sans lui laisser l’occasion de dire quoi que ce soit.

Je le regardais et pour la première fois depuis notre enfance, je vis des larmes dans ses yeux. Elles ne coulèrent pas. Il était tellement fier. Il ne s’attendait pas à ce que je prenne cette décision, son air surpris, me le faisait voir. Je ne sais pas s’il était vexé, en colère ou tout simplement anéanti par ma tirade mais il m’embrassa une dernière fois et me dit en partant.

-       Adieu Jenny ! Prends bien soin de toi ! Sache que je serais toujours là pour toi.

Il sorti de mon appartement et de ma vie. Je m’effondrais. Je m’en voulais de lui avoir posé cet ultimatum mais au fond de moi, je savais que c’était la seule solution.

Pendant cinq ans, je n’avais eu aucun contact avec Brad. Nos familles, mon frère, personne ne su ce qui c’était passé, pourquoi quand l’un était dans les parages, l’autre ne venait pas. Et là, ce soir, mon frère m’annonce que j’allais revoir Brad, dont j’étais toujours aussi éperdument amoureuse.

Toujours perdue dans mes pensées, dans mes souvenirs, j’entendis Paul dire :

-       Ouh ! ouh, tu es parti où là Jenny ?

-       Excuse-moi, j’étais dans mes pensées !

-       Si c’est le fait de revoir Brad qui t’inquiètes, il ne faut pas ! Ça fait bien 5 ans que tu ne l’as pas vu, vous allez avoir des tonnes de choses à vous raconter ! Tu sais qu’il a quitté sa boite à New York pour revenir travailler en France ?

-       Je ne savais pas qu’il bossait aux Etats-Unis !

-       Hein ? Il est parti un mois après nos dernières vacances ! Vous ne vous donnez pas de nouvelles ?

-       Non ! dis je fermement pour qu’il cesse cette conversation.

-       Un jour peut être que vous nous direz ce qui s’est passé pour en arriver là, vous qui vous aimez tant.

-       On peut parler d’autre chose, Paul s’il te plait.

Ainsi, Brad était parti aux Etats-Unis après mon ultimatum ! Je n’en savais vraiment rien. Parfois, mon père me demandait de venir le week end car Paul et Brad étaient là, mais je trouvais toujours une excuse pour ne pas venir. Et personne n’avait osé me dire que celui-ci était parti dans le pays de sa mère.

Mon petit monde bien réglé vola en éclat lorsqu’Anna annonçait :

-       Le mois prochain, on invite à dîner nos témoins, note bien la date.

-       L’envie de dire non me paraissait une évidence mais les futurs mariés n’auraient pas apprécié. Je devais me comporter en adulte. Peut être que le fait de revoir Brad après toutes ces années, me feraient me rendre compte que je n’étais plus du tout amoureuse de lui. Que tout ça n’était qu’un amour d’adolescente.

Le dîner prit fin. Paul me raccompagna à ma voiture.

-       Ça t’est vraiment pénible de voir Brad ?

-       Non !

-       Il s’est passé quoi Jenny ? Brad ne veut rien me dire non plus et il a eut la même réaction que toi lorsque je lui ai donné le nom des témoins.

-       Ne t’inquiète pas Paul, tout va bien se passer.

Je rentrais chez moi, mes vieux démons revenus. Je me faisais violence pour ne pas dire à mon frère que je ne voulais pas être son témoin, pour l’unique raison que revoir Brad me déstabilisait.

Les retrouvailles

Le jour J arrivait. J’étais dans une angoisse totale. Une partie de moi rêvait de voir Brad, l’autre refusait. J’arrivais la première chez mon frère. Pour chasser ma nervosité, j’aidais Anna. A chaque coup de sonnette, mon cœur battait à tout rompre. Tous étaient arrivés, sauf Brad ! Mes mains étaient moites, mon cerveau complètement à l’envers. J’essayais de m’intégrer dans les discussions, sans succès.

La sonnerie annonçant Brad retentit. Je ne savais quelle attitude adopter. Mon frère m’observait. Mes jambes me soutenaient tant bien que mal. Mon cœur était sur le point d’exploser. Je respirais un grand coup lorsque j’entendis sa voix. Il entrait dans le salon. Nos regards se croisèrent, s’affrontèrent, se plongèrent dans les yeux de l’autre. Cinq ans étaient passés mais mes sentiments étaient toujours intacts.

Il était là debout, vêtu d’un costume noir. La chemise blanche avait été déboutonnée, je lui trouvais un charme fou. Son visage était plus dur qu’avant. Il avait un charisme fou. Il dit bonjour à tout le monde, ses yeux se posaient régulièrement sur moi. Une fois qu’il eut salué tous le monde, il s’avançait vers moi.

Depuis son entrée, je n’avais qu’une envie me jeter dans ses bras, sentir son corps contre le mien, me blottir dans ses bras, m’abandonner à lui.

Il me regarda sans que rien ne transparaisse de ses pensées.

-       Bonjour Jenny ! Ça va ? Dit-il tout en me claquant 4 bises sur les joues et en mettant ses mains sur mes épaules.

-       Bonjour Brad, oui et toi, prononçait ma bouche tremblante.

Les futurs mariés nous invitèrent à prendre place pour l’apéritif. Je me trouvais face à Brad que j’évitais soigneusement de regarder. L’ambiance chaleureuse et conviviale calmait l’angoisse que ces retrouvailles m’inspiraient. Je reprenais le contrôle de moi-même, tant bien que mal.

Après un apéritif dans une ambiance festive, le diner fut servi. A plusieurs reprises, je croisais le regard de mon voisin, regard qui s’accrochait plus longtemps qu’il n’aurait fallu. Comme si chacun cherchait à lire en l’autre.

Au dessert, les futurs mariés entrèrent dans le vif du sujet, l’organisation de leur mariage. Chacun de nous reçu une liste de choses à faire, seul ou en commun. A nous ensuite de nous mettre d’accord. Je pensais : c’est bien ma veine, je vais devoir voir Brad et seule ! Je ne sais pas si celui-ci lut en moi mais me dit taquin :

-       ah bah pas de chance, tu vas être obligée de me revoir !

Je levais la tête et le regarda sans savoir quoi répondre.

J’allais avoir trente ans, cet homme que je connaissais depuis ma plus tendre enfance arrivait encore à m’intimider. J’aurais du être réactive, lui répondre sur le même ton mais j’en étais incapable.

Après avoir bu mon café, je sortis dehors fumer une cigarette.

Je sursautais quand j’entendis :

-       tu fumes maintenant ?

Je ne l’avais pas entendu arriver.

-       Je ne voulais pas te faire peur, excuse moi ! Comment tu vas Jenny ?

-       Bien et toi ?

-       Ça va ! Je suis content de te voir ! Tu me manques beaucoup !

Je changeais de conversation, surprise de son aveu.

-       Paul m’a dit que tu étais parti à New York pendant plusieurs années.

-       Oui, je suis rentré en France, il y a deux mois. Et toi, tu fais quoi de beau ?

-       Je suis photographe pour un journal.

-       Tu as réalisé ton rêve !

Je ne sais pas pourquoi je lui répondis :

-       au moins un ! C’est déjà pas mal !

Il savait de quoi je voulais parler, mais marqua sa surprise. Je poursuivis en lui demandant s’il était marié, s’il avait des enfants.

Il fut amusé par ces questions.

-       Célibataire sans enfants, ma belle, et toi ?

-       Pareil !

Nous avons été interrompus dans notre conversation par l’arrivée d’Anna et sa sœur. Brad rentrait pendant que je restais avec les filles. Je repris place et surpris le regard de Brad à plusieurs reprises sur moi. La soirée tirait à sa fin. Les témoins d’Anna prirent congé. J’aidais au rangement Anna pendant que mon frère et son ami d’enfance prenait un dernier verre.

Nous avons fini par rejoindre les deux hommes. Paul légèrement éméché, dit :

-        ça fait plaisir de vous voir ensemble tous les deux. Faudra qu’un jour, vous me racontiez ce qui s’est passé quand même !

Mon regard se perdit dans celui de Brad quelques instants. Ni lui ni moi ne répondons à mon frère. Je pris congé quand Brad me demanda mon numéro de téléphone pour qu’on se voie pour les préparatifs. Je lui donnais à contre cœur, j’avais la hantise de ne pas pouvoir lui résister et au fond je ne désirais qu’une chose, sentir la chaleur de son corps contre moi. Il fallait que je mette des barrières entre lui et moi, j’avais eu trop de mal à me remettre de notre séparation cinq ans auparavant.

Je partis. Chaque jour, j’appréhendais le coup de téléphone de Brad. Quinze jours étaient passés depuis le diner chez mon frère, je n’avais pas eu de nouvelles.

Quand un vendredi matin, je reçus un sms : « bonjour ma belle. Quand es tu disponible pour que nous avancions sur le mariage ? Bisous. »

L’envie de répondre, « jamais », était forte. Je ne répondis qu’à l’heure du déjeuner. « Bonjour, dis-moi quand tu peux et je te dirais en fonction de mon agenda. Bisous »

« Demain, je suis dispo, si tu l’es, on peut se voir dans l’après midi ou la matinée. Bisous »

De toute façon, me dis-je, il fallait qu’on organise le mariage, donc plus vite ce serait fait, au plus vite j’éviterais de voir Brad. Je répondis simplement : « ok pour samedi après midi ! »

« Chez toi ou chez moi ? »

« Comme tu veux ! »

« Chez moi à 14 h » répondit il suivi de son adresse.

J’arrivais chez lui avec vingt bonnes minutes de retard. Quand il m’ouvrit, il m’agaçait en disant :

-        je commençais à penser que tu ne viendrais pas.

-       Je suis tombée dans les embouteillages !

Il m’offrit un café et une ambiance studieuse s’instaura. Nous mettions nos idées en commun et tranchions sur nos envies. L’après midi se passait merveilleuse bien. Notre complicité était retrouvée. L’impression que nous nous n’étions jamais quitté planait dans la pièce.

Au bout de trois heures, Brad heureux dit :

-       superbe, nous avons bien avancé. Plus qu’a contacter les personnes concernées pour mettre tout ça en place.  Je vois ton frère demain, je vais lui demander la liste des invités !

-       Tu veux venir avec moi chez lui ? Me demande t-il

Je mentis :

-        non j’ai un truc de prévu demain.

-       Vraiment ou c’est juste pour ne pas être avec moi ?

-       Vraiment insisté je sans qu’il ne me cru davantage.

-       Tu fais quoi ce soir ?

-       J’ai du travail en retard, ce qui était vrai, je vais donc passer ma soirée à le rattraper.

-       Je n’ai décidément pas de chance dit il en faisant une moue déçue.

-       Désolée, j’ai une vie Brad. On se recale une date pour poursuivre les préparatifs.

-       Si tu veux ! On se partagera la liste des invités. Les témoins d’Anna veulent nous voir également, je dois leur dire quand, on fait ça maintenant

-       Ok !

Les deux rendez vous pris, je décidais de rentrer chez moi.

-       Bonne soirée Brad, à plus tard !

-       Si tu changes d’avis pour demain appelle-moi.

Il m’accompagnait dehors, je lui dis au revoir en lui faisant la bise. Je m’installais dans ma voiture, Brad tenait la portière. Avant de la refermer il me dit :

-       tu es encore plus désirable qu’avant.

Je ne pus répondre, il fermait la portière. Je démarrais, et vis son signe de la main par le rétroviseur.

Je retrouvais mon appartement, frustrée par cet après midi. Je m’étais fait violence à plusieurs reprises pour ne pas me jeter sur l’homme qui hantait ma vie depuis de si nombreuses années.

Le lendemain matin, je reçus un sms de sa part, me demandant si j’avais changé d’avis. J’aurais écouté mon cœur j’aurais dis oui mais j’ai préféré écouter ma tête et répondre non.

Je culpabilisais à sa réponse mais ne changeait pas d’avis : « dommage, nous aurions pu passer un agréable moment ensemble ! »

Je voyais Brad régulièrement pour le mariage mais n’avais jamais cédé à ses demandes de passer une soirée ou journée avec lui pour comme il disait parler d’autres choses.

Un jour que j’étais avec lui, ses parents l’appelèrent. Il les informait qu’il était avec moi. Sa mère demanda à me parler. Après des banalités, elle me demandait quand est ce que je venais les voir avec leur fils. Je répondis :

-       je ne sais pas.

Elle me demanda alors de parler à Brad et j’eu l’impression d’être tombée dans un piège.

Brad me regardait avec des yeux rieurs. Lorsque je l’entendis dire à sa mère attends je lui demande, je sus que ce que je lui refusais depuis des semaines cette fois-ci je ne pourrais y couper.

-       Es tu libre dimanche pour venir déjeuner chez mes parents ?

Je fis semblant de réfléchir, sachant pertinemment que je n’avais rien de prévu et finis par prononcer oui ! Il raccrocha et se retournant vers moi déclara :

-       et bin, pour passer un dimanche avec toi, il faut que ce soit mes parents qui t’invitent !

-       Ta mère est une excellente cuisinière, je ne pouvais refuser.

-       Bien sur ! Et au moins, tu ne seras pas seule avec moi ! Je te fais peur maintenant ?

-       Toi non !

Il m’attira dans ses bras. J’avais toujours eu besoin d’un contact physique avec lui mais la réciproque était vrai aussi, quoi qu’il en dise. On restait un long moment, heureux de retrouver ce bien être que nous ressentions lorsque nous étions l’un contre l’autre. Etonnamment, il ne chercha pas à m’embrasser, moi non plus, nous profitions juste de cet instant.

Après avoir terminé ce que nous étions à faire avant cet interruption, Brad rentra chez lui.

-       Je passe te chercher à 10 h dimanche, ça te va ?

-       Je serais prête !

Il se pencha sur moi et déposa un baiser à la commissure de mes lèvres. Mon corps se mit en alerte. La douceur avec laquelle il avait fait ce geste, mit mes sens en éveil. Une folle envie s’empara de moi, que je m’empressais de faire taire du mieux que je pouvais.

Un dimanche ordinaire

Le trajet, ce dimanche pour aller chez ses parents fut silencieux. Je n’avais pas vu ceux-ci depuis des mois. Leur accueil chaleureux me fit un bien fou.

Brad lâchait :

-       bah au moins, eux ça te fait plaisir de les voir !

Sa mère le traita alors de jaloux.

Brad retrouvait son père dans le jardin pendant que sa mère et moi discutèrent ensemble. On apercevait par la fenêtre les deux hommes. Sa mère suivit mon regard et me dit :

-       ou en es tu avec Brad ?

-       Comment ça ou j’en suis ?

-       Vous vous vouez un amour si fort depuis si longtemps, Jenny ! Quand allez-vous vous en rendre compte !

Je tombais des nues. Je vouais un amour à Brad mais Brad ?

-       Comment ça on se voue un amour ?

-       Brad est amoureux de toi et toi de lui, ça saute aux yeux de tous, pourquoi vous n’êtes pas ensemble ?

-       Brad amoureux de moi ? dis vraiment surprise.

-       Tu l’ignores vraiment ?

-       Oui ! Je lui ai demandé plusieurs fois de me dire ce qu’il éprouvait pour moi, il n’a jamais voulu me répondre. Il m’a toujours dit que nous étions pour tous, une sœur et un frère !

-       Quel imbécile ! Je le reconnais bien là avec ces fichus principes et sa peur du qu’en dira t-on ! sais-tu pourquoi il est parti du jour au lendemain à New York ?

-       Je ne sais pas ! Je n’avais plus de nouvelles de lui depuis notre retour des Antilles !

-       Ah bon ! Vous vous êtes fâchés ?

-       Je lui ai simplement demandé de me dire qu’il m’aimait et qu’il assume notre relation. Il n’a pas voulu, je lui ai donc dit que le jour où il assumerait qu’il revienne me le dire mais qu’en attendant, je ne souhaitais plus avoir de contact avec lui.

-       Je comprends mieux ! dit-elle pensive.

Le père de Brad et lui-même nous rejoignirent à ce stade de notre discussion. Le sujet fut clos. J’étais en colère après Brad. Il était apparemment le seul que ça dérangeait si on avait une relation amoureuse. Sa famille n’attendait qu’une chose depuis des années, c’est de nous voir ensemble car quoi qu’il dise, quoi que j’aie pu penser, il partageait, d’après sa mère, bien mes sentiments. Que de temps perdu ! Je m’étais battue pour qu’il reconnaisse que notre attirance était un amour véritable. Aujourd’hui, j’étais lasse, je n’avais pas envie de faire encore un pas vers lui. J’attendrais qu’il le fasse. Je l’avais forcé à m’avouer ces sentiments, je n’avais pas réussi. S’il se décidait à enfin prendre conscience que ce n’était pas amicale lui et moi, c’était à lui maintenant de m’en parler. Je n’avais plus le courage de me battre.

Le déjeuner se déroulait dans une joyeuse ambiance. Au café, le père de Brad me demandait :

-       Alors Jenny, ton frère se mari, tu es la suivante ?

Interloquée par sa question, je bredouillais :

-       je ne pense pas non !

-       Tu es contre le mariage ?

Brad se mêlait à la conversation :

-       Jenny attend que je l’a demande en mariage, papa. Elle ne se mariera qu’avec moi.

Je restais estomaquée par la réponse de Brad. Sa mère volait à mon secours en disant à son fils :

-       tu ferais bien de te décider alors à faire ta demande, car que de temps perdu !

Je restais bouche bée, je ne savais pas si je devais rire ou pleurer. Je jetais un regard vers Brad qui était dans le même état que moi.

Sa mère enchainait :

-       tu ne sais plus quoi dire !

Il riposta :

-       maman, faudra que nous discutions tous les deux !

-       Pas de souci mon fils conclue t-elle

Je ne sais pas ce qui me prit mais un fou rire me gagnait. Le fait de voir Brad déstabilisé, ne sachant que dire et mis devant un fait dont il ne voulait surtout pas parler me plongeait dans l’hilarité. C’était nerveux.

Il me regardait, contrarié :

-       bah au moins, ça te fait rire, c’est déjà ça !

-       Tu aurais vu ta tête dis je riant comme une folle.

Je me calmais, en larmes tant j’avais ri, je m’approchais de Brad, lui dit :

-       je t’adore ! et tu l’as bien cherché. En lui claquant un baiser sur la joue.

L’après midi, nous sommes allés rendre visite à mon père avec les parents de Brad. Mon père arrivait juste lorsque nous nous sommes arrivés. Je profitais de cette rencontre pour aller faire un tour dans ce jardin que j’aimais tant.  Je me baladais dans le potager, curieuse de voir ce que mon père avait semé. J’étais en pleine contemplation des tomates lorsque Brad me rejoignit.

-       Je me doutais bien que j’allais te trouver ici dit-il.

-       Quand est ce que tu as ton propre potager demanda t-il

-       Quand j’aurais une maison car en appartement, pas facile lui dis je gentiment moqueuse.

-       Tu as envie de te payer ma tête toi aujourd’hui ?

-       Pas du tout !

-       Tu envisages d’acheter une maison ?

-       Quand tu m’auras épousée, oui, j’espère bien que nous achèterons une maison continuais-je sur le ton de la plaisanterie.

-       Ça t’amuse, que ma mère malgré mes 35 ans, me tacle ?

-       J’avoue que ta tête était plus amusante encore, que les propos de ta mère !

Il ne répondit pas et m’invita à rejoindre nos familles qui nous attendaient. Naturellement, sa main s’appropriait la mienne et nous parcourions main dans la main, le chemin qui nous emmenait à la maison.

Je ne fus aucunement surprise de ce geste. Nos automatismes reprenaient le cours des choses comme si les années n’avaient rien effacé de cette profonde tendresse et amour qui nous unissaient lui et moi.

La journée se terminait par un diner chez mon père. Il proposait que nous restions dormir chez lui. Je m’empressais de refuser ce qui n’échappait pas à Brad.

-       Je ne peux pas papa ! Je commence tôt demain et je ne veux pas me lever aux aurores pour être sûre d’être à l’heure !

-       Etant donné que je suis le chauffeur, j’obéis aux ordres de la dame dit Brad.

Nous quittions le domicile familial pour regagner la capitale. Au bout de quelques kilomètres, Brad m’interrogeait sur mon emploi du temps du lendemain.

Une fois qu’il fut rassuré sur le fait que je commençais effectivement tôt, il m’avouait :

-       Je pensais que tu avais simplement peur qu’on se retrouve dans le même lit !

-       Tu sais, Brad, nous sommes des adultes maintenant, je ne pense pas que mon père nous proposerait de dormir dans la même chambre. C’était bon, lorsque nous étions des gamins.

-       Oh ! tu crois ? demanda t-il taquin

Une fois devant mon immeuble, Brad me remercie pour cette journée et me rappelle notre prochain rendez vous pour le mariage de mon frère.

Il descend de la voiture, m’accompagne jusqu’au porche. Il me prend dans ses bras, me regarde. J’avais une terrible envie de l’embrasser, de lui dire de monter, de lui faire l’amour mais je me tus.

-       Allez, je vais y aller, bonne nuit ma belle

Je lui claquais un baiser sur la joue et lui souhaitais une bonne nuit.

Il regagnait sa voiture, je le regardais, il me fit un signe de la main. A cet instant, l’envie d’hurler, reste avec moi Brad, était énorme. Je grimpais les escaliers, entrais dans mon appartement et me traitais d’idiote !

Tu as 30 ans, ma pauvre fille, tu es libre, si tu as envie de ce mec, pourquoi tu ne lui dis pas ! Tu pourrais profiter de la vie, pauvre sotte !

Oui, je pourrais répondant à mon monologue, mais pas avec Brad ! Trop compliqué à gérer ensuite !

Le signal sonore annonçant un texto me sorti de mon monologue.

« Merci ma belle pour cette magnifique journée ! Hâte d’en refaire une mais que tous les deux ! Bonne nuit ! Je t’embrasse, ma Jenny. Brad. »

Je réponds, je ne réponds pas ! Je réponds, je ne réponds pas ! Étais-je entrain de me questionner.

Je pourrais répondre : « merci à toi. Bonne nuit. Tendres baisers. Brad. ». Non je ne peux pas mettre tendres baisers, que va-t-il penser en lisant ça ? Je vais faire simple, plutôt que d’exprimer ce que je ressens.

« Merci à toi, bonne nuit, bisous. Jenny », c’est moins équivoque. J’envoie !

Autant son sms était affectueux, autant le mien me parait froid. J’aurais du être plus tendre.

Bip !

« Te connaissant, je pense que là tu es entrain de te dire j’aurais du écrire ça plutôt que ça ! Je t’adore Jenny. Brad. »

Qu’est ce qu’il m’agace ! Il me connait par cœur, même après ces 5 années, il sait que j’ai réfléchi avant de lui répondre, que mon texto ne reflète pas ce que j’aurais aimé exprimer.

Je décide de lui répondre : « moi aussi ! Bonne nuit ! »

Bip : « c’est mieux, fais de beaux rêves ! »

C’est avec un sourire idiot que j’allais me coucher.

Enterrement de vie de célibataires

Le mariage est dans huit jours, pratiquement tout est terminé côté préparatif. Ce soir, nous faisons le traditionnel enterrement de vie de garçon et de jeune fille.

Les filles, d’un côté, les garçons de l’autre, avant de se retrouver tous chez les futurs mariés pour terminer la soirée.

Il est 23 h, les filles et moi rejoignons les garçons chez Paul. Ils sont déjà là, l’ambiance est bien présente. La musique, le champagne, les rires tout présage que le mariage dans 8 jours sera une belle fête.

Chacun de nous échange sur notre après midi. La future mariée décide de mettre la musique plus forte et que nous dansions. La salle à manger se transforme en piste de danse. Chacun y va de sa petite chorégraphie, les rires fusent. Le témoin de la mariée propose une série de slow pour que chacun récupère un peu. Je profite de ce moment pour filer dehors fumer une cigarette. A peine, celle-ci allumée, Brad me tombe dessus !

-       Tu ferais bien d’arrêter de fumer !

-       Oui papa, me moquais je

Il sourit à ma réponse.

Nous avons été rejoins par d’autres fumeurs. Je décidais de rentrer, laissant chacun à ses discussions.

Mon frère m’attrapa dés que j’entrais dans la pièce pour danser un slow avec lui. Il était content de cette journée et de la tournure de la soirée. Le slow à peine terminé, j’entendis la voix de Brad :

-        Hop là mademoiselle ! Je crois que nous n’avons pas encore dansé ensemble !

Et je me retrouvais dans ses bras à sa plus grande joie, au vu de son sourire.

Il me colla à lui. Mes bras entouraient, comme une évidence, son cou. J’étais bien. J’étais à ma place. Un bien être intérieur s’emparait de moi. Ma tête était enfouit dans le cou de Brad. Il me serra encore un peu plus contre lui. Je levais la tête et croisais son regard. Une envie folle de l’embrasser enflammait tout mon être. Nos regards s’affrontaient, chacun cherchant en l’autre à lire les pensées que cette proximité engendrait en lui. Brad brisa cet instant en me demandant si tout allait bien. Je le regardais intensément, sans dire un mot. Son corps, ses yeux, tout en lui était une invitation à aller au-delà de cette soi disant amitié qui nous unissait. J’avais envie que cet homme me fasse l’amour, qu’il me dise qu’il m’aime. Mais au fond de moi je savais qu’il n’en ferait rien et qu’il ne se passerait rien. Sa façon à lui de ne rien laisser transparaitre de ses quelconques émotions étant l’humour, il finit par me dire :

-       si tu veux m’embrasser, embrasse moi Jenny.

Etonnée, je levais les yeux, fixait les siens, pour qu’il lise mon interrogation.

-       Je te connais par cœur ma belle, ton envie est palpable, embrasse moi me dit il tout en posant sa joue contre la mienne.

L’envie fut forte de céder à la tentation. Sa bouche était à quelques centimètres de la mienne, j’avais juste à bouger un peu et nos lèvres se scelleraient dans un baiser.  Je ne bougeais pas, je voulais savourer ce moment ou le désir, l’envie apportent plus de plaisir que de passer à l’acte. Nous aurions été seuls, je pense que mon plaisir se serait fait entendre. Je me suis retenue et le bonheur que je ressentis à ce moment, valait tous les orgasmes du monde. Brad me serra davantage contre lui, nos lèvres au moindre écart se toucheraient, mais lui comme moi savourions ce moment intime qui n’appartenait qu’à nous. Nous étions seuls au monde.

 La musique s’arrêtait pour laisser place à un air plus remuant. Nos corps avaient un mal fou à se séparer. Une voix nous dit : hé les amoureux c’est fini. Le charme était rompu. Il me lâcha, et étrangement j’eu froid. Un frisson me parcouru, il le perçu et me demanda juste si tout allait bien. Aucun son ne sortait de ma bouche je ne pus qu’hocher la tête affirmativement.

J’aimais cet homme à en perdre la raison. Est-ce qu’un jour, il me rendrait la pareille, je continuais de douter.

La soirée s’éternisait. La fatigue commençait à se faire sentir, j’avais envie de me retrouver allongée dans un lit. J’apostrophais mon frère et lui demandais si je pouvais aller me coucher dans la chambre d’ami. Il me donnait son consentement. Je ne dis rien à personne et filais me coucher. La journée avait été longue, les émotions intenses, je n’en pouvais plus.

Allongée dans le noir, je revivais cette danse si sensuelle avec Brad. C’est sur cette pensée que je m’endormis.

Le lendemain matin, je me réveillais avec ce bien être qui m’avait endormie quelques heures plus tôt. Je finis par me lever.

Pas un bruit dans la maison. J’allais me faire un café. Cuisine et salle à manger étaient dans un joyeux désordre. J’ouvris les volets et aperçus sur le canapé, Brad. Il me regardait. Je lui dis bonjour, il m’invitait à m’approcher.

-       Tu aurais pu me dire que tu partais te coucher, j’aurais quémandé un bout de ton lit.

Je fais celle qui n’entend pas et lui demande s’il veut un café.

-       Oui mais avant viens sous la couette me faire un bisou !

La tentation était grande mais je ne devais pas y céder.

-       Je vais chercher ton café.

-       Jenny, viens là lança t-il d’une voix suppliante

J’étais déjà dans la cuisine.

Je pris les deux cafés, lui apportais le sien et m’asseyais près de lui. Il se releva pour boire son café, la couette glissa et j’aperçus son torse. De voir sa peau nue, cette peau que j’ai tant aimé embrasser, caresser des années plus tôt m’émue. On se regardait sans parler. Il posa sa tasse vide, sorti de sa couche.

-       Ne bouge pas, je reviens !

Je finis mon café au moment ou il réapparut. Sans un mot, il me prit la tasse des mains, la déposa sur la table. Fermement, il m’allongeait, se mit contre moi et nous recouvrit de la couette. Je sentais son souffle sur moi, mon cœur grimpe à des pulsations jamais atteintes.

-       Détends-toi Jenny, je ne vais pas te manger.

Pas un mot ne sortait de ma bouche.

Il me tournait, ma tête était désormais contre son torse nu. Mes lèvres n’avaient qu’une envie, partir à la découverte de chaque pore de sa peau.

Je m’agitais, je ne pouvais rester ainsi. Il me souleva le visage, plongea ses yeux dans les miens. Je sentis son corps se serrer davantage contre le mien.

Je devais sortir de là !

-       Arrête de bouger Jenny ! Me souffla t-il

Son regard me pénétrait. Il repoussa mes cheveux sous une forme de caresse. Un soupir de plaisir m’échappait. Le désir que nous éprouvions l’un pour l’autre était palpable mais ni lui ni moi ne l’exprimions, du moins, pas par les mots. Son envie était bien là, je la sentais sur mon bas ventre. La mienne se ressentait dans tout mon être. J’étais fébrile, un geste suffisait pour que nous nous unissions. Un geste que personne ne faisait, surement par crainte d’être repoussé par l’autre. Ce qui était idiot car nos corps ne mentaient pas sur ce que nous voulions.

Paul et Anna arrêtèrent ce moment magique en entrant dans la pièce.

-       On se demandait ou vous étiez ! Brad dit Paul, tu viens avec moi à la boulangerie ?

-       J’arrive ! répondit-il en montrant sa déception de devoir sortir de sous la couette.

Les futurs mariés nous laissèrent nous lever.  Je me faufilais des bras de Brad qui me regardait me débattre avec mon envie de rester contre lui.

Je finis par me lever, j’étais debout près du canapé lorsque Brad me tirait par le bras. Je me retrouvais de nouveau allongée.

Je murmurais un faible « arrête, faut se lever ».

Il s’allongea sur moi. Sa bouche n’était qu’à quelques centimètres de la mienne. Il m’embrassait juste au coin de la bouche. Je le repoussais sans conviction. Il me murmurait à l’oreille, cette phrase qu’il m’avait si souvent dite :

-       tu me rends dingue Jenny !

Et se leva, me laissant frustrée qu’il n’ait pas pris l’initiative de changer le cours de cette matinée.

Ces moments étaient d’une telle puissance, d’une telle sensualité qu’il m’arrivait de penser que si nous franchissions la barrière invisible que nous nous étions mise, le charme, la beauté de ces instants seraient peut être décevant.

Au fond, je n’y croyais pas, il ya quelques années, la barrière avait été plus que franchie et l’osmose était la même, voir plus forte.

Nous petit déjeunions dans un joyeux brouhaha ce qui me permettait de penser à autre chose que mon envie de faire l’amour à Brad même si sa présence me rappelait que tous ce que je désirais, était lui.

La journée fut plus calme que la précédente. La soirée arrivait tout de même vite. J’avais pris quinze jours de vacances pour le mariage, huit avant, huit après. Je restais donc ce soir encore chez les futurs mariés. Quand Brad comprit que je ne rentrais pas chez moi, il me dit :

-       j’aurais su que tu restais là ce soir, j’aurais pris ma journée !

-       Ah bon pourquoi ?

-       Juste pour partager ton lit ce soir, ma belle !

Amusée par sa réponse, je le taquinais :

-       effectivement c’est dommage que tu doives partir ! Ma nuit va être d’une tristesse, je ne sais pas si je vais m’en remettre !

-       Ne joue pas trop, Jenny, je risquerais de rester et de partir aux aurores ! Ou de t’emmener de force chez moi !

-       Quel programme ! Minaudé-je

-       Ne me tente pas ! répondit-il le regard plongé dans le mien.

Anna arrivait et dit :

-       encore entrain de vous chercher tous les deux !

-       Un jour on se trouvera … ou pas dis je, répondant à Anna

Ma phrase fit sourire Brad, il s’approcha de moi et me murmura :

-       le ou pas est de trop ma chérie !

Les invités partaient et cette conversation cessa. Brad fut le dernier à nous dire au revoir.

-       Je reviens vendredi, Paul dit il à mon frère !

-       Ok ! Jenny vient également vendredi.

Se retournant vers moi, Brad me proposa de m’emmener vendredi plutôt que de prendre deux voitures.

-       Je viens dès le matin !

-       Oui moi aussi ! Je t’appelle dans la semaine et on voit pour l’heure.

Il embrassa Paul et Anna.

-       Tu m’accompagnes à la voiture ? Me demanda t-il, Tu rentres quand ?

-       Demain !

-       Ok ! Bonne nuit ma belle !

-       Bonne nuit et bonne route ! Lui dis-je tout en l’embrassant sur les joues.

Ses yeux exprimaient comme de la tristesse, j’en fus touchée et lui demandais si ça allait.

Il me prit dans ses bras, m’embrassa sur la tête et comme s’il se parlait à lui-même dit :

-       je suis le roi des cons !

Je ne relevais pas, j’étais fatiguée, un mélange de colère contre lui bataillait avec l’amour que j’avais pour lui, et ce soir je n’avais pas la force d’entrer dans un débat.

Il me lâchait, montait dans sa voiture et m’abandonnait avec ma passion à son égard.

Je retournais dans la maison ou Paul et Anna m’attendaient.

-       Ça va ? demanda Anna

-       Oui

-       Vous attendez quoi tout les deux continuait elle

-       Comment ça qu’est qu’on attend ? Je savais de quoi elle voulait parler.

-       Tu es complètement accro à Brad et vice versa, vous attendez quoi pour enfin former un couple. Car je te signale quand même que tous ceux qui vous voient pensent que vous êtes ensemble. Ma sœur m’a même dit que voir tant d’amour dans un couple était rare, c’est pour te dire !

J’en restais bouche bée ! L’histoire se répétait même des années plus tard ! Tous nous voient comme un couple sauf Brad ! Cette idée me fit le maudire un instant ! Je suggérais à Anna de changer de sujet car je n’avais pas envie de déprimer sur cette situation qui durait depuis plus d’une décennie.

Brad m’envoyait alors que j’étais plongée dans les bras de Morphée un texto me disant qu’il était bien arrivé. Je ne le vis que le lendemain. Je m’excusais de ne pas avoir répondu en lui signifiant que je dormais déjà. Il répondit quelques minutes plus tard sur ce ton humoristique qu’il employait pour se cacher derrière ses sentiments.

Je croyais ma belle que tu te serais inquiétée de me savoir sur la route ! Je suis déçu que tu sois endormie sans me savoir arriver. As-tu au moins rêvé de moi ?

Je vais encore te décevoir, mais pas un instant je n’ai pensé à toi ! Bisous Brad.

Menteuse !

L’échange s’arrêta sur ce mot.

Le mercredi, il m’appela.

-       Hello ! Ça va ?

-       Oui et toi ?

-       Bien ! Dis moi, jeudi soir, on passe la soirée ensemble ?

-       Je ne peux pas, je dine avec des amis !

-       C’est vrai ou c’est encore une façon poli de me dire non ?

-       Fais-moi confiance Brad ! Tous les jeudis, on se retrouve avec des amis, donc non ce n’est pas une façon poli de te dire non ! Et puis nous allons nous voir plusieurs jours avec le mariage, je saurais combler ce manque de moi que tu as lui dis je en riant.

Il répondit sur le même ton :

-       pour combler mon manque, tu n’aurais pas assez d’une vie, ma chère !

Un peu tranchante, je lui dis :

-       tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, tu n’as pas su saisir ta chance !

-       Tu attaques dur là ! Serais tu entrain de me dire que je n’ai plus de chance en réserve ?

La conversation prenait une drôle de tournure. Un blanc s’installa, il dura de longues secondes.

-       Tu sais, tu peux juste dire si Brad chéri tu as encore une chance !

D’une voix triste, je changeais de conversation et lui demandais à quelle heure il pensait partir vendredi.

Il comprit qu’il ne fallait pas insister et répondit à ma question.

Il me souhaita une bonne soirée et me dit à vendredi matin.

Le mariage

Ce vendredi matin, j’avais oublié de me réveiller. La sonnette me tira du lit. Les yeux embués de sommeil, j’ouvris à Brad qui se moquait gentiment de moi. Pour réponse, il eut droit à un grognement.

-       Va sous la douche, je te fais un café !

Vingt minutes plus tard, les idées claires revenues, je rejoignis Brad pour boire mon café. Nous faisions un de briefing de ce que nous devions emmener pour le mariage.

Vers 10 h, nous prenions la route pour un week end festif. La journée passait à une vitesse folle. Le soir venu, chacun était excité pour le lendemain. Mon père arrivait sur les coups de 22h, fier de marier son fils. Je passais un long moment à discuter avec lui. Nous avions mon frère et moi quitté la maison depuis longtemps mais pour ce père qui nous avait élevé seul, nous resterions à jamais ses enfants et ce qu’il avait de plus chère au monde. Il était très ému que mon frère se marie et à la fois inquiet de me voir à 30 ans seule. Je le rassurais. Je sentais Brad près de nous qui ne perdait pas une miette de la discussion. Nos regards se croisèrent un moment. Il y avait de la bienveillance dans le sien. Une envie qu’il me prenne dans ses bras arriva soudainement. Je ne sais pas s’il le lut, toujours est-il qu’il s’approcha de moi, s’asseyait et prit ma main dans la sienne. Je le remerciais du regard.

Il commençait à être tard, mon frère décidait de mettre tout le monde au lit et attribuait les chambres. Et bien sûr, il ne changeait rien et me mit d’office avec Brad. Je tentais de manifester sous le regard goguenard de Brad.

-       Jenny, il est tard, demain nous avons une grande journée donc tu files au lit sans râler !

-       C’est si dur de dormir avec moi me demanda Brad !

Je le foudroyais sur place.

Je mis une nuisette et me couchais. Brad arrivait un bon quart d’heure plus tard. Et moqueur me dit :

-       Je vais me faire tout petit, ne t’inquiètes pas.

Je ne répondis pas. J’étais en colère de devoir lutter contre mes sentiments, mon envie de cet homme qui s’amusait de la situation.

Il se coucha, me souhaita bonne nuit et comprit qu’il fallait mieux ne pas en rajouter. Pendant cinq bonnes minutes, il cherchait sa place, tournant, se retournant. Je n’arrivais pas à m’endormir.

-       Jenny, viens dans mes bras s’il te plait sinon je ne trouverais pas le sommeil.

Je fis semblant de ne pas entendre mais c’était mal le connaitre. Il s’approcha de moi, sa peau entra en contact avec la mienne et un long frisson me parcourut le dos. Je me retrouvais dans l’intimité de cette chambre, dans les bras de celui qui m’inspirait une si grande envie, un si grand désir.

Un calme, un bien être émergeait de moi. J’étais bien, à ma place. Le sommeil m’attrapait avant que mon désir ne vienne troubler cette plénitude.

Je me réveillais le lendemain matin contre la poitrine de Brad. Dans un demi-sommeil, je déposais un baiser sur ce corps comme s’il m’appartenait. Le hum de mon partenaire de chambrée, me fit lever la tête. Il était réveillé.

-       Tu peux continuer ma belle ! dit il en déposant un baiser sur mon front.

Je n’en fis rien et le silence s’installait. Je n’osais bouger. J’entendais le cœur de Brad battre, le son me berçait.

Quand tout à coup, un bruit de trompette nous fit bondir du lit ! La voix criarde de mon frère se fit entendre !

-       Debout là dedans, je me marie dans 5 h !

Une crise de fou rire me prit.

-       Il est fou entre deux éclats de rire dis je à Brad !

-       Allez debout, sinon on ne sait pas de quoi il est encore capable !

C’est dans une ambiance joyeuse que la journée débutait. La future mariée était déjà partie chez le coiffeur. La matinée filait, après un déjeuner rapide chacun allait se vêtir pour la cérémonie qui avait lieu dans une heure.

Brad occupait la chambre quand j’entrais dedans. Il avait un costume gris, une chemise blanche. Il était à tomber ! Il vit mon regard admirateur et me taquina :

-        je te plais ma belle ?

-       Le costume te va bien ! Tu en as pour longtemps car il faut que je m’habille !

-       Tu peux t’habiller devant moi, ça ne me dérange pas avant d’ajouter, je te fais marcher, je te laisse la place.

Je m’habillais. La robe fourreau que j’avais choisi, me faisait une silhouette magnifique. Le haut légèrement échancré, mettait ma poitrine en valeur. J’enfilais mes escarpins au moment où on frappait à la porte.

-       Oui ?

-       C’est moi, je peux entrer, j’ai oublié ma montre.

-       Vas-y

A la tête de Brad, je sus que ma robe faisait son petit effet.

-       Tu es magnifique !

-       Merci !

-       Va falloir que je te surveille, ça va se battre !

-       N’exagère pas non plus !

Il était face à moi.

-       J’ai la plus belle cavalière !

-       Tu n’es pas mal non plus !

-       Allez prends moi le bras, on va sortir tous les deux et leur en mettre plein la vue.

Les commentaires sur notre duo allèrent bon train.

L’heure de la cérémonie approchait. Bras dessus, bras dessous nous entrions à l’église. L’amour de Paul et Anna, l’émotion de la cérémonie rendait l’échange de consentement très émouvant. Brad me prit par les épaules et me serrait contre lui. Mon père versait sa petite larme, je le suivis. Brad me donna un mouchoir, me prit la main et la serra si fort que je sus qu’il retenait son émotion.

A la sortie de l’église, je lui fis remarquer qu’il n’y avait pas de honte à pleurer.

-       Je ne vois pas de quoi tu parles !

-       Bien sûr ! Tu sais Brad à force de taire tout ce que tu ressens tu vas avoir un cœur de pierre.

-       Ne t’inquiètes pas ma chérie, mon cœur est loin d’être de pierre. Il bat et plus que tu ne crois.

Me lançait-il un signe ?

Taquin, il me dit à l’oreille,

-       mais qu’est ce qu’il veut bien dire le monsieur ! Allez cogites !

L’agacement qu’il provoquait en moi l’amusa.

Lors du vin d’honneur, il me rejoignit et me dit :

-       alors tu as cogitée ?

-       Tu m’agaces !

-       Je sais, c’est pour ça que tu m’aimes non ?

Nos regards s’affrontèrent à ce moment. Je ne pus répondre, les invités se joignirent à nous.

Le mariage se déroulait sans accroc. Les animations, le repas tout était une réussite.

L’ouverture du bal, lançait la soirée dansante. Mon cavalier m’entraina sur la piste. Collée contre lui, mon corps me trahissait une fois encore. Il n’en dit rien, se contentant juste de m’embrasser la joue. La danse était langoureuse, mon désir gonflait ma poitrine. Joue contre joue, nous profitions de cette intimité.

-       J’ai envie de t’embrasser Jenny !

Je posais ma bouche dans le cou de mon partenaire. Il gémit. Ses mains jusqu’à là sagement posées sur mes hanches, s’agitèrent.

Il souffla :

-       j’ai vraiment très envie de t’embrasser !

Chuchotant je lui demandais de se taire.

La musique changea mais restait tout aussi langoureuse. Ma tête enfouie dans son cou, je ne voulais pas qu’il cesse de danser. J’étais scotchée à lui. Il m’attirait comme un aimant, la réciproque était vraie.

D’une petite voix suppliante il me réclamait une fois encore un baiser. Ma bouche s’aventura de nouveau dans son cou. Je le couvris de doux baisers. La voix rauque il me dit :

-       tu as décidé de jouer avec mes nerfs.

Je relevais la tête, malgré l’obscurité dans laquelle la salle était plongée, ses yeux brillaient, de désir, de plaisir, d’envie.

Il prononçait mon prénom et avant qu’il poursuive sa phrase, je posais un doigt sur ses lèvres pour qu’il ne parle plus.

La musique changea, nous n’étions plus dans le même registre. Il se fit violence pour me lâcher. Sans un mot, nous nous sommes séparés. Il est allé vers le bar, moi je fuyais dehors.

Je me suis isolée, me suis perdue dans mes pensées. Lorsque je regagnais la salle, je croisais Brad qui me demandait où j’étais partie.

-       Dehors !

-       Je ne t’ai pas trouvée.

-       Me suis mise à l’écart !

La soirée battait son plein. Les mariés annoncèrent leur départ. Il était convenu qu’au petit matin, nous irions les réveiller.

Ça faisait un bon moment que je n’avais aperçu Brad. Je demandais à mon père s’il l’avait vu. Il m’indiquait qu’il était parti s’aérer.

J’avais envie de le rejoindre. Je sortis donc à mon tour. Je ne le voyais nulle part, lorsque j’entendis :

-       Jenny, je suis là en bas !

J’allais à sa rencontre !

-       Tu me cherchais ?

-       Oui, je me demandais où tu étais.

-       Tu voulais me parler ?

-       Non pas forcément, je me demandais juste ou tu étais.

-       On va se dégourdir un peu les jambes ?

-       Ok !

Le parc était faiblement éclairé. Mais nous pouvions deviner les fleurs et autres plantes.

Entre deux banalités, un silence s’installait entre nous. Nous marchions, l’un contre l’autre. Les bras de Brad entourant mes épaules. Au détour d’un chemin qui nous ramenait vers la salle, Brad d’un geste ferme et doux à la fois, me ramena contre sa poitrine. Il m’enlaçait.

-       Tu fais quoi ? Dis-je

-       Embrasse-moi Jenny !

-       Brad, tu ne vas pas recommencer avec ça !

D’un ton grave il me demanda :

-       Où en es tu de tes sentiments pour moi ?

Je répondis par une question :

-       et toi, tu attends quoi de moi ? Qu’on passe du bon temps comme il y a cinq ans et après plus rien ? Tu veux quoi au juste ?

-       Là, maintenant, je veux juste que tu m’embrasses ! Et ne reste pas sur ce qui s’est passé il y a cinq ans.

Je cherchais à sortir de ses bras. Il me retenait.

-       Ne fuis pas Jenny ! Laisse toi aller, fais ce que ton cœur dit, arrête de penser à l’après. Profite juste du moment !

-       Je n’arrive plus à faire ça ! J’ai contrairement à toi besoin de savoir où je vais.

-       Fais-moi juste confiance ! Et d’insister une fois encore pour que je l’embrasse.

-       Je ne t’embrasserais pas Brad, enfin pas comme tu le souhaites, toujours !

Il joua de la situation, Il s’approcha si prés de moi, que nos bouches s’effleuraient.

-       Ose me dire que tu n’en as pas envie !

Ses lèvres frôlèrent les miennes, je me fis violence pour ne pas m’y accrocher. Il me serra alors dans ses bras, si fort qu’il pouvait me casser en deux.

-       Tu me fais mal Brad !

-       Excuse-moi dit il en desserrant un peu ses bras. J’aimais beaucoup la Jenny d’avant, celle qui se laissait aller, celle qui montrait ses envies, celle qui prenait, celle qui croyait à nous.

-       Elle était la seule à croire à nous Brad, cette Jenny !

-       Peut être ! Va savoir ! Une chose est sûre c’est qu’elle avait raison d’y croire.

-       Tu veux dire quoi par là ?

-       On en reparlera plus tard, quand tu m’auras embrassée par exemple.

-       C’est du chantage Brad !

-       Non chérie, allez viens on rentre !

Je venais d’entrer dans un autre monde. Avait-il pris conscience de ces sentiments à mon égard ? Avait-il décidé de les assumer ? Tout portait à y croire ! Il ne fallait pas que je m’emballe, surtout pas ! Il m’avait fait tant espérer durant des années ! Ou plutôt, j’avais tant espéré un partage mutuel de mon amour !

Arrivée à l’entrée de la salle, je l’informais que je fumais une cigarette et que je rentrerais ensuite. Il me déposa un baiser sur la joue et acquiesça.

La fumée de ma cigarette, s’envolait avec mes pensées, mes interrogations, mes doutes, mes envies.

Je rejoignis Brad qui discutait avec les autres témoins. L’heure était venue d’aller réveiller les mariés.

Vers 9 h du matin, après une nuit blanche, les derniers fêtards commençaient tous à piquer du nez.  Certains s’étaient d’ailleurs endormis un peu partout dans la maison. Les deux canapés servaient de lit. Des matelas avaient été posés sur le sol et étaient occupés par des invités qui jouant la prudence, préféraient dormir sur place.

J’aperçus Brad dehors avec Paul. Je les rejoignis. Je ne sais pas quel était leur sujet de discussion, toujours est-il qu’ils arrêtèrent de parler à mon arrivée.

-       Vous parliez de moi ou quoi ? Leurs demandais-je.

Brad répondit :

-        oui, nous disions que tu étais une vilaine fille !

Mon frère sourit de sa remarque. Je toisais Brad du regard.

-       Paul, je vais aller prendre une douche et me reposer un peu pour être un minimum en forme à 13 h pour le retour, tout à l’heure vu l’heure qu’il est.

-       Je pense que je vais faire comme toi répondit Brad.

Je saluais de la main les deux hommes et parti sous la douche.

Mon dieu que ça faisait du bien. Ça n’ôtait pas toute la fatigue accumulée mais au moins ça donnait un petit coup de fouet. En sortant de la douche, je tombais nez à nez avec Brad.

-       Je te croyais déjà couchée s’étonna t-il en me voyant.

-       J’y vais.

-       A tout de suite alors répondit il malicieusement.

J’entrais dans la chambre et avec bonheur m’allongeait sur le lit. Je somnolais, écoutais les bruits extérieurs. Des éclats de rires brisaient parfois ce silence.

Brad entrait, juste vêtu de son caleçon.

-       Tu ne dors pas ?

-       J’essaie !

Il s’allongea à son tour en s’exclamant :

-       Bon sang que ça fait du bien d’être dans cette position !

J’approuvais. On entamait une conversation sur la journée et la nuit qui venaient de se dérouler. Nous étions l’un à côté de l’autre, étendus sur le lit, fixant le plafond tout en conversant.

-       Tu as mis un réveil au cas où on s’endormirait s’inquiéta Brad.

-       Oui j’ai mis à midi.

Il se mit sur le côté, alors que je restais sur le dos. Je sentais son regard sur moi. J’en étais presque gênée.

-       Arrête de me regarder, ça me stresse !

Il rit et m’invita à venir dans ses bras.

-       Je suis bien comme je suis installée.

-       Tu seras encore mieux dans mes bras. Insista t-il

-       Tu es pénible quand tu t’y mets.

-       Je sais. Allez, viens !

Je cédais, me blottis contre lui. Un soupir m’échappait.

-       Tu vois, tu es beaucoup mieux comme ça.

Il m’embrassa le front, je me serrais davantage contre lui.

Nous ne parlions plus. Sa respiration calme, me fit comprendre qu’il s’était endormi. Je le regardais un long moment et finis par à mon tour plonger dans le sommeil.

J’eu l’impression d’avoir dormi longtemps lorsque j’ouvris les yeux.  Le soleil envahissait la pièce.

Je m’étirais, mon corps collé à celui de Brad. Il s’amusa de me voir prendre mes aises.

-       Quelle heure est-il demandais-je

-       11 H 15 ! Le réveil ne sonnera que dans quarante cinq minutes, profite !

-       On va peut être se lever et aller donner un coup de main non ?

-       Franchement, je suis bien mieux ici pour ma part et ils sont assez nombreux pour gérer.

-       Mais, dit-il, après un moment de calme, si vraiment, tu veux t’occuper, tu peux toujours me couvrir de baisers.

Je ronchonnais, ce qui l’amusa. Il glissa vers le fond du lit. Son visage se trouvait juste face au mien. Il me troublait, le savait et en jouait.

Il glissait son index sur mes lèvres, en fit le tour et concluait content de lui-même que mes lèvres étaient en manque de baisers !

Je lui répondis qu’il ne savait vraiment pas quoi inventer.

La mine suppliante, il réclamait une fois encore que je l’embrasse sinon…

Je le coupais en demandant :

-       sinon quoi ?

-       Sinon c’est moi qui me jette sur toi.

Muette, je me contentais de le regarder. Son pied jouait avec le mien. Il savait stimuler mon corps pour que je cède à la tentation. Cinq bonnes minutes passèrent dans un calme qui présageait une tempête à venir.

Il remonta son corps, ma tête se retrouvait sur sa poitrine. Il prit ma main qui enlaçait son corps et l’embrassa. Je le regardais surprise.

-       Embrasse-moi Jenny !

Je posais ma bouche sur sa joue, ce qui l’irrita. Il s’appuya sur son coude et me dit :

- tu vois ma bouche, c’est là que je veux un baiser.

Je m’approchais et comme si j’avais peur que ses lèvres me brûlent y déposa rapidement un baiser.

-       On progresse ! se moqua t-il

De sa main libre, il caressa délicatement mon visage. Je fermais les yeux, profitant de cette douceur. Je sentis son visage s’approcher du mien. Je gardais les yeux fermés. Sa bouche se posa sur la mienne. Il déposait de petits baisers sur mes lèvres. Mon corps entier était en proie au feu que cet homme savait allumer en moi.

J’ouvris les yeux. Plongée dans les siens, je me perdis. Il susurra :

-       embrasse-moi Jenny.

Je ne pus me contrôler. Mes lèvres s’accrochèrent aux siennes. Nos langues se retrouvèrent. La passion qui nous brulait enflammait cet échange.

J’en avais le souffle coupé. Je repris ma respiration et comme aimantée, je repris possession de sa bouche. Il répondit à ce baiser tout aussi passionné que le précédent. Il fit, au bout d’un moment, glisser sa bouche sur mon cou. De doux baisers s’y déposèrent. Mon corps tremblait. Il avait allumé un véritable brasier.

Sa langue jouait avec le lobe de mon oreille, je gémissais de plus en plus fort. Je sentais sa hampe dure entre mes jambes. Seul son caleçon empêchait qu’elle entre en moi. Je jouais avec, me frottant contre, cherchant le plaisir. Il m’arrêta en disant :

-       on va se calmer cinq minutes !

Il se remit sur le dos et haletait. Sa respiration s’adoucit au bout d’un moment. Mon corps réclamait le sien, instinctivement, il se rapprochait du sien.

Le réveil brisa notre intimité.

-       Hé merde ! cria Brad 

Il se tourna vers moi et dit :

-       on n’a pas le choix, il faut qu’on se lève là !

Je ne répondis pas, je pris simplement possession de sa bouche. Il répondit à mon baiser. Il se délivra de mon emprise et déçu dit :

-       c’est plus prudent que l’on sorte de ce lit maintenant, sinon, je ne réponds plus de rien.

Il se leva le premier, s’habilla après un court passage dans la salle de bain.

-       Lève-toi Jenny !

-       J’arrive !

Une fois sortie du lit, il m’attrapait, me prit dans ses bras, m’embrassa avant de me lâcher en me disant :

-        j’y vais, à tout de suite !

Je le regardais quitter la chambre. Alors que je m’habillais, je repensais à ce qui venait de se passer. J’aimais cet homme, et si aujourd’hui, il ne m’offrait qu’un peu de bon temps, de temps en temps, je prendrais. Je ne pourrais plus comme 5 ans plus tôt, lui poser d’ultimatum. A ce stade de mes conclusions, je rejoignis le groupe à l’extérieur.

Anna me demanda si je m’étais bien reposée.

Je répondis affirmativement. Elle m’informait que Paul et Brad étaient partis faire une course. Je pensais que c’était bien de pouvoir me remettre dans l’ambiance sans Brad tout de suite à mes côtés.

Les convives invités au retour du mariage, beaucoup moins nombreux que la vielle, arrivèrent au fur et à mesure. J’aperçus Paul, avant de voir Brad.

Chacun se servait au buffet froid, installé pour l’occasion sous une tonnelle dans le jardin des mariés. Alors que je me servais, Brad arrivait près de moi. Nos regards se croisèrent. Pas un mot ne fut échangé. Naturellement, il est venu s’installer près de moi à table. Un des témoins de la mariée, attablée avec nous, posa innocemment une question adressée à Brad et moi.

-       Alors et vous deux quand est ce que vous vous mariez ?

La question eut le mérite de faire sourire Brad. Sûr de lui, celui-ci répondit :

-        il faut déjà que je la demande en mariage et ensuite qu’elle accepte.

La jeune femme me demanda alors :

-       tu ne veux pas te marier ?

Après avoir fusillé Brad du regard, pour avoir alimenté cette conversation, je répondais :

-       Brad ne m’a jamais parlé d’engagement, je pense qu’il en a peur d’ailleurs, ce qui fait que je ne me suis jamais posée la question du mariage.

Ma réponse mit fin au débat. Brad m’embrassa sur la joue et me glissait à l’oreille :

-       Je l’ai bien cherché !

Tout au long de l’après midi, je n’aperçus que de temps en temps Brad. Depuis le repas, nous n’avions pas discuté ensemble. Vers 19 h, les convives partaient les uns après les autres. Il ne restait plus que les mariés, les parents de la mariée, mon père, Brad et moi. Nous nous sommes tous mis au travail, pour tout ranger. Deux bonnes heures après, nous avions terminé. Mon père parlait avec Brad. Je rejoignis les deux hommes. Les parents d’Anna sont venus nous dire au revoir tout en promettant de tous se revoir bientôt. Avec ce dernier départ, mon père annonçait qu’il allait également rentrer. Avec mon frère, nous lui suggérons de rester dormir sur place, mais il prétexta qu’il avait des choses à faire le lendemain. Je l’accompagnais donc à sa voiture, suivi par Paul, Anna et Brad.

Personne n’avait faim, il était 22 heures, Paul proposait de regarder les photos du mariage en buvant un verre. Une photo de Brad et moi entrain de danser, nous fit nous regarder. Il dit simplement :

-        j’aime ton regard sur moi.

Je rougis, car effectivement, l’amour que je lui portais était une évidence. Mon frère répondit :

-       tu as le même que ma sœur a sur toi, soi dit en passant !

Ni lui ni moi, ne répondions.

Il était déjà minuit, Anna annonçait qu’elle allait se coucher, je fis comme elle. Les garçons continuèrent leur soirée, même si chacun d’eux annonçaient un « j’arrive ».

Je m’endormis seule. Lorsque je me réveillais, Brad était déjà levé. Il avait partagé mon lit mais je ne l’avais ni entendu venir se coucher, ni se lever.

Je le trouvais, une tasse de café à la main, debout dans la cuisine. Je m’approchais de lui pour lui dire bonjour. Il me prit dans ses bras, se moqua des ronflements qui avaient accompagnés sa nuit. Je m’apprêtais à l’embrasser sur la joue, il posa alors sa bouche sur la mienne. C’est par un baiser plein de tendresse qu’il me dit bonjour. Alors qu’il se détachait de moi, je m’agrippais à lui et l’embrassais à mon tour.

J’avais envie de lui, j’avais envie que nos corps s’unissent, j’avais envie, de plus qu’un simple baiser aussi passionné fut il. Avec remords, il dit :

-       j’aurais du rester dans le lit.

Nous n’avons pas entendu Anna arriver. Elle ne dit pas un mot, elle nous surprit entrain de nous embrasser. Brad se rendit compte de sa présence le premier. Il lui lançait un bonjour Madame. Par reflexe, j’ai voulu me dégager des bras de Brad, il me retenait. Anna s’approcha de nous et nous embrassa pour nous saluer. Brad relâchait alors son étreinte. Je fus surprise de son attitude. Il avait toujours fait en sorte que personne ne partage nos moments d’intimité. Devais-je me permettre de penser que les choses évoluaient dans le bon sens ? Je ne savais plus quoi penser et ne voulais surtout pas croire que tout était encore possible avec lui.

Dans la matinée, alors que j’étais dehors, il me rejoignit.

-       Ça va ?

-       Oui et toi ?

-       Oui ! Tu fais quoi le reste de tes vacances ?

-       Je ne sais pas trop. Je vais peut être allé chez mon père, pourquoi ?

-       J’ai pris ma semaine et me demandais, si tu accepterais de la partager avec moi.

-       Tu proposes quoi ?

-       Il y a un petit hôtel sympa en bordure de mer que je connais bien, ça te dit ?

-       Je ne sais pas.

-       Jenny ! J’ai vraiment envie de passer quelques jours avec toi. Rien que toi et moi. Je te demande juste de ne plus réfléchir, profite simplement, ne te pose pas quinze mille questions Jenny !

-       Je ne me pose pas quinze mille questions ! C’est juste que pendant cinq ans, nous ne nous sommes pas vus, tu reviens dans ma vie comme si ces cinq années n’avaient pas existées et tu voudrais que tout redevienne comme avant.

Comme blasé, il rétorque :

-       Il faut que je fasse quoi Jenny pour que tu acceptes mon invitation ? Dis-moi !

Curieusement, je mourrais d’envie de partir avec lui mais l’après me faisait peur.

-       Je pars en début d’après midi, je ne veux pas te forcer, tu fais comme tu le sens. Sache seulement que ta présence me rendrait heureux !

Il me laissait plantée là avec mon incertitude. Toute la matinée, nos regards se sont interrogés. Toute la matinée, j’ai été en proie aux doutes !

Avant le déjeuner, je suis allée faire mes bagages, pour rentrer chez moi ou partir avec Brad, je n’en savais toujours rien.

Il entrait dans la chambre alors que je finissais de remplir ma valise. Il m’interrogeait du regard. Je fis semblant de ne rien voir. Il s’asseyait alors sur le lit. Il prit mes mains, m’amenait vers lui.

La tête levée vers moi, il me demanda si je m’étais décidée.

-       Tu pars à quelle heure ?

-       Après déjeuner ! Et toi ?

-       Pareil !

-       Ça veut dire que tu m’accompagnes ?

-       Je ne sais toujours pas Brad !

-       Ecoute ton cœur, Jenny ! Écouter sa tête n’a jamais été bon et je sais de quoi je parle !

Cette simple phrase me fit prendre ma décision mais je ne lui en dit mot.

Il me laissait finir mon rangement. Je rejoignis tout le monde à table. Pendant le déjeuner, Paul demanda à Brad ce qu’il faisait pendant ces vacances. Il lui parla du petit hôtel sans m’évoquer.

Paul me demanda si j’allais chez notre père, je créais la surprise :

-       non, je vais dans un petit hôtel en bord de mer.

Brad, face à moi, écarquillait des yeux surpris.

Mon frère dit alors simplement :

-       ah vous partez ensemble !

Brad répondit :

-       on dirait !

Le reste du déjeuner se déroula dans un échange de regards entre Brad et moi. Rien de transperçait de ce que ma décision pouvait lui inspirer. J’aidais Anna à débarrasser. Brad arriva dans la cuisine et se planta devant moi.

-       Qu’est ce qu’il y a ?

 Il répondit simplement :

-       merci Jenny !

Et reparti.

Brad était entrain de charger nos bagages dans le coffre de la voiture pendant que je prenais congé de mon frère et sa femme. Celle-ci me souhaitait un bon séjour et Paul ajoutait :

-       finalement, après toutes ces années, vous allez enfin laisser sortir vos sentiments tous les deux.

Je ne répondis pas, rejoignais Brad et montais dans le voiture.

A l’hôtel

Le long du chemin, Brad me parlait de l’endroit ou nous allions.

-       Tu vas voir, c’est super sympa. C’est au calme, la propriétaire est très gentille et l’endroit est idéal lorsque tu cherches calme et repos. Tu devrais adorer.

-       Tu y vas souvent ?

-       Quand je veux me ressourcer, c’est là bas que je vais.

-       Tu as découvert ce lieu récemment ?

-       Il y a 5 ans, j’avais besoin de faire le point sur ma vie et par hasard, je suis tombé sur cet hôtel.

Je ne renchérissais pas. Le silence s’instaura de longs kilomètres avant que mon compagnon relance la discussion.

-       Qu’est ce qui t’as fait changer d’avis Jenny ?

-       Je ne sais pas !

-       Tu ne sais pas ou tu ne veux pas me le dire.

Je le regardais en souriant et sans répondre.

-       Vu ton sourire, la réponse est tu ne veux pas me le dire !

Et la conversation s’engagea sur les lieux qu’il allait me faire découvrir.

Deux heures de route plus tard, nous arrivions dans une petite bourgade. Il prit une route qui ressemblait plus à un chemin, s’engagea et un bon kilomètre plus loin, passait le portail d’une propriété. Au bout de l’allée, se dressait une grosse maison bourgeoise, sorte de petit manoir. Un parc boisé et fleuri complétait l’ensemble.

Brad me montra, une petite allée qui descendait sur la plage. L’endroit était magnifique. Brad s’arrêtait sur le côté de la bâtisse, se retournait vers moi et dit :

-       Alors ?

-       J’adore, c’est superbe !

-       Je savais que tu aimerais !

Nous sommes allés à l’accueil de l’hôtel. Une femme d’une bonne cinquantaine d’année accueilli Brad à bras ouverts.

-       Brad, quel bonheur de te revoir ! Comment vas-tu ?

-       Bien dit-il en lui claquant quatre bises sur les joues.

-       Je ne suis pas venu seul, je te présente Jenny.

-       La Jenny ? l’interrogea t-elle, comme si je n’existais pas.

Elle se retourna alors vers moi et me saluait chaleureusement.

-       Enchantée de faire enfin votre connaissance ! Depuis le temps que Brad me parle de vous, j’avais l’impression de vous connaitre.

J’aurais aimé lui en dire autant mais je ne connaissais ce lieu que depuis hier, lorsque Brad m’en avait parlé.

Elle nous donna la clé de notre chambre, en spécifiant que comme d’habitude, elle donnait sa plus belle chambre.

Nous sommes montés avec nos bagages et effectivement la chambre était à la hauteur de ce qu’elle avait annoncé avec une superbe vue sur la mer.

-       Ça te plait ? me demanda Brad.

-       Faudrait être difficile, c’est magnifique. Pourquoi tu as parlé de moi à cette femme ?

-       Et pourquoi pas ?

-       Brad, réponds moi.

-       Un jour, elle m’a demandé pourquoi je venais toujours seul et je lui ai répondu que si je venais un jour accompagné, ce serait avec toi.

-       Pourquoi avec moi ?

-       C’est marrant ce besoin que tu as de toujours poser mille et une questions !

-       Et toi de ne jamais y répondre !

-       Un point partout ! On en reparle plus tard si tu veux. J’ai juste envie là d’aller sur la plage, tu viens ?

Essayant de cacher ma déception qu’il ne me réponde pas, je le suivis.

Nous parcourions le parc de l’hôtel avant de prendre le petit sentier qui nous emmenait à la plage. Le temps était ensoleillé, il ne faisait ni chaud ni froid, c’était juste agréable.

Nous marchions, main dans la main sans un mot, au bord de l’eau. L’endroit inspirait, calme et sérénité. Nous nous sommes assis sur le sable et chacun s’est perdu dans ses pensées en contemplant les vagues qui s’écrasaient sur le sable. J’aurais pu rester des heures, assise là.

Brad se tourna vers moi :

-       Alors pas de regret de m’avoir suivi ?

-       Pour le moment, non !

-       Pour le moment non ? Au fond de toi Jenny, tu penses vraiment que tu vas en avoir ?

-       Je ne me suis pas posée la question.

-       On y va ?

Il se leva le premier, me tendit la main, m’aida à me relever et profita du moment pour me mettre dans ses bras. Je m’y glissais volontiers et quand il chercha à m’embrasser, ne posa aucune résistance.

J’étais bien, tout me permettait de croire que Brad et moi formions un couple comme tant d’autres. Si quelqu’un nous s’apercevait, rien ne lui laisserait penser que notre relation était pleine d’ambigüité. Étions-nous ami, ou formions-nous un couple ? J’avoue que je ne savais pas. Depuis des années, notre relation était ainsi. Brad savait ce que j’attendais, du moins avant ces cinq dernières années et moi je ne savais toujours pas quelle place j’avais pour lui.

Étais-je, celle qui lui servait de petite amie quand il n’en avait pas ou éprouvait-il vraiment quelque chose pour moi ? Allais-je être dans le questionnement toute ma vie ou un jour aura-t-il la franchise de me dire qui j’étais pour lui.

Supporterais-je une fois encore de passer du temps avec lui, de me laisser aller dans ses bras sans réagir ou allais-je comme il y a cinq ans lui demander d’officialiser notre couple si toutefois à ses yeux, il nous voyait ainsi.

Mes idées commençaient à me prendre la tête, il le sentit en se détachant de moi pour que nous retournions vers l’hôtel.

-       Ça réfléchit dure dans cette jolie petite tête ! Profites, Jenny, laisse toi aller !

-       Facile pour toi peut être, mais pas pour moi.

-       Ne crois pas ça.

-       Pourquoi ?

-       Chut ! Allez viens on va s’assoir en terrasse.

Le spécialiste de l’élucidation avait parlé.

Je ne pouvais lui en faire la remarque, la propriétaire des lieux, arrivait vers nous.

C’était une femme joyeuse, pleine de vie, passionnante par ce qu’elle racontait sur les sites à visiter. Elle s’intéressait à ses clients, sans être pour autant indiscrète.

La soirée était avancée et Brad proposait d’aller dîner. Ce que nous avons fait dans une ambiance détendue. Un tour dans le parc pour une petite marche digestive achevait cette journée. Nous avons regagné notre chambre. Une fois nos douches prises, nous avons préparé notre sortie du lendemain.après avoir épluché les prospectus remis par la propriétaire de l’hôtel, nous nous sommes décidés pour passer la journée dans la ville voisine, riche en monument.

L’heure de se retrouver allonger l’un prés de l’autre dans le même lit était arrivée. Curieusement, je n’étais pas inquiète de ce qui pourrait se passer, je pense que depuis mes retrouvailles avec Brad, je savais qu’un à moment donné, nous franchirions un cap. Peut être ce soir, peut être un autre jour, peu importait, au final.

Il éteignit la lumière, et sans un mot, nous nous sommes enlacés. Il ne bougeait pas, ne cherchait pas de contact autre que celui de nos deux corps collés l’un contre l’autre. Je lui souhaitais bonne nuit, il répondit « toi aussi ».

Je cherchais le sommeil un long moment. J’appréciais qu’il ne m’ait pas sauté dessus mais en même temps, j’avais envie de ses baisers. Je finis par m’endormir. En pleine nuit, je sentis Brad quitter le lit. Il ouvrit la fenêtre, entrouvrit les volets, et à la lueur de la lune, je le vis regarder dehors. Il ne bougeait pas. Je me levais, je le rejoignis, l’enlaçais. Il se retourna, comme s’il m’attendait. Nos bouches se scellèrent. Il me ramenait vers le lit, ses lèvres délicatement couvrir mon corps de baisers. Il s’arrêta, me regarda avec une intensité qui raviva le feu qui couvait en moi.

Il murmura :

-       tu m’as toujours rendu dingue, et aujourd’hui plus qu’avant.

Mon envie de lui hurler « je t’aime Brad » était forte mais je la contrôlais. Il parcouru mon corps de caresses, de baisers. Je n’attendais plus qu’une chose, qu’on ne fasse qu’un. Il essayait de calmer son envie. Je lui insufflais, l’inverse en lui demandant de me faire l’amour.

Avec une tendresse infinie, il se plia à ma demande. Cinq ans que je n’avais senti cet homme au plus profond de mon être. Il y allait avec une douceur extrême, comme s’il voulait me cacher son désir profond. Il franchit mon intimité et je ne pus contrôler ce qu’il m’inspirait. J’aurais aimée profiter davantage de cet instant mais je le désirais tellement que ce ne fut possible. Il ne tenu pas beaucoup plus longtemps.

-       Je suis désolée ma chérie, ça faisait si longtemps et j’avais tellement envie de toi.

Je le fis taire en l’embrassant. Durant la nuit, nous avons réussi à canaliser notre envie l’un de l’autre et notre plaisir en fut d’autant plus grand.

Je me réveillais la première, je regardais dormir, celui à qui j’avais exprimée tout mon amour durant cette nuit.

Il ouvrit les yeux, croisa mon regard, me serra contre lui et m’embrassa avec passion. Je me perdis une fois de plus en lui, avec cette folle envie de lui crier, » je t’aime Brad ».

Les quelques jours passés dans cet endroit magique furent idylliques. Comme toutes les bonnes choses ont une fin, le jour du départ était là. Comme aux Antilles, nous nous étions offert sans pudeur l’un à l’autre aussi souvent que nous en avions envie. Et comme aux Antilles, la question de notre avenir se posait à moi.

Qu’allait-il se passer maintenant ? Je ne voulais pas l’évoquer, par peur sûrement !

Le retour était triste. Nous ne parlions pas. Je sentais Brad nerveux, sans m’expliquer le pourquoi. Les deux heures de route se firent dans un silence religieux.

Lorsqu’il s’arrêta devant chez moi, je proposais à Brad de monter. Je l’invitais à dîner avec moi, je n’avais pas envie qu’il parte. Je retardais ce moment.

-       Tu as peur que je ne revienne pas ?

Honnêtement je lui répondis affirmativement.

Il me prit dans ses bras et cherchant à me rassurer me dit :

-       Jenny, je ne ferais pas deux fois la même erreur. Je passe chez moi, et promis je reviens passer la soirée avec toi.

Il m’embrassa et parti.

Je m’occupais en rangeant mes affaires. Plus d’une heure qu’il était parti, il n’habitait qu’à dix minutes en voiture. Je m’impatientais, mes craintes de ne pas le revoir me tenaillaient. Je tournais en rond, ne sachant si je devais préparer le dîner ou pas. J’étais dans un état d’angoisse maximum. L’heure défilait, toujours pas de Brad en vu. Au bout de trois et demi d’attente, on sonnait. Toute la tension qui m’habitait lâcha d’un coup. J’ouvris la porte.

-       Bonsoir Jenny !

J’avais une envie furieuse de me jeter dans ses bras mais son attitude me l’interdisait. Il avait le visage grave, j’appréhendais ce qu’il allait pouvoir dire.

Il commença.

-       Il y a cinq ans, tu m’as dit, que le jour ou j’assumerais mon amour pour toi, je pourrais revenir et que tu serais là. Il s’est passé plein de choses dans ma vie durant toutes ces années, mais une seule n’a pas changé. J’ai chaque jour, pensé à toi, chaque jour, je me suis maudit de ne pas avoir su prendre la bonne décision. Il y a six mois, j’ai décidé de revenir en France. Tu me manquais tellement. Jamais, je n’ai ressenti pour quelqu’un ce que j’éprouve pour toi. Alors, aujourd’hui, je suis là devant toi, sans savoir si tu vas me jeter ou pas, pour te dire simplement, je t’aime Jenny , je t’aime comme un fou. Je ne peux plus et ne veux plus vivre sans toi.

J’étais sous le choc ! J’attendais ça depuis si longtemps, je ne savais pas comment réagir. Comme une idiote, je le regardais sans bouger, sans rien dire.

-       Là, il va falloir que tu m’aides ! Jenny, m’aimes tu toujours ?

Le déclic se fit, je me jetais dans ses bras hurlant :

-       OUI Brad je t’aime, je t’aime !

-       Mon amour, ma belle Jenny, je ne veux plus jamais qu’on soit séparé. Je t’aime mon amour, je t’aime tant. Je n’assumais pas, j’avais peur du regard des autres mais aussi peur de n’être que de passage dans ta vie. On se connaissait depuis toujours, j’avais peur que tu te lasses et qu’un jour tu ailles voir ailleurs. Je n’aurais pas supporté.

Enfin, il m’avouait ce que j’avais toujours su. Un bonheur indécent m’envahit.

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